Je vous le dis tout de suite: je suis féministe.
Dire qu’on l’est, c’est aussi pire que de dire qu’on l’est pas. C’est juste pas les mêmes qui te tirent des roches. Au Québec, s’entend.
Car le problème avec le féminisme québécois, c’est qu’il est sclérosé. C’est une grande statue de sel qu’on appelle la Fédération des femmes du Québec/Conseil du statut de la femme.
Qui sont les femmes qui se sentent des affinités avec la FFQ/CSF? On les compte avec les doigts. Celles qui y adhèrent? C’est souvent parce qu’elles ne connaissent pas les autres féminismes. Elles croient que LE féminisme, c’est la FFQ/CSF.
Ce n’est pas le féminisme le problème. C’est féminisme du Québec.
Retourner Thérèse Casgrain dans sa tombe
Disons tout de suite que la FFQ de 1966 fondée par Thérèse Casgrain n’a plus rien à voir avec la FFQ d’aujourd’hui ; elle est devenue un féminisme strictement militant à la sauce néomarxiste. Il est loin des suffragettes qui manifestaient dans les rues en poussettes avec leur mari!
Même le Conseil du statut de la femme, qui relève de la ministre responsable de la Condition féminine, laquelle n’ose même pas dire qu’elle est féministe en préférant le terme politically correct « égalitariste » (ce qui me semble encore pire que le féminisme le plus radical) veut faire croire qu’il est « ouvert » dans ses différentes interventions publiques.
En vérité, cet organisme distille à longueur d’année un féminisme à pensée unique. Son journal, payé à même nos taxes, « La Gazette des femmes » (avec son sous-titre ridicule pour ne pas dire grotesque : « Magazine intelligent et féministe ») est, évidemment, profondément ultralibéral.
Remarquez, je n’ai rien contre les personnes ultralibérales… Je n’en ai que contre le fait que la FFQ/CSF soit l’unique féminisme dont on entend parler au Québec. J’en ai juste contre le fait que le féminisme se réduise à ces deux organismes idéologiques.
Je rêve du jour où le féminisme québécois se libèrera du joug de la FFQ, du CSF et de la ministre de la Condition féminine!
Idéologie, quand tu nous tiens…
Au fond, la FFQ/CSF est comme le Parti Québécois et Québec solidaire.
On a beau vouloir son indépendance, on a beau savoir que c’est ce qu’il y a de mieux pour nous. On a beau se gargariser avec les fondateurs, les fondatrices et les beaux idéaux.
Mais quand il faut adhérer à une idéologie avant même de penser à la liberté, quand il faut promouvoir des valeurs qui vont à l’encontre de ses aspirations personnelles et collectives profondes, avant même de penser à son indépendance, eh bien on tourne les talons hauts et on préfère ne plus se dire « féministe » ou « indépendantiste ».
On vit sa vie, on vit son deuil, on attend que la statue de sel éclate pour que la vérité et la liberté soient les seules et les vraies valeurs qui puissent nous pousser à crier dans les rues, ou mettre son crochet à côté d’un oui.
D’ici là, bon 8 mars, pis bonne Saint-Jean en avance.