C’est l’histoire du Français qui immigre aux States. Il apprend l’anglais et les codes du milieu audiovisuel américain en travaillant à la télévision. Un jour, il a envie de tourner un gros film. Pas n’importe quoi : un docudrame historique sur le génocide des Vendéens, une face cachée de la Révolution française. Quoi ? Vous ne saviez pas qu’il existait un volet «unauthorised» à cette belle période de l’histoire de l’émancipation du monde? Hélas, oui.
Mais le producteur a un gros défaut : il est croyant. Chrétien catholique, plus précisément. Comme ses collègues protestants, il en est réduit à tourner des films en dehors des réseaux normaux de financement et de production.
L’obsession de la déconstruction de l’Occident
Au Québec, nous n’apprenons pas l’histoire de France à l’école, sauf celle qui se rattache à la période de la Nouvelle-France. Et encore, avec la réforme scolaire de 2006, ce cours, tristement rebaptisé «Éducation à la citoyenneté» (à l’instar de son petit frère Éthique et culture religieuse), élimine tout élément susceptible d’identifier les enfants et les adolescents aux racines françaises et catholiques de notre peuple.
Il faut au contraire faire la promotion du fédéralisme canadien et de la citoyenneté planétaire, une citoyenneté «générique» sans consistance identitaire, étrangère à tout sentiment d’appartenance nationale et religieuse ; bref on veut formater les cerveaux au multiculturalisme et à toutes les autres idéologies contemporaines en vogue, théorie du genre incluse. Car depuis les philosophes des Lumières, et ceux des années 1960 (Jacques Derrida en tête), l’important est de déconstruire toute forme de filiation historique, identitaire et humaine.
Pour l’histoire de France donc, nous n’en connaissons presque rien, sauf que la Révolution française fut prétendument bénéfique pour l’humanité tout entière. Or, sous les apparences d’une gentille période où l’on veut instaurer la démocratie pour tous et abolir la tyrannie du méchant roi, se cachent des faits troublants dignes des pires régimes dictatoriaux du monde.
Complot franc-maçon?
Je ne suis pas royaliste. Être royaliste au Québec a quelque chose d’assez absurde, étant donné que nous avons perdu notre lien avec la France en raison de la Conquête anglaise de 1759 (nos Patriotes de 1837-1839 ont justement voulu se défaire de cet assujettissement).
Pour autant, je chéris grandement notre identité française, notre religion et notre langue. J’aime notre histoire, particulièrement l’époque de la Nouvelle-France où Louis XIV a beaucoup fait pour le Québec, notamment en envoyant les Filles du Roy. Sans ces dernières, notre peuple n’existerait tout simplement pas.
En France, cependant, il existe encore plusieurs royalistes. La plupart sont d’avis que la Révolution française a été orchestrée par des francs-maçons. À ma connaissance, rien ne nous permet de valider officiellement cette thèse. Mais on sait que les Illuminés de Bavière (cette société secrète mieux connue sous le nom d’IIuminati) ont eu une influence déterminante sur le Siècle des Lumières. Ils étaient antimonarchiques, anticléricaux et antinationaux. La franc-maçonnerie, également active à cette période, se réclame aussi des mêmes «valeurs».
Or, voici que pour les révolutionnaires français, on doit supprimer non seulement la monarchie, mais aussi l’Église. On s’y prend comment ?
On brule et détruit des milliers de monuments sacrés qui contiennent d’importantes œuvres d’art et registres paroissiaux (actes de mariages, de baptêmes, de décès, etc.). On pille les cimetières, on outrage les corps des défunts avec une haine ahurissante.
En gros, on saccage un patrimoine essentiel d’une portion de l’humanité, comme les extrémistes islamiques le font au Moyen-Orient en s’attaquant aux monuments et aux musées. Cette perte irrémédiable nous empêche aujourd’hui de connaître une partie de l’histoire de l’homme. Pour les chercheurs, c’est de l’ordre du pur sacrilège !
Liberté, égalité, fraternité?
Mais comme c’est le cas pour les combattants de DAESH, les monuments ne suffiront pas pour les révolutionnaires : il faut exterminer toute personne qui ne pense pas comme eux. On vise donc les chrétiens qui refusent de se soumettre au pouvoir républicain.
C’est ainsi qu’en 1793, en Vendée (région ouest de la France, au nord de La Rochelle), 150 000 hommes, femmes et enfants, trouveront la mort par la guillotine ou dans d’autres circonstances atroces (1). On est loin de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen écrite quelques années plus tôt!
Le projet du producteur
Le réalisateur Daniel Rabourdin veut donc réhabiliter la mémoire qu’on a voulu occulter. D’après la bande-annonce, on peut mettre en doute les choix esthétiques (un pathos trop appuyé), mais le projet mérite d’être mené à terme. Certains plans, décors et costumes (à l’exception des maquillages) sont assez impressionnants pour une production à caractère historique indépendante.
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Pour en apprendre davantage sur le projet ou pour soutenir le réalisateur:
Note :
(1) « (…) des jeunes filles sont écartelées, les jambes attachées à des branches d’arbres, des femmes enceintes sont écrasées sous des pressoirs, des enfants sont embrochés et rôtis ». Jean-Joseph Julaud, L’histoire de France pour les Nuls, page 425.