Encore une fois, le pape a été mal cité.
Rendu au point où nous en sommes, ce n’est plus une surprise. En parlant à un regroupement de femmes consacrées, le pape, dans une de ses réponses, a fait allusion aux diaconesses. Il n’en fallait pas plus pour que la presse s’enflamme et lance des grands titres tels que « le pape François ouvre une porte à l’ordination des femmes ».
Dois-je rappeler que ce n’est pas ce qu’il a dit? Pourtant il me semble que le pape ouvre effectivement une porte, mais peut-être pas celle que l’on croirait.
Regard sur l’histoire
Tout d’abord, il faut dire qu’on ne sait réellement que peu de choses sur les diaconesses.
C’est probablement pourquoi le pape se disait ouvert à une étude plus approfondie sur le sujet. Ce que l’on sait c’est que les diaconesses étaient l’un des groupes offrant des services dans l’Église primitive. Il semblerait que le rôle de celle-ci était spécialement d’aider les évêques dans des situations impliquant d’autres femmes.
Par exemple lors des baptêmes (où l’on se dénudait entière pour entrer la piscine baptismale). Un autre exemple est l’inspection du corps de l’autre femme en cas de jugement matrimonial. Ce groupe d’aide était aussi un lieu de sororité pour les femmes chrétiennes.
Il faut cependant comprendre que malgré la similarité des noms, elles n’avaient pas le même rôle dans l’Église que celui des diacres. Tout comme le groupe des vierges et des veuves consacrées; les diaconesses devinrent peu à peu ce que sont les communautés religieuses féminines d’aujourd’hui.
… on souffre de cette maladie ecclésiologique qu’est le cléricalisme.
Peut-on parler des diaconesses comme d’un ministère? Je crois que oui.
Mais malheureusement, aujourd’hui, la question des ministères est piégée. De toute part, l’on souffre de cette maladie ecclésiologique qu’est le cléricalisme. Nous avons tendance à croire que le seul ministre dans l’Église est le prêtre et que tous les autres services sont réduits à néant par la grandeur de celui-ci. Ce n’était pas le cas dans l’Église primitive. Chaque service d’Église était reconnu tout en travaillant de pair.
Il suffit de lire saint Paul et son analogie du corps humain.
Servir Dieu et l’Église
En voulant faire une étude historique du rôle des diaconesses, je crois que le pape François ouvre une véritable porte sur la place des femmes dans l’Église. Il ne s’agirait pas d’imiter ce qui existe déjà, mais plutôt de reconnaître, dans un ministère propre aux femmes, un véritable service rendu à Dieu et à son Église. On pourrait ainsi imaginer le retour d’un diaconat féminin renouvelé peut-être portant un autre nom.
Dans mon travail en tant qu’agent de pastorale, je peux déjà constater ce genre de ministère nouveau.
Même si nous sommes des laïcs et que, dans certains milieux, notre place est dure à faire, nous recevons aussi une reconnaissance pour notre service. Nous avons, tout comme pour les ministres ordonnés, un mandat de l’évêque. De même, souvent la communauté apprécie l’importance de notre aide.
Plus j’avance sur cette voie, plus je constate qu’il est possible de servir de différentes manières.