Jeudi dernier, je devais participer à l’émission de débat Open Télé animée par Sophie Durocher, sur MAtv. Je n’ai pas pu, j’étais malade. Le sujet? L’éducation sexuelle à l’école.
Lise Ravary du Journal de Montréal a écrit un billet hier sur le sujet, et je me dois d’écrire ici ce que je serais allé dire ce soir-là en studio.
Lise affirme que ce sont les parents « surtout dans les domaines religieux » qui ont contesté le cours obligatoire d’éducation sexuelle très explicite que l’Ontario s’apprête à donner en septembre, dès le primaire.
D’abord, le fait que ce soit surtout les parents religieux qui s’y opposent n’enlève rien au fait que ce cours soit une mauvaise idée. Rappelons-nous que c’étaient surtout les parents étiquetés « religieux » qui contestaient l’obligation du cours d’éthique et de culture religieuse au Québec à partir de 2008 ; ce n’est qu’en 2015 que la Cour suprême, ainsi que bien des chroniqueurs vedettes et une partie de la population, commence à se réveiller sur cet endoctrinement.
Le parent « religieux » n’est pas exempt de raison. Les parents « religieux » offrent la possibilité de voir les choses sous un autre angle, un angle qui tente de préserver ce qu’il y a de sacré: la vie, la mort, l’amour, la sexualité, la foi, la conscience, la famille, les plus faibles, les conditions de vie humaines et sociales des personnes, l’environnement et la nature.
Mais revenons à nos moutons scolaires. Lise Ravary y va avec statistiques sur les infections transmises sexuellement (ITS) pour justifier le cours d’éducation sexuelle. Elle le justifie aussi du fait que les jeunes d’aujourd’hui sont alimentés sexuellement « par la porno sur Internet et le récit des aventures de leur pairs » qui eux, croient tout savoir.
Éducation sexuelle des enfants ou des adultes?
Ce que j’aurais dit ce soir-là à Open Télé est la chose suivante : éduquons d’abord les adultes, et eux, ensuite, auront le bagage pour accompagner leurs enfants. Pourquoi ne pas offrir des cours d’éducation sexuelle aux adultes québécois? Et osons aller plus loin : pourquoi pas un cours sur l’éducation à l’amour et à la sexualité? Admettez que ce serait révolutionnaire.
Si la porno est si populaire, et même devenue banale (elle est présente dans les films, les téléséries, la pub, les médias), c’est au monde adulte que nous le devons. Si les jeunes ont accès à des sites pornos, ce sont les adultes qui leur donnent l’occasion de les visionner en toute liberté, en leur offrant des appareils sans filtre et en ne légiférant pas sur la porno. Si les pairs croient tout savoir et racontent leurs exploits, c’est qu’ils ont été éduqués par des adultes sans éducation, eux-mêmes accros à la porno ou libertins assumés et revendiqués.
Qu’entendent les enfants dans leur maison à propos de la sexualité? À propos de l’amour? Voient-ils leurs parents s’aimer? Ont-ils des conversations sérieuses, avec un parent, dans l’intimité, sur la sexualité et l’amour, sur la responsabilité, sur la joie d’apprendre à faire l’amour pendant toute une vie avec la même personne, dans l’abandon à l’autre, dans le don de soi? Ont-ils des moments de complicité avec leur père sur les wet dreams? Ou encore, les filles, un moment de grâce avec leur maman au sujet de la beauté du cycle féminin, si parfaitement réglé?
Les enfants ne font qu’imiter les parents, ainsi que tout le monde adulte qu’ils côtoient chaque jour. Comment oser leur demander d’agir mieux que nous-mêmes? « Faites ce que je dis, pas ce que je fais », c’est ça? C’est absurde. Ne sommes-nous pas là pour les guider, leur donner le goût de vivre, d’aimer, de se donner, de donner la vie, de porter du fruit, de montrer l’exemple?
Ils entendent et voient que le sexe se vit sans amour. Ils entendent et voient que le « pseudo-amour », ça se protège. Elles entendent et voient que si elles deviennent enceintes, elles peuvent se faire avorter. Ils entendent et voient qu’avec un condom, il n’y aura pas de risque. On leur dit que si elles reçoivent un vaccin, elles ne courent plus de risque.
Des bidules, des machins et l’amour vrai lui?
S’il y a davantage d’ITS, c’est simplement parce qu’il y a davantage d’actes sexuels qui se produisent sans amour vrai. Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre ça! Moins il y aura d’actes sexuels sans amour vrai, moins il y aura d’ITS ou d’avortement.
Lise Ravary se moque de l’idéologie du genre – théorie qui fait partie intégrante du cours d’éducation sexuelle ontarien – mais elle est d’accord avec l’approche explicite des cours d’éducation sexuelle dès le primaire : « nommer les choses », « orientation sexuelle », « puberté », « système reproducteur », « stéréotypes », « consentement », « sexe anal », « sexe oral », « abstention ».
Quel beau programme de techniques, de résultats, de statistiques, de bidules et de machins.
Consommation! L’idéologie du genre n’est autre chose que l’aboutissement de ce raisonnement consumériste de la sexualité. La sexualité « enseignée » à l’école, sera pour les enfants, comme elle l’est déjà partout, une activité récréative que chacun peut vivre au gré de ses pulsions et de ses idées du moment, totalement désacralisée, séparée de l’amour, de l’engagement à l’autre, de la communion à l’autre, de la fidélité à l’autre, et de la fécondité avec l’autre dans le but de fonder une famille.
Demandez à toutes les petites filles de 7, 8, ou 9 ans, et à toutes celles de 15, 16 ou 17 ans que vous connaissez et elles vous diront que ce qu’elles veulent, c’est l’amour, le grand, le vrai. Moi, je leur dis que ça existe. Et qu’il faut savoir attendre, car ce n’est que dans leur incommensurable soif d’amour, partagé avec l’homme de leur vie, que leur si fort et si grand désir sexuel s’épanouiera, se nourrira et grandira sans jamais se lasser.
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