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Les fonts baptismaux fermés. Photo: Rachael Cox / Unsplash

Être catéchumène à l’heure du confinement

En accord avec les directives édictées par le gouvernement afin de lutter contre la COVID-19, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec a annulé toutes les célébrations publiques. Ce faisant, des centaines de jeunes et d’adultes qui devaient recevoir le baptême lors de la Veillée pascale sont actuellement confinés entre les murs de leur logis. 

Le Verbe a rencontré une catéchumène et deux catéchètes du diocèse de Montréal qui nous partagent leurs réflexions.

 « Mais pourquoi laisses-tu faire cela, Seigneur ? » 

Voilà le cri du cœur qu’a lancé Anne-Marie Bénédicte Aka, catéchumène de la paroisse Notre-Dame-du-Sacré-Cœur de l’arrondissement LaSalle à Montréal, devant les milliers de décès causés par la COVID-19. 

Comme des centaines d’autres catéchumènes au Québec, cette mère de famille de deux enfants a été déstabilisée par les évènements.

« Au début de la crise sanitaire, j’ai éprouvé de la tristesse et de la frustration. Toute cette histoire me troublait. Je n’ai pas douté du Seigneur, mais j’étais habitée par un fort sentiment d’impuissance », confie-t-elle. 

« Depuis que nous sommes en confinement, j’ai compris que ce vers quoi nous courrons en temps normal n’est que vanité. La voiture, l’argent ne peuvent pas nous sauver. »

Anne-Marie Bénédicte Aka

Aujourd’hui, Anne-Marie Bénédicte Aka apprend à donner un sens à cette épreuve.

« Depuis que nous sommes en confinement, j’ai compris que ce vers quoi nous courrons en temps normal n’est que vanité. La voiture, l’argent ne peuvent pas nous sauver. La crise nous donne l’occasion de mettre Dieu à la première place. »

Elle en profite également pour se rapprocher du Seigneur. 

« Je considère le report de mon baptême comme une chance de me délaisser de toutes mes faiblesses et de les déposer au pied du Maitre. »

La tempête et les ailes

La catéchumène rend hommage à madame Angèle Cassab Assalian responsable du catéchuménat de sa paroisse qui l’accompagne depuis plusieurs mois. 

« Je ne sais pas si mes mots peuvent exprimer ce que je ressens en pensant à elle. Elle est présente et me fortifie, elle m’encourage, elle ne cesse de me dire : “Dieu est grand. Garde confiance !” »

« Ce sont mes enfants spirituels. Je peux vous affirmer que ceux qui suivent les cours de catéchèse dans ma paroisse vont bien ! », me dit Angèle Cassab Assalian en réaction aux bonnes paroles lancées par sa catéchumène. 

Bien que son optimisme soit contagieux, celle qui est également membre de l’équipe diocésaine pour le service du catéchuménat du diocèse de Montréal avoue que le report des baptêmes a été un coup dur pour elle.

« Cela a été un arrêt brutal ! Nous venions tous juste de célébrer l’appel décisif. C’est comme si nous étions tout d’un coup entrés au désert. »

Pour faire face à la tempête, elle s’est tournée vers le Seigneur.

« Je me suis blottie à l’ombre de ses ailes. Puis, je me suis aperçue que toute l’Église était déjà active au sein des médias sociaux. L’Église était en train de déployer son manteau protecteur sur la terre. »

Guidés par Dieu

Pour elle, il n’y a pas de doutes possibles, Dieu est actif. 

« Nous sommes tous témoins qu’une force s’est levée. L’intelligence créatrice a été mobilisée pour trouver les moyens de contrôler la pandémie. C’est l’œuvre de l’Esprit saint ! »

De son côté, Dominic Luc, agent de pastorale du secteur Mercier-Est à Montréal, n’a pas eu trop de mal à rassurer ses cinq catéchumènes. 

«  J’ai parlé avec eux. Ils ont tous compris que ce drame ne vient pas de Dieu. Dans nos rencontres, nous parlons beaucoup du fait qu’il est un Dieu d’amour. Il nous inspire et respecte notre libre arbitre. »

Dominic Luc insiste également sur les bienfaits des médias sociaux : 

« Moi, je trouve cela beau ce qui se vit sur les réseaux sociaux. Même que cela m’émeut parfois ! Je remarque une forte présence de la compassion et de la solidarité qui sont des valeurs chrétiennes. » 

Il note que le mouvement « Cela va bien aller » a pris comme logo l’arc-en-ciel qui est le symbole de l’alliance entre Dieu et les hommes. 

« Sans le savoir, ils se sont laissé inspirer par l’Esprit saint ! » 

Vers l’avenir

À la veille de Pâques, Anne-Marie Bénédicte Aka regarde déjà vers l’avenir. Elle est persuadée que les catéchumènes de partout dans le monde qui vivent ces moments difficiles seront appelés à une mission très particulière après leur baptême. 

« Oui, c’est certain que ce drame va nous amener à être différents, à être des baptisés engagés, des baptisés missionnaires qui n’auront pas peur d’annoncer Dieu. »

Elle profite de l’occasion pour lancer un message aux catéchumènes en confinement :

« Ne laissez personne vous faire douter du choix que vous avez fait. Lorsque nous lui disons oui, il vient à l’intérieur de notre cœur et il nous parle. Nous sommes capables de discerner si le choix que nous faisons est un choix objectif ou pas. Il faut fixer notre regard sur lui. Nous devons avoir foi en sa Parole et en ses promesses ! »


Yves Casgrain

Yves est un missionnaire dans l’âme, spécialiste de renom des sectes et de leurs effets. Journaliste depuis plus de vingt-cinq ans, il aime entrer en dialogue avec les athées, les indifférents et ceux qui adhèrent à une foi différente de la sienne.