guillaume-de-germain-unsplash-spiritualité-anxiété
Photo: Guillaume de Germain/Unsplash

Une spiritualité d’enfant, remède à l’anxiété

Anxiété généralisée, trouble obsessionnel compulsif, stress posttraumatique, agoraphobie, écoanxiété… Le monde entier est angoissé comme jamais. L’unique solution durable est d’amorcer une logique inverse à celle de la peur, du contrôle et de l’efficacité. Cette logique est celle de la confiance, de l’abandon et de la gratuité.

Les spécialistes reconnaissent que les causes sont multiples et mal connues : trop d’écrans, trop de changements, trop de travail, trop de conflits. En tout cas, tout va trop vite.

Les médications et les psychothérapies semblent livrer d’assez bons résultats, avec bien sûr un mode de vie sain : bien manger, dormir, respirer et surtout bouger ! Rien de très nouveau dans tout ça.

Une vie plus équilibrée, plus liée au corps et à la nature peut certainement aider. Mais le mode de vie est moins important que le mode de penser. Car si on pense tout croche, tôt ou tard, même la vie la plus zen redeviendra angoissante.

La méfiance en l’avenir, en la vie, en Dieu… voilà la grande maladie de l’homme qui pourrit toute sa vie. La méfiance, c’est même ce que la tradition chrétienne reconnait être à l’origine du péché originel1.

Ce dont notre esprit a donc le plus besoin, c’est d’une spiritualité qui désamorce la logique de la peur.

La logique de la peur

D’abord, toute anxiété est une peur.

Face à la peur, certains fuient, d’autres figent.

D’autres encore (comme moi !) développent un désir maladif de tout contrôler dans leur vie. Ils deviennent des supers analystes et parfaits organisateurs.

En prévoyant toutes les possibilités, j’ai le sentiment de contrôler ma vie et je me sens en sécurité.

Alors la peur s’estompe.

On devient ainsi très efficace (et hyper exigeant pour que les autres soient efficaces comme nous).

En fait, plus on y pense, plus on réalise que l’on ne contrôle presque rien dans notre vie.

Cela marche assez bien en général. Mais tôt ou tard on réalise que l’on ne peut jamais parfaitement tout contrôler.

On ne contrôle jamais la nature, la santé… et surtout les autres !

En fait, plus on y pense, plus on réalise que l’on ne contrôle presque rien dans notre vie.

Souvent, on ne maitrise même pas ses propres pensées et émotions (si c’était le cas, alors on ne ferait pas d’anxiété !). Et dans des situations de grands changements (séparation, perdre d’emploi, déménagement, maladie), alors la peur liée à l’incertitude explose.

La première réaction sera souvent de redoubler d’efforts pour mieux tout contrôler.

Écoutez la chronique de Simon sur l’anxiété à On n’est pas du monde

Il y a alors des risques d’épuisement (burnout) ou de devenir insupportablement contrôlant avec les personnes autour de nous; un control freak  comme on dit en latin, ou bosse des bécosses en français.

Mais encore une fois, plus de contrôle n’est pas la solution.

L’unique solution durable est d’amorcer une logique inverse à celle de la peur, du contrôle et de l’efficacité. Cette logique est celle de la confiance, de l’abandon et de la gratuité.

La logique de la gratuité

À la logique de l’efficacité, il faut opposer celle de la gratuité.

Chercher le beau plus que l’utile.

Accepter de « perdre » son temps. Retrouver la bonté des arts, des amitiés, des jeux, et de toutes ces choses qui ne sont pas efficaces, mais qui sont bonnes.

Il n’y a pas meilleure thérapie que de jouer avec des enfants ! C’est remettre les relations au centre de sa vie et réaliser que tout ce qui est utile y est subordonné.

Au contraire, si je délaisse les relations pour l’utile, alors je sombre dans une vie absurde.

La logique de l’abandon

À la logique du contrôle, il faut opposer celle de l’abandon.

Accepter l’imperfection.

S’abandonner, c’est redécouvrir le sens de l’accueil, de l’étonnement et la joie de la surprise. C’est le fameux laminé du « lâcher-prise » sur le mur de la salle de bain de votre tante préférée.

