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Photo: Annie Theby (Unsplash)

Petit lexique des sacres (ou pas)

En mai dernier, je publiais un texte qui démystifiait les principaux termes architecturaux utilisés pour qualifier les bâtiments religieux. Depuis, j’ai reçu plusieurs demandes pour faire une chronique similaire concernant les objets liturgiques. Demandez, et vous recevrez.

D’emblée, il faut mentionner que plusieurs objets ont un usage spécifique dans une église.

N’ayez crainte, il est normal que la plupart des fidèles ne les identifient pas tous. Même les sacristains s’y fourvoient par moment.

Il y aurait de quoi remplir un numéro du Verbe en entier si l’on voulait en dresser un lexique complet! Je vous propose donc de faire un petit tour d’horizon des principaux objets autour de la messe.

Avec ou sans levain

Commençons donc par ce qui est le plus reconnaissable et qui est le centre de toute célébration eucharistique : l’hostie.

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Il s’agit évidemment du pain sans levain qui est consacré par le prêtre lors de la liturgie eucharistique et donné aux fidèles au moment de la communion. Leur composition, ou la recette des hosties si vous préférez, est strictement règlementé par l’Église.

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Mentionnons au passage que si vous allez dans une église de rite oriental, vous ne trouverez pas une hostie semblable à celle du rite catholique. En effet, l’Orient a conservé l’ancienne coutume de consacrer un pain au levain. Ce pain fait de farine de blé, d’eau, de sel et de levain porte le nom de prosphore.

On place les hosties consacrées dans un ciboire afin de les distribuer aux fidèles. Il s’agit d’un vase liturgique, le plus souvent en forme de coupe, qui est entièrement destiné à recevoir le pain consacré.

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Après la communion, on ferme le ciboire à l’aide de son couvercle et on le recouvre d’un morceau d’étoffe nommé pavillon.  Les hosties consacrées excédentaires seront conservées soit dans un ciboire fermé ou encore dans un autre vase nommé pyxide.

Un meuble saint

Dans les deux cas, on place les vases dans le tabernacle : on parlera alors de réserve eucharistique.

L’appellation tabernacle désigne à la fois le meuble en entier et l’armoire à proprement dit dans laquelle les ciboires et les pyxides contenant des hosties consacrées sont placés.

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Près du tabernacle, on trouve un cierge rouge allumé perpétuellement. Ce signe lumineux appelé lampe du sanctuaire indique que le tabernacle contient des hosties consacrées.

Dans toute église, le tabernacle contient d’ailleurs un minimum d’une hostie consacrée en tout temps. C’est ce qui assure la présence réelle du Christ de façon permanente. Le feu perpétuel de la lampe du sanctuaire symbolise cette présence lorsque le tabernacle est fermé.

Ceci étant dit, il est possible, dans deux cas précis, de trouver des hosties consacrées en dehors du tabernacle.

Le premier survient lorsqu’une personne malade est dans l’impossibilité d’assister à l’office, mais désire recevoir la communion. On lui apportera ultérieurement l’hostie consacrée pendant l’eucharistie dans une petite boite nommée custode.

Le deuxième cas survient lors des moments d’adoration : le prêtre amène sur

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l’autel un ostensoir qui contient une lunule dans laquelle se trouve une hostie consacrée. En dehors des moments d’adoration, on retire la lunule de son ostensoir et on la range dans le tabernacle.

Il est obligatoire de renouveler les hosties mensuellement pour éviter qu’elles ne se dégradent.

Ils n’ont plus de vin (cf. Jn 2, 3)

Contrairement aux hosties, il n’y a aucune réserve de vin consacré dans une église.

Le vin de messe non-consacré, quant à lui, se conserve dans la sacristie, dans une armoire tout à fait ordinaire. Le prêtre se doit de boire en entier le vin versé dans une coupe, le calice, pendant la célébration.

calice-lexique
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Ne cherchez pas de raisons théologiques très profondes derrière cette différence entre le pain et le vin : il en est ainsi tout simplement parce que, contrairement au pain sans levain, le vin se conserve très mal !

Ainsi le sacristain, avant la messe, prépare la quantité de vin nécessaire à la célébration. Avec deux flacons, nommés burettes, à sa disposition, il en remplira une de vin et la seconde d’eau fraiche.

Lors de la consécration, le prêtre versera le contenu de la burette de vin dans un ou des calices. On y ajoutera un filet d’eau provenant de la seconde burette.

Ce signe évoque l’Évangile de Jean où il est écrit que, lors de la crucifixion, la plaie du flanc droit du Christ laissait s’échapper du sang et de l’eau.

Le reste de l’eau servira au célébrant afin qu’il puisse se laver les mains en signe de purification. Le tout étant fait au-dessus d’un petit plateau simplement nommé lavabo.

En espérant que cet autre petit lexique vous soit utile afin de vous démêler dans la multitude des objets d’église! Surtout, faites attention dans quel contexte vous les employez…les mots, et les objets aussi. 😉


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Emmanuel Lamontagne

Emmanuel est historien de l'art et de l'architecture. Il se spécialise en iconographie et en architecture religieuse. Il travaille présentement dans le domaine de la conservation du patrimoine bâti.