Photo: Samuel Zeller (unsplash.com / CC).
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La Sagesse de Marie

Premier jour de l’année. Le jour de toutes les espérances et de toutes les résolutions. Le jour des coups de barre (festivités obligent) et des coups de gueule (au destin). Heureusement, l’Église sort aujourd’hui l’artillerie lourde : la fête de « Marie, mère de Dieu ». 

Ce cadeau est des plus adéquats pour débuter l’année, car la Reine du Monde nous a aussi été donnée pour mère. Aujourd’hui plus que jamais, l’Église a besoin de sa Mère pour remplir sa mission divine, au-delà des échecs et des controverses. Plus précisément, elle doit être éminemment proche de celle que l’on nomme aussi « Trône de la Sagesse ». 

Marie a incarné la sagesse plus que tout autre être humain.

Qu’est-ce qu’être sage? Le propre du sage, nous dit Aristote – et saint Thomas d’Aquin à sa suite –, est d’ordonner. 

Celui-ci connait les réalités les plus élevées et peut donc y ordonner les choses et les personnes, par ses conseils ou par ses commandements, comme le général dans l’armée qui connait les enjeux de la guerre plus que les soldats.

Pourtant, avons-nous déjà vu Marie commander une troupe de soldats juifs? Enseigner dans le Temple et prodiguer des conseils? Si donc le propre du sage est d’ordonner, comment Marie peut-elle être le modèle de la sagesse?

Si Marie est le Trône de la Sagesse, c’est qu’elle s’ordonne elle-même à la réalité la plus élevée de toutes.

La réponse est simple, peut-être même trop simple pour les « raisonneurs de ce siècle » (1 Co 1, 20). Si Marie est le Trône de la Sagesse, c’est qu’elle s’ordonne elle-mêmeà la réalité la plus élevée de toutes : le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, créateur de l’univers. Et comme nous sommes si peu devant Lui, voire rien du tout, Marie se fait humble. La plus humble, et donc la plus sage. 

Le mot « sagesse » provient du latin sapientia, qui signifie « gout », « saveur ». Le sage est si près de la réalité des choses qu’il ne se contente pas de les connaitre : il les « goute ». Ainsi Marie goute-t-elle la « saveur de Dieu » grâce à son humilité, à sa fidélité à l’Alliance et par le silence qui lui permet de méditer les Écritures et les desseins de la Providence divine. 

Que demander de plus en ce début de l’année?

Que souhaiter d’autre à l’Église, sinon l’humilité et le silence de Marie, dans un monde où le bruit est trop souvent confondu avec la sagesse?

Alors que l’Église vit des moments difficiles, pourquoi ne pas imiter ce « Vase insigne de la dévotion » (Litanies de Lorette) et résister à la tentation de se prononcer sur tout, de réagir à toute parole du pape ou de se faire le héraut indispensable du « véritable christianisme ». 

En tant qu’Église, il nous faut plutôt travailler à notre salut « avec crainte et tremblement » (Ph 2, 12; Si 4, 17). L’unité des catholiques, voire de tous les chrétiens, ne passera que par cette attitude de crainte et d’humilité envers le « Dieu des Pères et Seigneur de miséricorde » (Sg 9, 1). Cela n’est pas sans oublier la charité, vertu qui est directement liée, selon saint Thomas d’Aquin, au don de sagesse que nous offre le Saint Esprit (ST, Ia IIae, q. 68, a. 8). 

Devant les joies et les tragédies de nos existences, devant les évènements qui jalonnent la vie de l’Église, chacun d’entre nous peut prier, avec Salomon :

« Que Dieu m’accorde d’en parler à son gré et d’émettre des pensées dignes de ses dons, puisqu’il est lui-même le guide de la Sagesse et qu’il dirige les sages ; nous sommes en effets dans sa main, nous et nos discours, et toute notre intelligence et toute notre habileté » (Sg 7, 15-16).

Maxime Huot-Couture

Maxime œuvre en développement communautaire dans la région de Québec. Il a complété des études supérieures en science politique et en philosophie, en plus de stages à l'Assemblée nationale et à l'Institut Cardus (Ontario). Il siège sur notre conseil éditorial.