Le Grand Prix du sexe


Vous pensez que je suis scandalisée, outrée, désabusée par le trafic sexuel des femmes qui s’organise à cause du Grand Prix? Non.

Je ne suis pas plus outrée que d’habitude.

Mes amis Face-de-Book, eux, ont eu des soubresauts d’indignation, de dénonciation.

Ça me rappelle la sortie de Fifty Shades of Grey. Ça capotait fort. Ça se scandalisait.

Moi? Non.

Moi, ça se passe à longueur d’année, voyez-vous.

Je ne capote plus. Je ne me scandalise plus. J’ai juste mal au cœur. À l’âme. Et pis, je prie. Parce que quand on est pris, on prie.

Parce que le trafic sexuel des femmes traficote à longueur d’année.

Rima Elkouri raconte l’histoire de « Sophie », prostituée. Isabelle Sorente nous raconte l’envers de l’industrie du sexe. On verse dans le témoignage. Ce qui est bien, mais pas suffisant. C’est un départ. Un début.

Ça fait longtemps maintenant qu’on entend des témoignages. Et que ce passe-t-il à propos du trafic sexuel des femmes?

Rien.

Coin Saint-Laurent et Sainte-Catherine… Où sont les FEMEN?

Coin Saint-Laurent et Sainte-Catherine… Où sont les FEMEN? J’aimerais les voir se garrocher sur les voitures des clients. J’aimerais les entendre crier aux faces des femmes qu’elles peuvent faire autre chose que ça. Que c’est possible.

Devant les portes des bars de danseuses nues dans le fin fond des campagnes de notre beau pays… Où sont mes amis Face-de-Book? (Oui, je l’écris au masculin parce que ce ne sont que des hommes qui ont publié leur indignation). J’aimerais vous voir monter une pétition, faire des manifs, parce qu’on sait bien… les danses contact, le reste, le pimp

Devant nos ordis, sur le web… Où sont les hommes, les femmes, les féministes, le Conseil du statut de la femme, et pis quoi encore, pour légiférer sur la porno (pis lâchez-moi avec la « porno juvénile »… de la porno, c’est de la porno. Point.)

On se limite à raconter des faits vécus, mais légalement, il y aurait des choses à faire, des lois à voter (comme on vient juste de le faire contre la cruauté animale).

Politiquement, il y a un pouvoir, une responsabilité à assumer (comme on vient de le faire avec le harcèlement sexuel).

Le trafic sexuel des femmes, c’est pas comme le « Temps des Fêtes » et le Grand Prix. Ça n’arrive pas juste une fois par année.

Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.