Dans la dernière année, le monde a développé beaucoup d’intérêt pour les plantes. Lorsqu’on tape « plantes d’intérieur » dans la barre de recherche Google, on obtient environ 163 millions de résultats en 0,54 seconde. L’horticulture domestique rassemble désormais des botanistes en herbe tous azimuts. Un seul coup d’œil suffit pour cerner les amateurs : « plantes d’intérieur faciles d’entretien », « les 7 meilleures plantes d’intérieur pour votre santé », « qualité d’air et relaxation »… Pour tenter de comprendre cette curiosité, Catherine Daigle propose un bref tour d’horizon de l’univers flyé des plantes d’intérieur.
J’aime les plantes. Non. J’adore les plantes. J’en ai exactement 32 chez moi. Des petites, des moyennes, des grandes. Aux feuillages hétéroclites, aux couleurs variées, aux odeurs particulières. Elles portent toutes un nom qui les représente : Julia, Eternity, Fred, Mign, Denise, Coco, Joy, Elvira, Yuki, Ombrelle, Anastasia, Jade, les triplettes Colette, Juliette et Violette… Enseignante de profession, je me plais à dire que j’ai ma classe de plantes à la maison. Je leur parle, je prends soin d’elles, je les dorlote. Néophyte mais passionnée, je donne à mes plantes le meilleur de moi-même.
Certains de mes proches trouvent ma folie pour les plantes beaucoup trop intense. Ce qu’ils ignorent, c’est que je ne suis qu’une goutte d’eau dans un océan d’horticulteurs en devenir.
Le « virus des plantes »
En décembre dernier, un article du Devoir a fait état de ce « virus des plantes » qui atteint sévèrement plusieurs confinés. En quelques mois seulement, certains sont passés de 3 à 30 plantes. Mais ce n’est rien. Les domiciles des plus maniaques dénombrent près de 300 plantes !
La pandémie n’a donc pas eu raison des propriétaires de pépinières, de serres et de jardineries. Au contraire, à cause de la demande grandissante, les consommateurs voient l’offre grimper chaque semaine.
Mais qu’à cela ne tienne : les adeptes sont prêts à dépenser des fortunes pour des plantes exotiques peu connues ou des spécimens rares. Sur les sites spécialisés, les collectionneurs s’arrachent les variétés à la mode. Si la plupart de ces boutures plus rares se vendent environ 400 dollars pour deux feuilles, certaines dépassent parfois les 1000 dollars !
Cette chasse aux plantes enivrante fait malheureusement tomber dans l’excès quelques amateurs emportés par la fameuse fièvre. Si certains portefeuilles et budgets survivent tant bien que mal, d’autres accumulent des dettes substantielles. Décidément, le « virus des plantes » attaque tous les aspects de l’humain. Pour le meilleur et pour le pire.
La thérapie par les plantes
Selon des experts, s’entourer de plantes diminue le stress, augmente la productivité et favorise l’attachement à son environnement. D’ailleurs, les propriétaires de plantes en témoignent tous. S’occuper de ses plantes calme le mental. C’est méditatif, thérapeutique. C’est prendre du temps pour se reconnecter à la nature et ultimement à soi-même.
Avec la pandémie qui sévit, la psychologie derrière les plantes gagne en popularité. On attribue désormais des propriétés curatives à ces mignons végétaux. Les plantes purifieraient l’air, renforceraient le système immunitaire et amélioreraient la santé globale.
Le psychologue et art-thérapeute Pierre Plante (!) apporte une dimension singulière au soin des plantes. L’expression de soi dans la gestion des émotions l’intéresse particulièrement. Pour lui, toute personne doit posséder un espace pour la création et le jeu pour se déconnecter d’une réalité souvent accaparante.
L’attachement aux plantes favorise une telle déconnexion. Quand elles meurent, on les pleure. Quand elles fleurissent, on éprouve une grande satisfaction. La vie envahit le quotidien. C’est rafraichissant, c’est excitant. C’est grisant, même. La relation qu’on développe avec ses plantes met un réel baume sur les maux de l’existence.
Visiblement, tout le monde aurait avantage à s’entourer de plantes. Le bienêtre qu’elles procurent n’est plus à prouver. La vie qui en émane est susceptible d’émouvoir même les plus réfractaires.
Un petit miracle au quotidien
J’ai eu une discussion intéressante à propos des plantes avec une bonne amie récemment. Elle m’appelle affectueusement la Plant Lady. Elle est loin d’être une tripeuse de plantes comme moi. En quelques semaines seulement, elle réussit à faire mourir la seule plante qu’elle possède. Ce genre de personne, vous voyez ?
Loin d’être convaincue du pouvoir des plantes, elle m’avouait pourtant en être parfois émue. Même si elle trouve – et je cite – que « c’est niaiseux une plante », elle attribue à ces végétaux un petit bout de la Création. Devant un bourgeon qui renait d’une plante morte, elle peine à y croire. « C’est vraiment comme un miracle qui arrive sous tes yeux, c’est fascinant, ça me touche ! »
Lorsqu’on tape « plante et spiritualité » dans la barre de recherche Google, on obtient environ 14 millions de résultats en 0,47 seconde. C’est énorme. Beaucoup de fans associent les plantes aux énergies positives, à des pouvoirs magiques ou à des vertus sacrées. Plusieurs traditions religieuses attachent un fort symbolisme aux fleurs et aux plantes. Depuis le 12e siècle, Des communautés de moines et moniales, à la suite de sainte Hildegarde, cultivent des plantes médicinales pour traiter des maladies grâce à la phytothérapie.
Je trouve l’univers des plantes d’intérieur vraiment flyé. À première vue, elles enjolivent mon environnement. Plus profondément, elles apaisent mes tourments. Spirituellement, elles reflètent cette vie nouvelle, don de Dieu, qui imprègne mon chez-moi.