Mon problème avec le féminisme? Écoutez… Comment vous dire? Bon. D’abord, je suis catho. Affirmer que je pars avec deux prises et quatre fausses balles relève de l’euphémisme.
Qui plus est, la nature, cette coquine, m’a confié la responsabilité d’une chose entre mes jambes que ni Nathalie Petrowski, ni la ministre de la Condition féminine ne possèdent.
C’est donc pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, que je tenterai de m’exprimer sur le sujet avec autant d’humilité que le sujet requière. Essayant, du coup, d’éviter de pécher en contrevenant au Petit catéchisme québécois de bienséance médiatique.
Nous sommes en 2016!
Je cite Petrowski, et son argument trudeauiste assumé qu’elle sert en réponse à Marie-France Bazzo:
Bazzo peut bien être ce qu’elle veut, mais elle serait mal avisée d’oublier que tous les traits de caractère qu’elle a cités sont parfaitement solubles dans le féminisme d’aujourd’hui. Après tout, comme dirait l’autre, nous sommes en 2016 ! Les mentalités ont évolué.
– 3 mars 2016, La Presse +
S’il faut absolument être féministe, madame Petrowski, c’est d’accord. J’accepte. J’endosse moi aussi la plupart des causes soutenues par le mouvement féministe (aussi diffus et éclaté soit-il). L’équité salariale, la conciliation travail-famille, la lutte à l’exploitation sexuelle, etc.
Même le « droit inaliénable » à disposer de son propre corps, ça me va. Oui, oui! Alors il est où le problème?
L’utérus, ce malcommode
Le problème est intra-utérin. L’utérus, lieu de toutes les contradictions. Cet organe représente l’ennemi à abattre pour plusieurs féministes. Et pour cause!
Loin de moi l’idée de réduire la femme à sa capacité de porter la vie en son sein. Je dirais que je marche sur un fil de fer, bien tendu entre les tenants de l’essentialisme biologique et ceux du constructivisme social. Je rêve d’ailleurs que perce un jour, dans l’espace public, une troisième voie qui soit un peu moins dogmatique.
Ceci dit, j’observe que les incohérences les plus marquées du discours féministe dominant se situent dans le bas du ventre.
Deux exemples
D’abord, le bienveillant Conseil du statut de la femme, qui refusait jusqu’à tout récemment de se prononcer en faveur de la grossesse pour autrui, a finalement craqué dans son récent avis sur la question.
La société est rendue là, lit-on entre les lignes. Aussi bien baliser ce mal que de le combattre, croirait-on entendre. Il me semble pour le moins paradoxal de défendre à la fois la gestation pour autrui et le « droit » de faire ce qu’on veut d’un « produit de la conception » qui se serait malencontreusement logé dans l’utérus.
Ensuite, la rectitude idéologique concernant le droit à l’avortement (qui, soit dit en passant, est un « droit » étrange puisque l’État a choisi de ne pas légiférer en la matière) me laisse perplexe. Comment expliquer, par exemple, le silence des organisations de femmes face aux fœticides féminins ayant cours dans les murs de nos hôpitaux canadiens?
Choisir le sexe de son enfant, ce n’est pas toujours aussi glamour que dans une revue à potins. Ça implique nécessairement la suppression des candidats à l’humanité-socialement-reconnue qui ont échoué le test.
En ce sens, je suis parfaitement à l’aise avec le fait que les femmes disposent de leur corps comme bon leur semble. Je le suis beaucoup moins lorsqu’elles décident (parfois poussées par des hommes) de disposer du corps d’autrui en supprimant un être humain.
C’est permis d’écrire ça?