Le fruit de l’humilité, c’est la crainte du Seigneur,
la richesse, l’honneur et la vie.
– Proverbes 22, 4
Le 19 octobre dernier, le professeur albertain Jordan B. Peterson, psychologue clinicien et sommité mondiale sur les médias sociaux, brisait son « silence virtuel » en publiant une vidéo sur son compte YouTube.
Depuis plusieurs années, le docteur Peterson souffre de sérieux troubles de santé : une forte réaction de son système auto-immunitaire à la nourriture l’a porté à une stricte diète carnivore et à la prise d’un antidépresseur aux effets secondaires hasardeux et traitres, le clonazépam, un type de benzodiazépine.
Il y a un peu plus d’un an, son médecin aurait augmenté la dose pour l’aider à combattre des troubles d’anxiété sévères causés par le diagnostic d’un cancer chez sa femme.
Cercle vicieux
Les syndromes liés au sevrage de ce type de composé chimique font souvent tomber dans une forme de cercle vicieux. Il n’est pas rare que ce médicament hautement toxicomanogène produise un effet rebond de sevrage (même si le patient n’a pas diminué sa dose) qui le plongera dans une spirale de troubles psychosomatiques avec des symptômes identiques à ceux pour lesquels le médicament a été initialement prescrit.
Comme si cela ne suffisait pas, il y a aussi la possibilité de développer une pathologie nommée l’akathisie, terme dérivé du grec qui signifie littéralement « incapacité à rester assis ». Une sorte d’inquiétude constante qui ne laisse aucun répit et traverse le corps comme un choc électrique.
Voyant son état physique et mental se détériorer rapidement, le professeur a donc opté pour le sevrage du clonazépam, ce qui a eu pour conséquence d’entrainer tous les syndromes susmentionnés ainsi que des pensées suicidaires. Après plusieurs tentatives de cure échouées en Amérique du Nord, il a été transféré dans un hôpital de Moscou. Ultime recours face à une situation désespérée.
Après un traitement épuisant, des dégâts causés par une pneumonie et quatre semaines passées aux soins intensifs, le docteur Peterson était en voie de rémission. Toujours est-il que cette dernière semblait assez fragile et c’est pourquoi sa famille et lui ont décidé de continuer le traitement dans une clinique privée de Belgrade. Il manquait seulement qu’il contracte la Covid-19, ce qui est arrivé dans la capitale serbe.
Cette succession de mésaventures et le lot de souffrances qu’elle comportait semblent avoir travaillé le professeur Peterson de l’intérieur.
Les aides
Dans sa récente vidéo, où il revient vitement sur cette période qu’il considère comme la pire de toute sa vie, Jordan Peterson prend tout le moins le temps de remercier d’une façon bien sentie sa famille, ses proches et tous les gens qui ont continué à le supporter sur les réseaux sociaux.
Il semblerait que ce temps de tribulations et de repos forcé lui ait permis de se pencher sur de nouveaux thèmes qui lui sont chers en lui procurant le calme propice à la méditation lente. Ce travail intellectuel l’a aidé à surmonter l’angoisse et le désespoir auxquels il faisait face.
Il désire donc reprendre le cours de sa série biblique en s’attaquant au deuxième livre du Pentateuque, l’Exode. À noter qu’il a déjà consacré la première saison de cette série au livre de la Genèse. Cependant, d’ici la mise en œuvre de ce nouveau chantier intellectuel et sa pleine réalisation, il s’est proposé d’analyser les aphorismes sapientiaux du livre des Proverbes.
Une nouvelle façon de parler de Dieu
Ce qui surprend le plus de toute son allocution, c’est la manière simple et sans ambages avec laquelle il semble se placer sous l’égide de Dieu : « Avec la grâce et la miséricorde de Dieu, je pourrai recommencer à produire du nouveau contenu et reprendre là où je l’ai laissé. »
La foi du docteur a toujours été pour lui une question difficile et épineuse. Bien qu’il la prenne au sérieux, elle restait comme une pierre d’achoppement sur son parcours existentiel et spirituel. Enfin, Jordan B. Peterson n’est pas du genre à prononcer de pieuses paroles à la légère, juste pour dire. Il choisit toujours très soigneusement les termes qu’il utilise. Il semblerait donc que celui qui a passé sa vie à étudier la portée métaphorique des grandes religions et du divin se soit finalement rendu sur le seuil de la maison de Dieu.
Se sent-il appelé à y entrer ? L’avenir nous le dira.