Bénir le cours d’éducation sexuelle?

Le cours d’éducation sexuelle cogne aux portes de nos écoles, et certains parents religieux se sont mis à avoir peur, ou bien à faire peur aux autres.

«Je suis inquiète, me dit une maman, dans quel monde mes enfants vont-ils grandir?»

Je sais. Faudrait que je saute aux barricades, que je manifeste devant le parlement, et que le jour venu, je sorte mon enfant de la classe.

En vérité, je vous le dis: Been there, Done that, Got the T-shirt.

Quand le cours d’Éthique et de culture religieuse (ECR) a été implanté, malgré 4 ans de lutte acharnée, on a compris une chose: les parents (chrétiens ou non) avaient perdu leur prérogative dans l’éducation de leurs enfants.

Je ne sais pas pour les autres, mais moi, je ne m’en suis jamais remise.

Le rouleau compresseur

Malgré ses bonnes intentions apparentes et ses bons sentiments humanistes, ce cours* adopte en tous points l’idéologie à la mode du jour, le gender, laquelle pense qu’une personne s’autodétermine et se crée elle-même, selon son ressenti ou sa perception.

Ainsi, notre nature créée et sexuée, par l’Autre et pour l’autre, est bel et bien écrasée sous ce rouleau compresseur idéologique que personne (ou presque) ne peut stopper pour l’instant.

Selon cette idéologie, il faut croire et faire croire que l’Homme s’épanouit pleinement si ses « besoins » biologiques, affectifs, sentimentaux et psychologiques sont assurés.

Pourtant, l’être humain est aussi religieux, spirituel et mystique. Il est fait pour aimer Dieu, et ses frères et sœurs, pour être aimé de Dieu, et de ses frères et sœurs. Notre cœur est formé pour cela.

Ce cours n’ira jamais plus loin que le sentiment amoureux… chose bien éphémère, comme on sait.

Ce cours d’éducation sexuelle affirme que la dimension religieuse est inutile, mais que, si elle en vient à se poser, elle ne représente qu’une invention dont les manifestations doivent rester privées.

L’existence de Dieu étant ainsi niée, où se trouve le sens spirituel et mystique de notre sexualité? Ce n’est certes pas ce cours qui pourra le dire à nos enfants puisqu’il n’ira jamais plus loin que le sentiment amoureux… chose bien éphémère, comme on sait.

L’évangile à la récré

Quoi qu’il en soit, je respecterai ceux qui décident d’enseigner à mes enfants la petite idéologie du temps. Les chrétiens en ont vu d’autres…

Après l’échec cuisant d’ECR, il ne restait qu’une chose à faire: prier. Je priais seule, mais sans paix. J’ai appelé une maman, et on a prié pour nos enfants, nos professeurs et nos écoles.

Nos enfants ne sont pas victimes d’ECR; ils aiment ce cours, car nous le bénissons au lieu de le maudire.

Aujourd’hui, nous sommes une dizaine. Nos enfants ne sont pas victimes d’ECR; ils aiment ce cours (car nous le bénissons au lieu de le maudire) et ils interviennent librement au sujet de leur foi, corrigent même certaines inexactitudes, et prennent conscience rapidement si tel livre ou tel professeur est biaisé.

Plusieurs évangélisent à la récré en parlant de Jésus (leurs camarades ne le connaissent pas), récitent le bénédicité ou l’Angélus, ou encore affirment sereinement qu’un fœtus est un être humain…

Le professeur leur demande de faire du yoga? Un enfant propose des « positions » de prières chrétiennes. Les livres dénigrent les prêtres et les religieuses catholiques? Ils parlent de ceux et celles qu’ils côtoient régulièrement et qui sont « vraiment cool ».

Dernièrement, les papas se sont mis à prier, et ensuite des épouses, pour leurs maris, leurs mariages, leur sexualité. Sans qu’on s’en doute, l’Esprit nous poussait et nous préparait à ce cours: Il avait pris les devants.

L’eau vive

Aujourd’hui, je peux affirmer qu’ECR a été une bénédiction pour notre vie de foi. Il nous a forcés à faire communauté et à mettre la prière au centre de nos vies dans une confiance totale en Dieu, et à agir concrètement pour la vie de nos enfants.

Qu’entrainera donc le cours d’éducation sexuelle? Nous forcera-t-il à prendre le taureau par les cornes, et à nous assoir avec nos enfants? Oserons-nous partager notre vécu sexuel à nos enfants, leur avouer nos blessures, nos erreurs, nos joies? Quelle image du mariage leur montrons-nous? Celle d’un homme et d’une femme fidèles, qui se pardonnent inlassablement? Vivons-nous comme des colocs ou des époux? Notre foyer explose-t-il de bonheur? Le voient-ils quand ils nous regardent? Prions-nous en famille? En couple? En communauté?

L’école pourra bien servir tout le gavage qu’elle voudra; ça ne contentera pas la soif d’amour des jeunes.

Nous avons décidé de préparer nos enfants à vivre dans ce monde sans en être, et ce depuis leur plus jeune âge.

Ils savent, eux, dans leurs tripes et dans leur tête, qu’ils sont faits pour bien plus grand que tout ce que l’école prétendra leur apprendre. L’école pourra bien servir tout le gavage qu’elle voudra; il ne contentera pas la soif d’amour des jeunes, et sera d’une fadeur extrême pour ceux qui s’abreuvent déjà à l’eau vive.

Note :

* http://www.education.gouv.qc.ca/parents-et-tuteurs/education-a-la-sexualite/

Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.