Quel texte que ce Minuit chrétiens de Mathieu Bock-Côté! Sa sincérité, sa recherche m’interpellent. Il faudra le lire pour comprendre mon commentaire.
L’évangile du jour me semble tomber à point:
« Ils ne sont pas nés du sang,
ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme :
ils sont nés de Dieu.
Et le Verbe s’est fait chair,
il a habité parmi nous. » (extrait Jn 1)
Par ailleurs, c’est vrai que des curés et aussi des fidèles sont décevants, et même une source de scandale. Je ne peux m’empêcher de penser que je fais souvent partie de ces gens-là sans zèle, sans cohérence, sans amour. Chaque jour, je vis le combat concret de la foi: servir mon égoïsme profond ou répondre aux besoins des autres, aux interpellations divines. Quotidiennement, il m’arrive de ne porter que les vêtements du chrétien, sans m’en revêtir le coeur et l’esprit. Comme tant d’autres chrétiens, je le vois bien. Est-ce un non-sens? Est-ce que ça discarte le christianisme? Et l’Église catholique? Pour la majorité de nos contemporains, la réponse sera oui.
Mais pas pour moi. « La faiblesse, c’est la matière première de la grâce » disait Nicolas Buttet au Congrès eucharistique de Québec en 2008. Saint Paul quant à lui faisait le mal qu’il ne voulait pas et ne faisait pas le bien qu’il voulait. Et on l’a canonisé.
Le plus puissant des mystères est sans doute celui de la miséricorde. C’est si fort que c’est assurément celui qui est le plus difficile à croire, à recevoir… et à donner. À cause (grâce) à ma faiblesse, j’ai été obligé de recourir à la miséricorde divine. Quel cadeau. Mais ça n’a pas suffi à m’éclairer. Il m’a fallu voir aussi la faiblesse des autres, de l’Église et de ses ministres, de mes frères chrétiens qui vivaient les mêmes combats et chutes que moi. Et devant toutes ces faiblesses absurdes (puisqu’on devrait vivre sous la grâce de Dieu et être parfait, non?), j’ai gouté à la plus douce des grâces, celle qui m’a poussé à abandonner mes préjugés sur la foi, celle qui m’a fait baisser l’échine, celle qui entrait en contradiction avec tout ce que je suis et tout ce qu’on m’a enseigné depuis mon premier souffle : Dieu aime le faible, l’incapable, le 2 de pique, le non performant, l’hypocrite, le médiocre, le vantard et le méchant. Dieu m’aime, moi, dans toutes mes misères.
Ensuite je peux, à mon tour, avec sa grâce, aimer celui qui me fait horreur. Et puis, lorsque je n’aime pas, donc, chaque jour, il continue quand même de m’aimer sans retour.
On dit qu’il est un Dieu exigeant? Moi je trouve que c’est notre monde qui l’est.
Plus j’apprends à le connaitre et plus je suis étonnée de cet amour complètement gratuit qui n’exige rien. Rien d’autre que notre oui.
Pour moi, c’est ça le christianisme. Tout le reste passe derrière.
Bon, je voulais écrire cette simple citation de saint Jean… Je me suis emportée. Des mots, j’en ai toujours. Ça me donne une petite allure chrétienne, comme ça, en attendant que le Verbe prenne véritablement chair en moi… en nous! ;) Bonne année 2015!◊