© Joe Zambon

Rencontre intimiste avec Joe Zambon

Même sans barbe, Joe est toujours aussi beau. Et si vous voulez tout savoir, il est toujours aussi bon, aussi inspirant et aussi inspiré.

Je savais qu’il était branché sur l’Esprit Saint dans ses chansons, mais j’ai découvert qu’il l’était temps plein. Juste à l’écouter, on voit bien que l’homme est épris de la personne du Christ, et de son Église.

Assise à ses côtés, on jase en surface ou on plonge en eaux profondes; il ne fait pas que chanter Dieu – il Le vit.

Oui, Mesdames, j’ai eu ce privilège… Et je ne me suis pas contentée de lui parler musique.

J’ai pu voir un peu de son âme, mais pour ça, il faut oser. Je l’ai donc fait. J’ai osé lui poser la question qui brûle les lèvres d’une bonne partie (féminine) de ses fans: est-il, oui ou non, célibataire?!

Quoi? Vous pensez que c’est futile comme question? Vous vous dites qu’on n’est pas dans Échos Vedettes ou Star Système? Détrompez-vous. Car ce que contient le cœur d’un gars dans sa relation avec La femme révèle un peu pas mal beaucoup sa relation avec le Tout-Puissant. Et c’est pour mieux parler de Dieu qu’on a d’abord parlé de femmes.

Confidences au salon

C’était juste avant la messe des jeunes à l’église St-Thomas, dans Ste-Foy. Quand je suis arrivée, il était attablé avec les autres musiciens et les responsables de l’événement en train de déguster une pizza.

On nous a fait passer au Salon bleu. Il venait de préciser qu’il comprenait un peu le français, mais qu’il était incapable de le parler. Je l’ai rassuré en lui disant que l’entrevue se ferait «in english only».

Je lui raconte que c’est en 2014 que je l’ai découvert, dans un beau petit clip sur YouTube où il chantait sur un toit, il me semble, avec sa guitare et sa barbe de franciscain. Tout de suite, je l’ai aimé. Et puis voilà, trois ans plus tard, on est assis tous les deux ici. C’est «crazy», hein? Il fait signe que oui, réservé.

Il allait chanter dans quelques minutes, juste après la messe, mais moi, je ne pensais pas à la musique. Je n’avais qu’une envie: c’était qu’il me parle de lui. Tsé… les filles.

© Samuel Bélanger
© Samuel Bélanger

Comme on n’avait pas beaucoup de temps, je ne suis pas passé par quatre chemins. «Es-tu célibataire? Je veux dire, je sais que tu travailles en pastorale avec toute une équipe dans une université depuis plusieurs années, alors je me demandais si tu étais célibataire consacré ou quelque chose comme ça… l’es-tu?»

Il était pris par surprise, on dirait. «Eh bien… pour tout dire… pour dire vrai… God! Je ne pensais pas parler de ça… Well… Je viens tout juste de rencontrer quelqu’un!», laisse-t-il tomber, nerveusement.

Bon. Désolée, donc, Mesdames, Joe vient de rencontrer une jeune Américaine, et on dirait bien, d’après ses yeux, son sourire et le rouge qui viennent de lui monter aux joues, que c’est du sérieux.

-Envisagez-vous le mariage? «Eh bien… c’est certain que le mariage est une belle vocation… mais bon… je ne veux pas précipiter les choses.» Est-ce que ça te fait peur? Je veux dire, tu es célibataire depuis longtemps, tu es un artiste… ça changerait ta vie! «Oui, voilà. J’y pense. Être célibataire a des côtés vraiment agréables; on fait ce qu’on veut! J’ai toujours été bien dans mon célibat. Confortable. Alors, le mariage… la famille… disons que je sortirais de ma zone de confort…»

Marques remarquables

Je ne sais pas si vous saviez, mais Joe Zambon a connu très tôt ce que c’était que de vivre dans l’inconfort. Je dirais même qu’il a connu l’exclusion, et pour employer un mot à la mode, l’intimidation.

On peut lire un peu partout, quand il est question de lui, qu’il est né avec les doigts palmés. C’est à l’âge de trois ans qu’il subit la chirurgie. Le médecin lui demande pourquoi il veut se faire opérer, et Joe répond, candidement, que c’est pour jouer du piano. Mais je n’ai jamais rien lu qui pourrait nous dire tout l’impact que ces doigts palmés ont pu avoir sur sa vie, sa foi et sa musique.

Pendant longtemps, il a refusé de jouer en public. Il cachait ses mains.

– Qu’est-ce qu’elles ont tes mains?

Il me les montre, tout doucement. Comme si c’était un trésor précieux. Ce n’est qu’à ce moment-là que je remarque que ses doigts sont plus courts qu’ils ne devraient… Puis, je vois les marques, les cicatrices, partout sur ses mains, autour de ses doigts. Partout, des petites lignes blanches.

«Je les cachais parce qu’on se moquait, on riait de mes mains quand j’étais enfant. Ce n’est qu’à vingt ans que j’ai compris que ces marques-là avaient un sens…»

Lequel? «J’ai toujours aimé Jésus. Je suis né dans une famille catholique, mais je ne pouvais pas dire que je l’avais rencontré. C’est là que ça s’est passé, et c’est arrivé grâce à mes mains, grâce aux marques. J’ai compris que ces marques-là me rapprochaient de Jésus, me rapprochaient de ses marques à Lui.

«Est-ce qu’on y pense, des fois, à ce qu’il a pu vivre, humainement parlant? Presque nu, sur la croix, plein de sang, de blessures, de marques beaucoup plus imposantes que les miennes, je sais, mais…

«Il était suspendu à la croix devant tout le monde. Et tout le monde pouvait le voir. Tout le monde pouvait voir ses blessures… sa laideur même!

«J’ai compris qu’il fallait que je montre mes blessures à tout le monde, qu’il fallait que j’en parle, pour montrer que c’est par elles que nous sommes rejoints par le Christ, que c’est par nos blessures que nous sommes unis à Lui, tout près de Lui, en communion avec Lui.»

Je n’arrive plus à écouter les chansons de Joe Zambon comme avant. Je les redécouvre, une après l’autre, avec ces marques qui sont les siennes et ces blessures qui sont les miennes, les nôtres… «Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.…» (Isaïe 53,5)


www.joezambonmusic.com

Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.