Se réconcilier avec l’approximatif, l’incomplet et l’essai. Accepter que les choses soient faites imparfaitement (ou plutôt différemment) par un autre. Déléguez pour vrai… pas en regardant derrière l’épaule.

S’abandonner, c’est redécouvrir le sens de l’accueil, de l’étonnement et la joie de la surprise. C’est le fameux laminé du « lâcher-prise » sur le mur de la salle de bain de votre tante préférée.

La logique de la confiance

À la logique de la peur, il faut opposer la confiance.

Miser sur la Providence.

Rien n’arrive pour rien, comme dirait toutes les grands-mamans du Québec !

Évidemment, sans la foi, si toute vient d’un hasard aveugle et absurde, il est impossible d’avoir confiance en l’avenir.

Rien ne peut nous garantir que la fin sera heureuse.

Mais avec la lumière de la foi, on découvre alors, comme prêchait saint Paul, que « tout concours au bien de celui qui aime Dieu » (Rm 8,28), qu’au delà des croix, il y a des résurrections.

La logique de l’amour

Mais d’où vient diable ce manque cruel de confiance ?

L’amour chasse la crainte, disait le même Paul. L’absence de confiance vient donc avant tout d’un manque d’amour. Inversement, me savoir aimé me donne cette assurance que l’on prendra soin de moi inconditionnellement.

Si les enfants se sentent en sécurité, c’est parce qu’ils se savent aimés de leurs parents qui leur apparaissent comme tout puissants.

Si papa et maman sont pour moi, alors je suis invincible ! De la même manière, les grands enfants que nous sommes peuvent dire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8,31).

La logique de la croix

Si Dieu m’aime comme un père, alors je n’ai plus peur de tout ce que je ne contrôle pas. Car la vie n’est plus la simple conséquence d’un hasard qui se fout de moi, ou pire, le résultat de choix humains très défaillants, voire malveillants.

Même les choses à priori négatives, tels les échecs et les maladies sont permises par le Grand Manitou pour m’aider à grandir, m’aider à guérir, m’aider à revenir à l’essentiel.

Nous, nous ne planifions jamais des croix dans nos vies. Qui fait son plan de vie en y insérant des maladies, des échecs, des trahisons, des pertes d’emplois ?

Dieu est un bien meilleur scénariste que nous.

Nous, nous ne planifions jamais des croix dans nos vies. Qui fait son plan de vie en y insérant des maladies, des échecs, des trahisons, des pertes d’emplois ? Et pourtant… c’est souvent cela qui nous fait avancer, croitre en résilience, en compassion, en humilité, en charité.

Quand une auberge n’est pas confortable, c’est alors qu’on trouve le gout de reprendre la route vers l’étape suivante. La facilité et le confort nous font trop souvent stagner. Le chemin de croix est peut-être douloureux, mais il a tout de même la vertu d’être un chemin.

La logique des enfants

Quand on y pense, les enfants sont nos maitres dans cette nouvelle logique de vie. Les enfants savent vivre dans la confiance, l’abandon, la gratuité et surtout l’amour. Il nous faut redevenir comme de petits enfants !

Mais comme un enfant ne grandit pas en un jour, un adulte ne redevient pas un enfant en criant ciseau ni amen. On ne défait pas 30 ans de mauvaises habitudes en 3 semaines. Changer sa posture de vie, c’est comme changer sa posture de dos… cela demande beaucoup d’exercices et de temps !

Pour y arriver, la petite voie de sainte Thérèse de Lisieux peut être d’un grand secours : « Ma voie est toute de confiance et d’amour ». Une société qui a peur aura toujours besoin d’une spiritualité de l’enfance. Ce n’est surement pas pour rien qu’elle est d’ailleurs si populaire en notre temps.


Heureux que Le Verbe existe ? Nous (sur) vivons grâce aux dons généreux de personnes comme vous. Merci de nous aider à produire des contenues de qualité toujours gratuits.

Simon Lessard

Simon aime entrer en dialogue avec les chercheurs de vérité et tirer de la culture occidentale du neuf et de l’ancien afin d’interpréter les signes de notre temps. Responsable des partenariats pour le Verbe médias, il est diplômé en philosophie et théologie.