Avez-vous déjà vécu cette expérience ? Il est temps de s’habiller, on est un peu pressé, on enfile nos bas en vitesse avant de dévaler l’escalier… sauf qu’un orteil a visiblement trouvé que c’était le moment de découvrir le monde sans ses congénères : la chaussette est trouée.
Le lavage n’a pas encore été fait : il ne reste plus qu’une vieille paire de fond de tiroir aux motifs douteux. En partant travailler, on se dit qu’il faudrait bien regarnir le stock de chaussettes un peu. Oui, mais avec quoi ? D’autres chaussettes de piètre qualité qui, plus tôt que tard, libèreront nos orteils téméraires ? Voyons les solutions de rechange qui s’offrent à nous.
Un petit pas dans la bonne direction
Dans l’encyclique Laudato si’, le pape François nous dit que « le sentiment d’union intime avec les autres êtres de la nature ne peut pas être réel si en même temps il n’y a pas dans le cœur de la tendresse, de la compassion et de la préoccupation pour les autres êtres humains » (no 91). C’est l’un des aspects les plus importants de l’écologie intégrale : elle est intégrale, car tout est lié. On ne peut pas se préoccuper de notre maison commune sans « un amour sincère envers les êtres humains [et] un engagement constant pour les problèmes de la société ».
Mais quel rapport avec les chaussettes ?
Le lien, c’est Conscious Step. Cette entreprise américaine produit des chaussettes en Inde à partir de coton biologique. Jusque-là, rien de bien surprenant. Cela dit, l’entreprise sélectionne de petites productions indiennes de coton biologique, s’assure que les salaires des employés soient équitables et offre des conditions de travail éthiques.
Et cela ne s’arrête pas là !
Cet article provient du numéro spécial Apocalypse paru au printemps 2020.
Lorsque vous achetez une paire de chaussettes, de 1 à 2 $ vont à une association. Par exemple, si vous achetez la « chaussette qui combat la pauvreté », vous soutiendrez alors Global Citizen, un organisme qui lutte contre la pauvreté dans le monde. Avec la « chaussette qui protège les océans », vous soutiendrez Oceana, une organisation qui vise à restaurer les populations de poissons et à limiter la pollution des océans. Et, en plus de tout cela, vous aurez acquis des bas solides qui laisseront vos orteils en paix pendant plusieurs années.
Bref, Conscious Step incarne un petit peu cet équilibre dynamique que le pape François nous invite à chercher en toute action du quotidien ; si nos chaussettes sont fabriquées de façon équitable et responsable et qu’elles soutiennent des œuvres de bienfaisance, que demander de plus ?
Des petits pas chez nous
Le petit plus qu’on pourrait demander, c’est que ces chaussettes soient de chez nous. On ne peut le nier, le coton est vraiment confortable. Cependant, lorsqu’il n’est pas génétiquement modifié et consommateur de pesticides, il vient souvent de loin. Y a-t-il une autre option ?
Au Québec, on produit et on carde la laine depuis bien longtemps. La tradition perdure dans plusieurs entreprises. Chez Duray, on fabrique des chaussettes de laine depuis 1939 à Princeville. Des bas de différentes longueurs, épaisseurs et divers mélanges de fibres, selon l’utilisation souhaitée. L’élevage d’alpagas prend également de l’ampleur au Québec, et de nombreuses fermes proposent des chaussettes à la vente, telles que Alpagas Fibre Fine, Ferme Bel Alpaga, La Vie en Alpaga, Ferme Fibres et Compagnie, Alpagadore… et bien d’autres !
Besoin de bas minces et unis ? La Ferme Grand Flodden, dans les Cantons-de-l’Est, produit d’élégants bas de ville et socquettes en mohair, la laine de la chèvre angora. Et à Bécancour, c’est le mohair de chevreau qui est utilisé depuis de nombreuses années par l’atelier de L’Angélaine pour le tricot des bas.
Le petit pas du sportif
Êtes-vous un adepte du ski ou de l’escalade ? La chaussette Teko vous conviendra parfaitement. Teko utilise de la laine de mouton mérinos, du plastique de bouteille et du nylon de filet de pêche pour fabriquer des chaussettes en Italie. Celles-ci sont ensuite exportées par bateau dans des emballages recyclés et recyclables.
Fabriquées au Vermont, les chaussettes en mérinos Darn Tough sont également parfaites pour le sport. Darn tough est un jeu de mots qui signifie à la fois que ces chaussettes sont très robustes (tough) et qu’il n’y aura donc pas besoin de les repriser (to darn). En effet, le tricot de ces chaussettes est très dense, car il est réalisé par de toutes petites aiguilles. La laine de l’entreprise provient toujours de moutons bien traités et souvent de fermes locales.
Au revoir, petite chaussette
Que faire des petites chaussettes dépareillées et trouées qui trainent au fond de la panière de linge ? Les textiles ne vont pas dans le bac de récupération. Si on a du courage et quelques heures devant soi, on peut transformer ces chaussettes en éponges tawashi. Ou bien, on peut redonner ces chaussettes à d’autres. En France, l’organisme Chaussettes orphelines récupère ces pauvres chaussettes et les recycle en de nouveaux vêtements. Au Québec, on pourra donner nos vieux bas à Certex, Eko-tex ou Récupex, qui se chargeront de les recycler ou de les vendre à l’étranger de façon responsable.
Maintenant que la question des bas est réglée, vous pouvez marcher vers une autre étape. Quelle sera la personne à qui vous prodiguerez de la compassion et de la tendresse aujourd’hui ? Pas besoin d’acheter des chaussettes pour cela. Mais c’est quand même plus facile de sortir de chez soi quand on a quelque chose aux pieds.