paczki
Photo : Page Facebook Sweet Natalie's Gluten Free Bakery

Des paczki dans mon épicerie ?

Chaque année, vers le début février, apparaissent dans certains supermarchés de drôles de beignets avec un nom étrange : les paczki. Quelles sont ces pâtisseries qui semblent si succulentes et pourquoi n’en trouve-t-on qu’à cette période de l’année ? 

Les paczki nous viennent de la Pologne. Ce sont des beignes ronds, faits d’une pâte au levain très riche, fourrés de confiture ou autre garniture sucrée et recouverts de sucre en poudre, de glaçage ou de zest d’orange. Miam ! À la pâte, on ajoute un peu d’alcool, traditionnellement une vodka polonaise appelée Spirytus. Cet alcool empêche le gras d’imbiber la pâte lors de la friture. 

Les Polonais mangent ces pâtisseries spécialement lors du Jeudi gras, le jeudi précédant le mercredi des Cendres chez les catholiques. La raison en est très simple : traditionnellement, les Polonais faisaient ces beignets pour utiliser tout le lard, le sucre, les œufs et les fruits qu’ils avaient chez eux et qu’ils ne pourraient manger durant le carême. Ils voulaient ainsi éviter de les perdre durant cette période de jeûne. 

On sait que les paczki existaient déjà au Moyen Âge. À cette époque, ils n’étaient pas sucrés comme aujourd’hui, mais salés. Ce changement a eu lieu au 18e siècle lorsque le roi Auguste III de Pologne a fait venir à la cour des pâtissiers français, réputés pour leurs desserts sucrés et gourmands. Ce sont eux qui auraient créé la forme sucrée des paczki que nous connaissons aujourd’hui. 

Le Paczki Day en Amérique du Nord

En Amérique, contrairement à ce qui se fait en Pologne, le Paczki Day est le Mardi gras. Bien que cette fête soit peu connue au Québec, elle est très populaire encore aujourd’hui dans plusieurs grandes villes nord-américaines comme Chicago, Détroit et Baltimore. 

En effet, ces centres urbains comptent de larges populations de Polonais qui y ont immigré au cours de l’histoire. Ces pâtisseries ont gagné en popularité à partir du début du 20e siècle, ce qui a amené l’industrie de la boulangerie à les mettre en marché.

[En Pologne,] il faut être patient si on veut pouvoir gouter aux meilleurs paczki, frais du jour et de la meilleure qualité qui soit. « Mon mari, l’an dernier, a attendu trois heures en file pour essayer ces fameux paczki. »

Aux États-Unis, il existe même des concours de paczki-eating. À Evanston, en Illinois, un concours a lieu depuis 2010. Les participants, en équipe de deux, doivent manger le plus de paczki possible en cinq minutes. On retrouve des évènements similaires à Tappan, dans l’État de New York, et à Hamtramck, près de Détroit. 

À Windsor, en Ontario, on trouve des paczki à la boulangerie Blak’s fondée par un immigrant polonais en 1918. Le jour du Mardi gras, la boulangerie est ouverte dès les petites heures du matin et des paczki sont vendus par milliers. Au Québec, ces beignes sont un des produits vedettes de la boulangerie-pâtisserie Wawel, présente à Montréal et à Sherbrooke. Ils sont aussi vendus chez plusieurs marchands Provigo de la province.

Et en Pologne ?

Encore aujourd’hui, en Pologne, les traditionnels paczki sont toujours aussi populaires. Justyna, Polonaise d’origine, a vécu 10 ans au Québec. Elle raconte que, lors du Jeudi gras, on trouve ces pâtisseries dans toutes les épiceries et les pâtisseries : « Chaque année, le Jeudi gras, la rue est pleine avec de grandes files de gens qui attendent pour acheter des paczki. » 

Il faut être patient si on veut pouvoir gouter aux meilleurs paczki, frais du jour et de la meilleure qualité qui soit. « Mon mari, l’an dernier, a attendu trois heures en file pour essayer ces fameux paczki. » 

Bien que les Polonais mangent ces beignets toute l’année, le Jeudi gras, c’est un incontournable. Justyna nous raconte : « Quand les gens se rencontrent ou se téléphonent le Jeudi gras, la première question qu’ils se posent est : “Combien de paczki as-tu déjà mangés aujourd’hui ?” Les paczki, pour un Polonais, c’est quelque chose ! »

Alors, si vous avez l’occasion de parler à un ami polonais lors du Mardi gras, demandez-lui combien de paczki il a mangés, ça lui fera plaisir !


Isabelle Pouliot

Isabelle est une passionnée de la nature. Diplômée au baccalauréat en théologie de l'Université Laval, elle a collaboré pendant de nombreuses années à la revue Le Veilleur d'abord comme correctrice puis comme rédactrice en chef.