C’est un gars bien de chez nous. Il s’appelle Samuel Plante, ou Sam pour les intimes. Il a 25 ans, a créé sa chaîne YouTube en septembre passé et vient de dépasser les 5000 «j’aime» sur Facebook. Il parle avec aisance, dynamisme, conviction, intelligence et humour d’un sujet on ne peut plus déconcertant, voire dépassé et ridicule pour plus d’un Québécois : Jésus-Christ.
J’entends déjà certaines de vos réactions.
Eh oui! Sam vulgarise sur le Christ avec audace, ou comme j’aime le dire souvent, de manière frontale et décomplexée. Et vous savez quoi? C’est drôle, c’est bien réalisé et ça fait du bien!
Il faut voir Le Bon Dieu, Le p’tit Jésus, ou Pierre, Jean, Jacques.
En réalité, Sam fait ce que tout baptisé est censé faire, à savoir témoigner de sa foi et évangéliser.
Oui mesdames et messieurs, vous avez bien lu ce mot qui vous fait peut-être sursauter, car possiblement, le confondez-vous avec «prosélytisme» ou «désir de vouloir convertir autrui à tout prix».
Qu’est-ce que cela?
Mais vous me permettrez ce petit aparté pédagogique, car l’évangélisation c’est en fait un peu plus nuancé.
C’est d’abord le besoin – et parfois le sentiment d’urgence – de témoigner de son expérience personnelle avec la personne du Christ, mais , dans le même souffle, se positionner en situation d’annonce, c’est-à-dire, faire connaître le kérygme, ce mot d’origine grec un peu oublié qui consiste à proclamer verbalement la Bonne Nouvelle.
Et la Bonne Nouvelle c’est quoi? C’est que Jésus Messie est Seigneur et Sauveur. Cet appel à l’évangélisation, c’est Jésus lui-même qui le demande en Matthieu 28, 19:
«Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit».
Et depuis 2000 ans, il y en a eu des témoins qui, l’âme amoureuse et dévouée, ont évangélisé le monde. L’histoire du Québec en est remplie, particulièrement à ses débuts et parfois même au prix de la vie des prédicateurs et des nouveaux convertis.
Le dernier film de Martin Scorsese nous donne d’ailleurs un bon aperçu de cette entreprise dans le Japon du XVIIe siècle.
Avec des mots
De nos jours, par contre, s’avancer sur le terrain de l’évangélisation par le moyen de la parole énergique et vigoureuse est beaucoup plus rare. Combien de fois a t-on entendu cette phrase : «Ce n’est pas les paroles qui comptent, mais les gestes [de charité]». Bien sûr. Ne sous-estimons pas la puissance des actes.
Sam m’a d’ailleurs confié que, s’il est revenu un jour à la bonté – lui qui a failli tuer sa mère à l’adolescence lors d’un épisode particulièrement violent -, c’est notamment grâce aux gestes d’amour inconditionnel de ses parents qui ont souvent sacrifié leurs passe-temps et intérêts pour lui et pour ses frères et soeurs.
Toute cette patience, tous ces décentrements de soi-même, tous ces pardons comptent. Saint Paul insistera d’ailleurs là-dessus dans sa première épitre aux Corinthiens (1 Co 13).
Mais se pourrait-il que la parole soit également un acte ?Et se pourrait-il que l’annonce du kérygme soit spécialement négligée de nos jours par une bonne partie des baptisés, particulièrement chez les catholiques ?
C’est l’avis du philosophe et théologien Thierry-Dominique Humbrecht qui, dans son excellent ouvrage L’évangélisation impertinente, aborde précisément cette problématique du mutisme des catholiques actuels, conséquence selon lui d’une catéchèse du silence encouragée depuis quelques décennies au sein de l’Église. Celle-ci conjuguée à l’évacuation d’une liturgie pédagogique et d’une ignorance de la théologie.
Selon lui, cette rupture de transmission de la foi dans les milieux traditionnellement croyants amène inévitablement une diminution de la qualité de pensée intellectuelle et rationnelle chez une bonne partie des fidèles et, au final, une régression de la vie sacramentelle.
Constat sévère, mais certainement lucide.
Nos frères protestants, eux, ne lésinent pas sur l’Annonce. Et le succès est palpable, notamment en Amérique latine où les églises réformées font des milliers d’adeptes parmi les catholiques.
Sur ce point, peut-être devrions-nous davantage nous inspirer d’eux?
Évangélisation 2.0
Revenons à Sam. Il est justement protestant. Ses parents, d’anciens catholiques déçus, mais néanmoins en quête de sens, ont effectué le virage vers une église pentecôtiste dans les années 1980. Sam a été élevé dans une famille fervente et aimante où Jésus tenait la place centrale.
Après un début d’adolescence mouvementé, il se sent à nouveau interpellé par le Christ. Il décide de faire ses études en théologie et se dédier à temps plein à la proclamation. À ses débuts, il sera pasteur jeunesse auprès d’enfants et d’adolescents.
Quelques années plus tard, il fait la rencontre de Jean-Pierre Desmarais, un chrétien évangélique; un homme prospère rempli de ressources et d’idées. Ce dernier lui propose de l’engager afin de développer un projet de capsules vidéos sur YouTube dans lesquelles serait annoncée la Bonne Nouvelle. Un projet qui se veut adapté à la réalité québécoise, un pays qui est redevenu une terre de mission.
Résultat : des chrétiens de toutes dénominations – avec une part non négligeable de catholiques – et quelques non-croyants même, le suivent avec intérêt et enthousiasme. C’est que Sam a non seulement une solide formation théologique, mais il est très à l’aise devant la caméra en plus de faire résonner les mots de manière poétique tel un slam sorti des quartiers populaires.
Bien que chaque véritable chrétien porte en lui la conviction que Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jean 14, 16), notre prédicateur s’exprime avec le souci d’instruire son interlocuteur de manière non prétentieuse. Il a du style et une signature esthétique unique.
Ce créneau de type youtubeur chrétien est peu développé, sinon inexistant au Québec. Sam’Parle apparaît donc comme un projet très original.
La qualité fait une différence
Sam fait tout de A à Z : recherche et rédaction de textes; tournage et montage; publication et gestion des réseaux sociaux. Pour ce faire, il bénéficie, grâce à son mécène, d’un local approprié dans le secteur industriel de Longueuil. Local qui a été transformé en véritable studio de film.
Et on ne peut que constater qu’à l’instar de nombreuses initiatives protestantes fort dynamiques, comme Je suis deuxième ou Hillsong United, la qualité formelle est au rendez-vous. Car, quand bien même le message est bon, si la qualité médiatique est défaillante, amateure, voire quétaine, on diminue inévitablement la portée dudit message.
Mais l’aventure Sam’Parle est sérieuse et crédible.
Je vous invite à visiter sa chaîne YouTube et à vous abonner à sa page Facebook.
Et n’oubliez pas d’aller jeter un coup d’oeil à sa prochaine vidéo de Noël qui sortira lundi prochain.