Paul Racette et Lise

Paul Racette : la foi en action

L’homme que je regarde dans mon écran d’ordinateur est installé au milieu d’une vaste pièce tout en bois, d’où émane une éclatante lumière. Nous nous sommes connus lors de mon reportage sur la pastorale maritime, qui sera bientôt publié dans le magazine de septembre du Verbe. Il m’a fasciné. J’ai donc voulu en savoir davantage sur sa vie ainsi que sur son cheminement spirituel qui l’ont mené vers le diaconat permanent et sur le chemin de Compostelle.

Lorsque Paul Racette partage à sa femme, Lise, son souhait de devenir diacre permanent, elle lui répond du tac au tac qu’il s’implique déjà suffisamment. Sa place est dans sa famille. Il est alors agent de télécommunication à la police de Trois-Rivières en plus d’être responsable de son syndicat, de la pastorale du mariage… et père de famille. 

« J’oserais dire que je ne suis pas un mangeux de balustre ! Je vais à la messe toutes les semaines, mais si cela ne se traduit pas dans ma vie quotidienne, cela ne sert à rien », me lance-t-il sans détour pour expliquer ses nombreuses implications au fil de sa vie. 

Sa foi, il la transforme en actes. Alors qu’il était président du syndicat, Paul Racette allait souvent au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap avant de prendre une décision importante. 

« Je me suis toujours laissé guider par ma foi, par ma prière. Je lui disais : “Que ta volonté soit faite. Pas la mienne.” »

Implication(s) imprévue(s)

L’actuel directeur du Foyer des marins de Trois-Rivières, où sont accueillis les marins étrangers lors des escales, s’est impliqué très tôt dans l’église paroissiale. Un peu malgré lui, faut-il préciser.

« J’avais pris l’habitude, écolier, de m’arrêter régulièrement à l’église et d’y allumer un lampion. Puis, je repartais sans payer. Jusqu’au jour où le sacristain me prit sur le fait. Il a fait un marché avec moi. Il n’en parlerait pas à mes parents si je revenais le lendemain pour servir l’eucharistie. J’ai accepté ! »

En plus d’être servant de messe, il s’est impliqué dans l’orchestre, puis dans La Flambée. Quelques années après leur mariage, Lise et lui se sont impliqués auprès des futurs mariés durant 25 ans. Il a même occupé le poste de coordonnateur de la Fédération Nationale de Services de Préparation au Mariage (aujourd’hui le PACEM).

Malgré ses nombreuses implications, Paul Racette se laisse rejoindre par des personnes de son entourage qui l’encouragent à devenir diacre permanent. Paul Racette décide donc de confier son appel à sa femme qui résiste. C’est au retour d’un pèlerinage à Medjugorje qu’elle répond positivement à l’appel de son mari. 

« Mes études se sont échelonnées sur sept ans au lieu de cinq. Lise est tombée enceinte durant la formation. Puis, il y a eu la naissance du petit dernier. À peine quelques heures après l’accouchement, l’obstétricien nous apprend que notre enfant est trisomique. Lise voulait en adopter un. J’avais refusé. Nous avions déjà cinq enfants. Pour nous, c’est un cadeau du ciel ! C’est le soleil de la famille. »

Il est ordonné diacre permanent en 2007 et devient conseiller moral et spirituel pour l’Association des policiers-pompiers de Trois-Rivières.

Le bouleversement sur le camino

Et Compostelle dans tout cela ? 

« J’ai accompagné un bon ami, policier, qui était atteint du cancer. Son rêve était d’aller faire le chemin. Malheureusement, il est mort avant de le concrétiser. »

Grâce à un don non sollicité de 5000 $, Paul Racette décide de réaliser le rêve de son ami. En 2007, il part sur le chemin sans aucune préparation. 

« Cela a été l’expérience spirituelle la plus intense de ma vie ! »

Pourtant, lorsqu’il revient de ce premier pèlerinage, il n’est plus capable de rester immobile.

« Les seules positions confortables étaient debout en train de marcher ou couché. »

Déjà sur le chemin, Paul Racette ressent des malaises qui l’empêchent de marcher. Après avoir prié, il réussit à terminer son pèlerinage.

Il raconte que peu de temps avant l’apparition de ces malaises, qui se sont poursuivis durant 22 mois, il a croisé à deux reprises la silhouette d’un étrange personnage sur le chemin. 

« Il était habillé comme saint Jacques de Compostelle avec son chapeau et sa cape », explique-t-il. 

Soigner ceux qui cheminent

De retour à Trois-Rivières, il consulte des spécialistes qui concluent que son corps est en parfaite santé. Déboussolé par ce verdict et incapable de fonctionner sans médicaments puissants, il se dirige alors, sur les conseils d’un ami, vers le Centre de l’Alliance de Trois-Rivières.

« Un groupe de quatre personnes qui pratiquaient le ministère de délivrance ont prié sur moi. Cela a duré deux heures. »

Le lendemain, Paul Racette reprenait ses activités…

Au fil du temps, Compostelle est devenue pour lui un incontournable. Il y est retourné une dizaine de fois et parcouru plus de 3400 kilomètres. Il a publié le livre Compostelle. Pèlerinage extrême ainsi qu’un DVD intitulé Le pèlerin permanent à Compostelle.

Aujourd’hui, il est impatient de revoir les marins qu’il accueille comme le font les hospitaliers sur le chemin de Compostelle. COVID-19 oblige, l’équipage des paquebots doit demeurer à bord. 

En attentant, il poursuit son chemin partout où le Seigneur l’appelle… 


Yves Casgrain

Yves est un missionnaire dans l’âme, spécialiste de renom des sectes et de leurs effets. Journaliste depuis plus de vingt-cinq ans, il aime entrer en dialogue avec les athées, les indifférents et ceux qui adhèrent à une foi différente de la sienne.