Il y a quelques semaines, Netflix mettait en ligne le film Paul, Apôtre du Christ (2018). Je vous livre ici quelques réflexions qu’il m’a inspirées par rapport à la situation actuelle. Toutefois, si vous croyez que je vous convie à un programme de divertissement qui vous détournerait de la crise que nous vivons, détrompez-vous. Bien au contraire, ce film nous y plonge et permet par là un ravissant recueillement.
Je dois l’avouer, je n’ai pas visionné ce long métrage dès sa sortie : je m’attendais à quelque chose d’un peu mièvre et de démodé. En ces temps de réclusion, je songeais à quelque chose de plus « divertissant ». De fait, le film ne m’a pas distrait. Il m’a plutôt jeté dans la crise présente d’une façon tout à fait étonnante.
Pour tout vous dire, le film d’Andrew Hyatt m’a bouleversé et revigoré, me transportant bien au-delà de la simple fuite momentanée que me procure habituellement Netflix.
Les derniers jours de Paul de Tarse
Dans cette reconstitution historique, on nous dépeint Rome mise à feu et à sang sous le régime de Néron. Sans tomber dans la violence gratuite, le film présente bien l’horreur et la tension qui règne alors dans la ville récemment incendiée. C’est au milieu des atrocités perpétrées contre les démunis (esclaves, orphelins) et contre les chrétiens qu’on fait la rencontre de l’apôtre Paul. Au déclin de sa vie et du fond de sa cellule de prison, Paul de Tarse dicte une dernière lettre à son compagnon de voyage, le médecin Luc.
C’est autour de ce moment que se dessine le scénario du film. À travers des retours dans le passé de Paul se greffent la vie et les dilemmes d’une petite communauté romaine, ainsi que d’un gardien de prison romain. Ainsi, tout en demeurant fidèle aux textes qui l’ont inspiré, le film n’a rien (ou presque !) de prévisible.
Une période sombre
Par-dessus tout, le film m’a laissé sur une note percutante d’espoir.
Pourtant, tout n’est qu’angoisse. Les citoyens romains vivent dans la peur. La mort règne partout dans les rues où l’on bat, torture et brule publiquement des êtres humains. Paul lui-même, du fond de sa noire cellule, attend son exécution prochaine.
Loin d’être une béquille, sa foi nécessite au contraire une force de caractère exceptionnelle.
Devant la mort, ni Paul ni Luc ne cèdent à l’angoisse. Ils ont tous deux une vision de la vie qui dépasse l’ici et le maintenant. Dans cette adversité qui m’apparait insoutenable, la paix, l’espoir et l’assurance de Paul sont fascinants. Ils me ramènent à ce que nous vivons aujourd’hui, avec la COVID-19.
Beaucoup de gens ont peur, certains même se laissent aller à la panique ; on n’a qu’à se promener un peu sur les réseaux sociaux pour le constater. Or, que nous restions zen ou non, notre vie est chamboulée, nous ne savons pas ce que sera demain.
À ce sujet, je vous renvoie au texte de Valérie Laflamme-Caron : je ne suis pas certaine non plus que « ça va bien aller ». Je pense aussi au témoignage de Martha, cette Italienne qui établit un parallèle entre la Deuxième Guerre mondiale et la guerre contre le coronavirus. Oui, nous traversons une période sombre.
La vie… et bien au-delà
Or, dans le long métrage, malgré toutes les conditions effroyables auxquelles il fait face, Paul demeure en paix. Il ne s’agit pas de résignation, notez-le bien, mais d’une forme de joie profonde. Paul n’a que faire de l’adversité. Il reste au-dessus de tout cela.
Et nous, aujourd’hui, en avril 2020, où est notre espoir ? Quelles sont nos assurances ? Avons-nous la paix ? Repliés sur nous-mêmes, dans nos maisons, nous sommes bien obligés d’y penser.
L’idée d’accéder à la joie de Paul n’est-elle pas attirante ?
Et l’amour dans tout cela ?
Je sais que plusieurs me diront : « en ces temps de difficultés, avoir la foi est une béquille nécessaire pour certains, elle aide les faibles à affronter le monde ». Encore une fois, le long métrage nous montre une tout autre réalité.
Le personnage de l’apôtre Paul nous donne un exemple du contraire. Il rappelle au téléspectateur qu’être apôtre du Christ est avant tout une exigence de tous les jours, une exigence époustouflante. Loin d’être une béquille, sa foi nécessite au contraire une force de caractère exceptionnelle.
En terminant, pour ceux, déçus, qui croient s’être fait tromper par mon titre, sachez que le film n’a rien à voir avec le roman de Gabriel Garcia-Marquez, L’Amour au temps du choléra, mais qu’il y est effectivement question d’amour. On y parle d’un amour plus grand que soi, qui se donne. C’est dans cet amour que réside, il me semble, toute l’exigence personnelle qu’a le Paul d’Andrew Hyatt.