Photo: Pixabay (werner22brigitte - CC)
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Devenir un homme

Pourquoi consacrer tant d’importance à l’éducation ? Qu’y a-t-il de si différent entre les animaux et l’être humain qu’il soit pour nous normal que les premiers reçoivent leur « éducation » de mère Nature alors que pour les seconds, il est primordial de recevoir une éducation solide et constante basée sur des critères moraux ?

Contrairement aux autres êtres vivants, la perfection de la nature humaine n’est pas accomplie dès la naissance. Pour plusieurs animaux, rapidement il y a une équation entre ce qu’ils sont et ce qu’ils devaient être. Par exemple, le lionceau agit rapidement comme le lion. Bien vite, ses actions sont dirigées en vue de son bien et il n’aura plus besoin de son père pour l’y conduire.

Un être perfectible

Or, pour nous, l’équation entre ce que nous sommes et ce que nous devons être est plus difficile à obtenir. Au début de notre vie, nous ne savons rien, nous devons tout apprendre. Toutes nos facultés naturelles doivent être perfectionnées, notre intelligence tout comme notre volonté. Autrement dit, notre nature humaine est conçue pour se parfaire. L’être humain est donc libre de devenir ce qu’il veut. Qui dit liberté, dit possibilité de devenir meilleur ou pire. On entrevoit donc ici l’importance de l’éducation dans une vie humaine.

L’être humain a besoin d’un guide qui le fasse tendre vers les plus grands biens. Il doit être formé. Un peu à l’image d’une pièce de bois qui doit être taillée pour devenir conforme à sa finalité (par exemple, à devenir une table), un enfant doit recevoir une formation qui lui permettra de s’accomplir en tant qu’être humain. Mais dès qu’il est question de formation morale, le rôle de l’habitude entre en jeu.

Le défi éthique

Une question d’habitudes, donc. Oui, l’être humain doit carrément s’exercer à agir de façon droite, juste, et ce, dès son plus jeune âge. C’est la répétition d’actes bons qui rend un être humain de plus en plus disposé à choisir le Bien. Par exemple, le fait de répéter plusieurs fois des actes de courage rend un homme courageux. Bref, la vertu est le résultat de ce processus de choix, évidemment quand, à plusieurs reprises, on a choisi l’action qui convenait.

Or, si l’éducation morale est complexe, c’est parce que dans plusieurs occasions, nous avons de la difficulté à cerner ce qui est raisonnable ici et maintenant : par exemple, nous savons qu’il faut être juste mais dans telle situation, il peut être difficile de discerner ce qui est dû à chacun. Il ne s’agit pas de dire simplement : ceci est mal, ceci est bien. Évidemment, certaines choses sont mauvaises en soi – tuer, par exemple.

D’autre part, nous sommes parfois aveuglés par nos passions sur ce qui est mal. Tout l’enjeu de l’éducation morale est là. Agir conformément à la raison est difficile. Il est souvent bien plus facile de nous laisser guider par nos passions. Pensons à l’attitude des enfants devant un gâteau au chocolat. Les parents doivent enseigner à leurs enfants que, même si ça semble plus agréable d’en manger deux morceaux, c’est un tort de le faire (maux de ventre pour nommer qu’un seul effet indésirable).

Puis, comme il ne s’agit pas seulement de « dire », il faut encourager ses enfants à faire de bons choix. Entre le « trop peu » et « l’excès », il y a le juste milieu, c’est-à-dire manger pour satisfaire sa faim et combler ses besoins. C’est précisément ce choix du juste milieu auquel notre éducation doit nous conduire. En somme, les enfants doivent être éduqués à vouloir leur bien réel, non pas seulement à désirer ce qui leur semble bien en raison du plaisir. Plus ils choisiront ce qui est raisonnable, plus ce sera facile pour eux de le faire. Ça deviendra, pour ainsi dire, une habitude.

Les grâces divines

Évidemment, quiconque se connait un tant soit peu sait l’écart entre ce que nous souhaitons faire et ce que nous faisons réellement. Certes, agir de façon vertueuse dépend de notre volonté, mais force est de constater que celle-ci est profondément blessée. Même si notre raison nous pousse à détester les passions qui nous avilissent, nous en sommes trop souvent les esclaves. Depuis le péché originel, l’homme est bien souvent tenté et trompé par le père du mensonge. Saint-Paul l’a dit mieux que quiconque : « Je ne fais pas le bien que je veux, je fais le mal que je ne veux pas. » Heureusement, face à cette impasse, Dieu ne nous laisse pas seuls. Par sa résurrection, le Christ nous permet de recevoir la grâce de faire le bien. Si la vertu se cultive, la grâce est un don gratuit de Dieu. L’homme doit, par contre, se faire petit pour la supplier.

Ainsi, les parents se doivent d’enseigner la Bonne nouvelle, c’est-à-dire la raison de la venue du Christ sur la Terre. Dès leur plus jeune âge, les enfants doivent connaitre leur Père céleste et savoir qu’Il est le seul qui a le pouvoir de les sortir du cercle vicieux du péché. L’enfant doit savoir que Dieu l’aime tel qu’il est, mais que, en raison de son amour infini, Il ne le laisse pas être tel qu’il est. Une façon simple et ô combien efficace de faire connaitre à son enfant les grâces divines, est de l’inviter à prier le Christ, Lui demander concrètement de l’aider.

Avoir une relation intime avec Dieu, en lui demandant par exemple d’être moins gourmand, de partager davantage, d’être moins paresseux ou plus patient, donnera des munitions à un enfant pour ses combats futurs. Parce que oui, le Seigneur passe. L’enfant en fera l’expérience. À quiconque « cherche Sa face », le Seigneur répond. Si nous avons tant de mal à devenir meilleur, Lui peut le faire à notre place. Il nous envoie ses grâces par pelletées, Il nous revêt de Son armure indestructible.

Pascale Bélanger

Pascale est une éternelle étudiante : littérature, philosophie et nutrition. Elle aime aller à la rencontre de l’Autre et apprendre chaque jour un peu plus sur l’être humain et sur sa magnifique complexité.