Si saint Médard est un grand pissard, saint Barnabé, Dieu soit loué lui reboutonnera la culotte
– Vieux proverbe picard, qui fait référence à la Saint-Barnabé comme étant le solstice d’été du calendrier julien. Fin de la pluie et début du beau temps.
Saint Barnabé, qu’est-ce ? D’abord, une fête célébrée le 11 juin qui a donné d’excellents proverbes un peu grivois. Ensuite, l’homme qui a amené un certain Saul de Tarse aux apôtres, l’a fait voyager et s’en est finalement séparé — les hommes et les femmes de caractère, les saints, ne s’entendent pas toujours ! Portrait d’un voyageur infatigable qui savait flairer le kairos divin.
Barnabé, dont le nom signifie « fils de l’encouragement » (Ac 4, 36) était bel et bien un grand culoté. C’est lui qui a eu l’audace de prendre l’énergumène qu’était alors Saul de Tarse (saint Paul en devenir) sous son aile et de lui procurer un saufconduit au sein de l’Église naissante. Flairant le kairos divin, il a présenté le persécuteur d’hier aux apôtres à Jérusalem. Devant leur méfiance et leur réticence, il s’en est fait le garant et leur a témoigné énergiquement l’œuvre que Dieu accomplissait en ce pharisien converti.
Il a été le parrain de l’apôtre des nations, son mentor dans l’évangélisation. D’ailleurs, le premier voyage de Paul était en fait celui de Barnabé, auquel Paul a pris part comme accompagnateur.
« Pour la Saint-Barnabé, le soleil rayonne au fond du pichet ! »
Proverbe picard
En effet, le Chypriote était allé repêcher Saul chez lui, où il s’était réfugié pour un temps : les juifs grecs de Jérusalem voulaient sa peau. Ayant vu sa verve à l’œuvre, Barnabé l’a pris pour compagnon lors de l’entrée des païens dans l’Église. Il savait qu’il tenait son homme. Ils ont vécu ensemble une année à Antioche, consolidant l’Église naissante dans la métropole, là où l’on a parlé pour la première fois de « chrétiens ».
Partenaires de galère
C’est d’ailleurs lors de leur premier voyage à Chypre que Saul a pris définitivement un nom grec, Paul, ce qui a marqué un tournant dans sa vie et dans celle de l’Église.
Les deux partenaires de galère, chacun ayant un fort caractère, ne se gênaient pas pour s’échanger le fond de leur pensée, et même en découdre un peu. Jusqu’au point d’en venir à se séparer. Benoit XVI en donne une très belle interprétation qui a de quoi nous encourager, comme l’aurait fait Barnabé :
Entre les saints, il existe donc aussi des contrastes, des discordes, des controverses. Et cela m’apparait très réconfortant, car nous voyons que les saints ne sont pas « tombés du ciel ». Ce sont des hommes comme nous, également avec des problèmes compliqués. La sainteté ne consiste pas à ne jamais s’être trompé, à n’avoir jamais péché. La sainteté croit dans la capacité de conversion, de repentir, de disponibilité à recommencer, et surtout dans la capacité de réconciliation et de pardon.
Saint Barnabé est un bon jack qui sait s’imposer quand il le faut, mais aussi se retirer quand il voit qu’il est temps de céder la place. Il aura donné saint Paul à l’Église et sa vie pour le Christ. C’est un modèle de discernement, d’espérance et d’encouragement pour nous qui peinons sur les chemins de la vie.
Ce que d’ailleurs résume bien cet autre proverbe picard : « Pour la Saint-Barnabé, le soleil rayonne au fond du pichet. »
P.-S. – Il devrait y avoir une bière à son nom.
Saint Barnabé, prie pour nous !
Juif lévite originaire de Chypre, résidant à Jérusalem, Barnabé a été l’un des premiers à embrasser la foi chrétienne après la Pentecôte. Il joindra l’Église naissante en vendant son champ et en déposant l’argent au pied des apôtres. Disciple de la première heure et compagnon de Paul, il mourra martyr dans sa ville natale, Salamine de Chypre.