Eugenio Montale (Gênes, 1896 – Milan, 1981) est l’un des plus grands poètes italiens du XXe siècle. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1975. Avec Salvatore Quasimodo, autre récipiendaire du Nobel (1959), et Giuseppe Ungaretti il fait partie de ce qu’on a appelé « l’école hermétique italienne ». Le poème de Montale présenté ici est tiré du recueil qui l’a rendu célèbre, Ossi di seppia (Os de seiche, 1925).
Portovenere (E. Montale)
Là surgit le Triton
de l’onde qui lèche
le seuil d’un temple chrétien,
et chaque heure à venir
est ancienne. Chaque doute
te conduit par la main
ainsi qu’une jeune amie.
Là nul ne regarde
ou n’écoute en soi-même.
Ici tu es aux origines
et décider est absurde :
tu repartiras plus tard
pour t’emparer d’un visage.
Portovenere
Là fuoresce il Tritone
dai flutti che lambiscono
le soglie d’un cristiano
tempio, ed ogni ora prossima
è antica. Ogni dubbiezza
si conduce per mano
come una fanciulletta amica.
Là non è chi si guardi
o stia di sé in ascolto.
Quivi sei alle origini
e decidere è stolto :
ripartirai più tardi
per assumere un volto.