Photo tirée de Facebook
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Je vous salue Barbie

Un texte de Stefany Paulin-Gagné

L’art contemporain n’est pas toujours une recherche du beau, qu’on se le tienne pour dit. De toute façon depuis au moins 2500 ans nous nous demandons ce qu’est le Beau.

N’arrivant pas à répondre à la question, toutes sortes de tentatives nous sont parvenues à travers l’histoire de l’art. Des bonnes et des moins bonnes évidemment ; seul bémol, l’art contemporain ne semble que trop rarement chercher le beau, osons le rappeler. Du moins, avouons que la démarche est souvent discutable.

Que cherchent les artistes aujourd’hui ?

Grosse question. Sur ce terrain, récemment deux artistes argentins Marianela Perelli et Pool Paolininous nous offrent leur exposition de 33 figurines « Barbie » à thème religieux, dont plusieurs sont des représentations de la Vierge Marie. Ces figurines sont pour eux un hommage à la religion. On y trouve donc aussi certaines figures qui se réfèrent au Christ – en l’occurrence un Ken bien crucifié – à des saints de la tradition catholique (Jeanne d’Arc, Marie Madeleine), des figures hindoues, juives, etc.

Chose particulière, c’est qu’ils se défendent sur leur page Facebook de ne vouloir offenser aucune religion; c’est pourquoi ils n’ont pas fait de représentations de Mahomet, car de toute façon il n’y en a pas.

Oui oui vous avez bien entendu, Barbie en avait assez des multiples rôles qu’elle a endossés en 55 ans de carrière.
Après Barbie à la plage, Barbie en hôtesse de l’air, en robe de soirée, en pyjama, nommez-les, c’est au tour de Barbie au sanctuaire.

Grincement de dents.

Ce dernier rôle ne fait pas l’unanimité. Encore chanceux que ce ne soit pas commercialisé et que la petite Marie-Thérèse de 5 ans ne s’amuse pas à habiller et déshabiller la Vierge Marie. On peut au moins se consoler en se disant que ce n’est qu’une œuvre d’art et pas encore un réel « rôle » qu’endosse la sacro-sainte catin de Mattel.

Avec de la bonne foi, on pourrait y voir une critique de l’objet même qu’est la « Barbie », qui en effet depuis sa création est devenue le jouet de prédilection des jeunes filles. On va se le dire : Barbie a été en quelque sorte la guru des 5-13 ans, avant l’arrivée des autres poupées telles que les Bratz. De plus, nombreuses sont les controverses qui l’ont suivi, que ce soit ses mensurations ou plus généralement l’image qu’elle donne aux préadolescentes.

Mais ces artistes ne semblent pas être en train de critiquer l’objet « Barbie » pour une réhabilitation de la Vierge Marie comme role model de la jeunesse féminine. Je me pose la question naïvement, et vous la pose en même temps :
Quel message cela renvoi-t-il que d’associer des objets qui représentent au moins la société de consommation, au pire l’image de l’homme et de la femme turbostéréotypée, à Jésus et à la Vierge Marie ?

Marie, symbole de la virginité, de la pureté, loin de la Barbie plastique que l’on connaît… ◊

Collaboration spéciale

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