Virus
Fusion Medical Animation / Unsplash

Ce qu’on a toujours voulu savoir sur les virus

Nous parlons tous les jours de la COVID-19, du virus qui a fait surface récemment. Mais savons-nous ce qu’est un virus ? Ariane Beauféray, biologiste, doctorante et journaliste scientifique, a répondu aux questions de Simon Lessard à On n’est pas du monde

Simon Lessard : Qu’est-ce qu’un virus ? Est-ce que ce sont des petits animaux microscopiques ? Est-ce que c’est la même chose qu’une bactérie ? 

Ariane Beauféray : Les virus ont une place à part en biologie : contrairement aux plantes, aux animaux et aux bactéries, ce ne sont pas des organismes cellulaires. Il existe d’ailleurs des débats actuellement sur leur appartenance ou non au règne du vivant. 

Ce qui les distingue du reste du vivant, c’est qu’ils ne peuvent pas se reproduire sans une cellule autre. Leur technique est simple : ils perforent une cellule étrangère et en prennent le contrôle avant de se multiplier à l’intérieur. Et puisque la croissance est exponentielle, en à peine quelques heures, on peut passer d’un individu à des milliers !

Est-ce que comme pour les bactéries il y a constamment des virus qui vivent en nous ? Est-ce qu’ils servent à quelque chose ou bien sont-ils que des parasites nuisibles ? 

Certainement, de nombreux virus vivent dans notre corps. Je ne peux pas me prononcer sur leur utilité exacte, mais, seulement dans l’intestin, il y a environ 1200 virus différents. 

Pourquoi certains virus attaquent seulement des animaux, d’autres seulement des hommes et d’autres les deux ? Est-ce que c’est un peu comme pour les virus informatiques qui sont conçu ou bien pour les PC ou bien pour les MAC ? 

Certains virus se spécialisent et n’attaquent qu’une seule espèce de plante ou d’animaux. Toutefois, d’autres s’adaptent à plusieurs hôtes. Dans le cas de la COVID-19, par exemple, on pense que le virus a atteint l’homme après s’être manifesté chez une chauvesouris. Par contre, on ne peut pas passer ce virus aux animaux de compagnie, même s’il semble que leur poil puisse servir de lieu intermédiaire. 


Écoutez l’entrevue d’Ariane Beauféray à On n’est pas du monde.

Pourquoi les virus se multiplient-ils plus vite que les nouvelles sur les réseaux sociaux ?

Les virus ont un avantage de reproduction considérable. Lors de la multiplication de cellules normales, il y a une recopie de l’ARN et, afin de garder un bagage semblable, une relecture, une sorte de vérification. Toutefois, dans le cas des virus, l’ARN n’est pas relu, il est seulement recopié. Cela entraine des modifications beaucoup plus fréquentes et beaucoup plus rapides, qui peuvent leur permettre de s’adapter à un nouveau corps. 

Qu’est-ce que le coronavirus ? Est-ce que c’est vraiment une petite planète grise avec des baobabs rouges ? 

Le virus a en effet une capside ronde avec des piquants, qui sont des bulbes de glycoprotéines. C’est l’enveloppe, à l’intérieur de laquelle se trouve le matériel génétique. 

L’enveloppe du coronavirus fonctionne comme une clé avec nos cellules, qui comportent des petites serrures. Cela lui permet de s’agripper. Le virus de la grippe ressemble aussi à ça. 

Pourquoi la COVID-19 est-elle si problématique ? Plus problématique par exemple que la fameuse grippe saisonnière qui, selon l’Organisation mondiale de la santé, est responsable de 290 000 à 650 000 décès chaque année ? 

Il est très contagieux. En moyenne, une personne infectée du coronavirus va en infecter trois autres, alors que c’est une et demie pour la grippe saisonnière.

De plus, le pic de transmission est en décalage avec les symptômes. La personne est très contagieuse deux jours avant de se rendre compte qu’elle est malade.

Enfin, la COVID-19 crée des crises respiratoires importantes qui nécessitent souvent des hospitalisations. Si de trop nombreux cas se déclarent, les hôpitaux seront vite engorgés, les services de santé compromis, et la mortalité risquera d’augmenter.

Et finalement, une petite question de grammaire. On entend dire tantôt «la covid-19» et tantôt «le covid-19». Coronavirus est-il masculin ou féminin ?

Puisque « COVID-19 » signifie la « maladie du coronavirus découverte en 2019 », alors il me semble qu’il faille utiliser le féminin. Par contre, « coronavirus » fait référence au « virus », qui lui est un nom masculin. 


Ambroise Bernier

Ambroise Bernier étudie la littérature à l’Université Laval. Féru de poésie comme de prose, il révise nos textes destinés au site Web.