saint Colomba
Illustration : Marie-Pier LaRose/Le Verbe

Colomba d’Iona: un saint contre le monstre du loch Ness

Avec sainte Brigitte et le célèbre saint Patrick, saint Colomba d’Iona est le troisième saint majeur de l’Irlande. Né en Irlande et poussé à l’exil pour des raisons politicoreligieuses, il a finalement porté plus de fruits en Écosse que dans sa terre natale. Découvrons comment son parcours, parsemé d’évènements rocambolesques, peut être une source d’inspiration.

Saint Colomba d’Iona est né en 521 à Gartan, dans le comté du Donegal, au nord-ouest de l’Irlande. Avant sa naissance, sa mère Eithne avait eu une vision dans laquelle un ange lui demandait de ramasser une grosse pierre flottante dans le lac voisin et de la placer à un endroit précis. Elle devait y déposer ensuite le nouveau-né en le disposant en forme de croix pour qu’il reçoive une bénédiction. La pierre est toujours visible et une grande croix celtique a été érigée à cet emplacement au début du 20e siècle.

Suite à cette vision, Eithne et son mari Feidhlimidh, un chef de clan gaélique, ont appelé leur jeune fils Colmcille, soit « colombe de l’Église », en irlandais. Encore enfant, le futur saint a été confié aux soins de saint Finnian, un moine vivant dans un monastère de la région. Colmcille y a passé une vie de prière, d’étude et de méditation jusqu’à l’âge de vingt ans. Il a ensuite abandonné tous ses titres et possessions terrestres pour entrer dans les ordres, puis devenir prêtre. Missionnaire très actif, il avait déjà fondé vingt-sept monastères avant l’âge de vingt-cinq ans !

Une guerre pour un livre

Même les plus grands saints ont toutefois leurs faiblesses. Dans le cas de Colmcille, il s’agit de son amour pour les beaux livres. Ainsi, lors d’une de ses visites auprès de son ancien mentor, Colmcille lui aurait emprunté une version somptueusement illustrée de la Vulgate de saint Jérôme. Le jeune saint souhaitait simplement la copier et en reproduire les dessins, mais, une fois son travail achevé, saint Finnian lui demanda de lui rendre sa copie en plus de l’original, ce que Colmcille a refusé de faire, lui retournant seulement l’original.

L’affaire a alors été portée jusqu’aux oreilles du roi d’Irlande, qui lui a demandé de remettre la copie à son mentor. Furieux, Colmcille a poussé le peuple des régions de l’ouest à prendre les armes contre le roi. Ceci a mené à la bataille de Cúl Dreihmne, près de Sligo (ouest), qui se conclut par une très lourde défaite pour les troupes royales.

Colmcille, qui avait prié pour la victoire, n’a cependant pas savouré celle-ci très longtemps, même si un synode de prêtres et d’évêques irlandais a fini par l’innocenter, il ressentait de vifs remords pour le mal qu’il avait causé. Sur les conseils de son confesseur, Colmcille a décidé de partir pour l’Écosse, déterminé à convertir autant de personnes que celles qui étaient décédées par sa faute. 

Une pléthore d’exploits en Écosse

Arrivé sur la petite ile d’Iona (nord-ouest), il y a fondé un monastère qui a eu une très grande influence sur la vie spirituelle et culturelle de l’Écosse pendant plusieurs siècles, ce qui a valu au saint d’être nommé d’après le nom de cette terre.

C’est une fois sur sa terre d’accueil que ses charismes se sont déployés : prophétisant, guérissant les malades, exorcisant les démons, faisant sortir de l’eau de la roche, apaisant des flots agités par la tempête, engendrant des pêches miraculeuses et même changeant de l’eau en vin alors qu’il en manquait pour la messe ! Tout cela a engendré de nombreuses conversions et il est sans conteste le plus grand évangélisateur de l’histoire de l’Écosse.

Selon le récit de saint Adamnan, un moine irlandais du 7e siècle, alors qu’un des compagnons de Colmcille traversait la rivière Ness à la nage, un monstre terrifiant s’est dirigé sur lui, prêt à l’engloutir. Colmcille aurait alors invoqué le nom du Seigneur et demandé à la créature de faire demi-tour et de rester dans le lac d’où provenait la rivière, le fameux loch Ness. C’est de là que serait née cette légende qui perdure jusqu’à nos jours. 

Un bien tiré du mal

À l’exemple de Colmcille, nous pouvons nous aussi rebondir après nos échecs et sortir des sentiers battus afin de porter du fruit dans un autre contexte. Ceci pourrait nous permettre de réaliser quelque chose de bien plus grand que si nous étions restés dans notre zone de confort, même s’il n’est pas nécessaire d’affronter un monstre pour cela !

Les reliques de Colmcille sont exposées dans une église de Dún Pádraig (nord-est de l’Irlande), aux côtés des deux autres saints majeurs irlandais. Il est fêté le 9 juin.

Romain Martiny

Romain est professeur en sciences au collégial.