La semaine dernière, le gouvernement de Justin Trudeau a encore une fois fait la manchette sans vraiment savoir pourquoi.
Poursuivant sa descente tant dans les sondages et que dans l’indécence, les libéraux persistent et signent concernant leurs engagements fermes d’éclairer les consciences sur les impératifs moraux de 2018.Formule de politesse oblige, éviter le risque de microagression que comporteraient les formules « monsieur et madame » est désormais une priorité pour les fonctionnaires de Service Canada.
Depuis G. K. Chesterton, on dit souvent que notre monde est « rempli de vertus chrétiennes devenues folles ». Il me semble que cette expression est particulièrement appropriée pour comprendre ce gouvernement.
Une folie bien particulière
La folie existe depuis toujours et procède le plus souvent d’un dysfonctionnement cérébral empêchant l’analyse objective de la réalité. Qu’il s’applique à la gestion des relations humaines, aux découvertes scientifiques ou à la synchronisation des membres lors d’une partie de hockey, notre cerveau a pour unique but de nous permettre de connaitre le plus justement la réalité qui nous entoure et de suggérer à notre volonté d’agir pour le mieux dans chaque circonstance.
Au contraire, la folie décrit un dysfonctionnement de l’une ou l’autre de ces fonctions selon divers degrés. Par exemple, une personne peut être un génie dans le domaine scientifique tout en étant incapable de relations humaines équilibrées. Donc, il existe plusieurs sortes de folie selon le type de dysfonctionnement cérébral. Un élément commun les unit néanmoins, chacun de ces dysfonctionnements fait obstacle à la connaissance objective de la réalité.
Il nous est possible de refuser volontairement l’évidence de la réalité par toutes sortes de restrictions mentales.
Nous en faisons tous l’expérience, il nous est possible de refuser volontairement l’évidence de la réalité par toutes sortes de restrictions mentales. À force de répétitions, il nous est donc possible de devenir volontairement fou. C’est ici qu’entre en jeu le poids des conditionnements sociaux qui rendent possible l’endoctrinement d’importants groupes de la population qui, par erreur ou par mauvaise volonté, s’encouragent collectivement dans le refus du réel.
Nous avons déjà parlé des racines philosophiques de la propension moderne à utiliser les informations recueillies par la méthode scientifique à des fins contre nature ayant des conséquences écologiques que nous subissons aujourd’hui. Cette idéologie ou, en d’autres termes, cette « grande démesure anthropocentrique qui, sous d’autres formes, continue aujourd’hui à nuire à toute référence commune et à toute tentative pour renforcer les liens sociaux » (Laudato Si’) est aujourd’hui, plus présente que jamais.
Selon moi, la logique derrière cette nouvelle politique de Service Canada représente l’introduction de cette mentalité technocratique dans les relations humaines qui, sous prétexte de respect des droits de la personne, tente inconsciemment de dissoudre peu à peu les traces de l’empreinte divine en l’homme.
Une folie aux racines chrétiennes
Comme l’affirmait le pape François dans son encyclique Laudato Si’ : « Une présentation inadéquate de l’anthropologie chrétienne a pu conduire à soutenir une conception erronée de la relation entre l’être humain et le monde. Un rêve prométhéen de domination sur le monde s’est souvent transmis … » (LS no 116).
La Révélation chrétienne, puisqu’elle vient de Dieu lui-même, a, même au point de vue simplement humain, un potentiel extrêmement fécond dans tous les domaines de l’existence. Toutefois, ce cadeau de Dieu, à cause de notre liberté de pécheur, court toujours le risque d’être détourné de sa fin propre qui est le salut des âmes.
La mondanité moderne ou, comme on pourrait l’appeler, la « mondernité » n’a pas douté de ce que l’humanité devait être sauvée, mais du fait que ce salut devait venir de Dieu seul en Jésus-Christ. D’où l’apparition d’une multitude d’utopies telles que le marxisme, l’État-providence et aujourd’hui, la théorie du genre, toutes unies à la fois dans leur refus de la bonté du monde et dans leur volonté radicale de le transformer.
Ces singeries sotériologiques ne se contentent pas d’imiter maladroitement les moyens du salut, mais sa réalité même.
Ces singeries sotériologiques ne se contentent pas d’imiter maladroitement les moyens du salut, mais sa réalité même. Monde sans classes pour les marxistes, monde sans sexes pour les « genristes ».
Ainsi, puisque « les courants subjectivistes, utilitaristes et relativistes, aujourd’hui amplement diffusés, ne se présentent pas comme de simples positions pragmatiques, comme des traits de mœurs, mais comme des conceptions fermes du point de vue théorique, qui revendiquent leur pleine légitimité culturelle et sociale » (VS no 106), nous ne devrions pas être surpris de cette continuelle pression des lobbys de la nouvelle moralité comme celle incluse dans les nouvelles politiques de Service Canada.
Nous devrions au contraire nous efforcer de construire une alternative véritablement humaine à l’actuelle « culture du déchet » (LS no 20). Cherchant à ne pas reproduire les erreurs prométhéennes de certains de nos devanciers, nous devons affirmer une foi christologique, exempte de récupérations idéologiques qui ont pu avoir lieu au siècle dernier et ainsi :
« [f]ondés dans la foi, soutenus par l’espérance, opérant par la charité, à l’exemple de Marie, Mère du Sauveur et première des sauvés, nous sommes certains que « nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance active qui le rend même capable de tout mettre sous son pouvoir » (Ph 3, 20-21). » (Placuit Deo)