Illustration: Marie-Hélène Bochud
Illustration: Marie-Hélène Bochud

L’homme derrière la légende

L’honorable Paul Comtois (1895-1966). [Article publié dans le numéro de février-mars 2016 de la revue Le Verbe.]

21 février 1966, vers minuit. Le ciel est dégagé. Les étoiles, comme des glaçons scintillants, tapissent la voute céleste. Le thermomètre indique -26 °C. Tout est calme à la villa du Bois-de-Coulonge, la résidence officielle des lieutenants-gouverneurs du Québec. Le 21e lieutenant-gouverneur, l’honorable Paul Comtois, sa femme, ses enfants ainsi que leurs invités dorment dans leur chambre respective.

Puis soudain, les flammes bondissent sur les murs en bois de l’antique demeure. Les invités, M. et Mme Mac Stearns, s’en sortent sans blessures. Avec l’aide du gardien de nuit, Mme Irène Gill, l’épouse de M. Paul Comtois, sort vivante du brasier. Quant à lui, toujours à l’intérieur de la résidence, il ordonne à sa fille Mireille de sauter par la fenêtre du deuxième étage. Elle sera par la suite hospitalisée en raison de brulures au visage. Tous les autres enfants sont indemnes. Seul Paul Comtois reste dans la maison en flammes.

Tout au long de la nuit, les pompiers combattent le brasier avec acharnement. La chaleur intense dégagée par les flammes contraste avec le froid mordant de cette nuit hivernale.

Malgré leurs efforts, les sapeurs ne réussissent pas à sauver cette demeure construite en 1862. Au lever du soleil, la belle résidence officielle n’est plus que cendres. Seules des cheminées subsistent, telles des tours de garde.

Au petit matin, les pompiers cherchent dans les décombres qui fument encore le corps du lieutenant-gouverneur. Après des heures de recherches, ils le localisent enfin. Paul Comtois git face contre terre. Il est atrocement brulé, mutilé. C’est la consternation. Avec mille précautions, on enlève la dépouille des débris de la résidence officielle.

Tout près du corps, les pompiers remarquent des objets liturgiques. Même très abimés par le feu et par l’eau, ils sont reconnaissables. Il s’agit de deux reliquaires, d’un plateau pour burettes et d’une patène.

Les témoins et acteurs de la scène ne le réalisent pas encore, mais ils viennent d’assister aux derniers moments de l’histoire de la résidence officielle des lieutenants-gouverneurs du Québec. Le magnifique parc du Bois-de-Coulonge ne verra plus défiler les reines, les rois, les présidents, les premiers ministres et autres dignitaires de ce monde en visite officielle au Québec.

Pourtant, il reste encore un chapitre à rédiger: celui qui fera entrer Paul Comtois dans la légende; un chapitre qui le transformera en héros, voire en martyr, de l’eucharistie; un chapitre dont la dernière ligne n’est pas encore écrite, cinquante ans après sa mort tragique.

**

8 octobre 2015. Il est midi. C’est une magnifique journée d’automne. Le soleil donne au parc du Bois-de-Coulonge une allure de carte postale. Je me tiens à l’emplacement exact où se trouvait l’ancienne résidence officielle. Il n’en reste rien. Seule une haie en dessine le contour. Les promeneurs traversent, sans le savoir, le lieu où s’est déroulé un drame dont l’histoire ne semble avoir conservé que trop peu de traces.

Spontanément, en signe de respect, j’entame le Notre Père. J’avance entre les haies. Des images de la tragédie s’illuminent dans mon esprit. J’imagine la scène fatidique: le feu, le courage des pompiers, la découverte du corps de Paul Comtois. Son corps. À cette pensée, je frémis. Je ralentis ma cadence comme si j’étais dans une église, comme si mes pieds foulaient une terre sacrée.

Résidence du lieutenant-gouverneur, au Bois-de-Coulonge, à Sillery (Québec), avant l'incendie.
Résidence du lieutenant-gouverneur, au Bois-de-Coulonge, à Sillery (Québec), avant l’incendie.

Je médite sur ma découverte faite un peu plus tôt dans la journée aux Archives du diocèse de Québec. Là, à ma grande surprise, j’ai pu voir et même toucher les objets liturgiques et les deux reliquaires retrouvés à côté du corps de Paul Comtois. C’est avec émotion que je les ai tenus dans mes mains.

Le premier reliquaire contenait les restes de saint Pierre-Julien Eymard. Le contenu du second reliquaire n’a pu être identifié. D’après les notes des Archives, ces objets liturgiques et les reliquaires ont été remis au cardinal Maurice Roy, alors archevêque de Québec, par le premier ministre de l’époque, M. Jean Lesage.

Je regarde les arbres tout autour. Ils sont magnifiques. Certains ont été témoins de cette nuit qui a vu disparaitre un pan de l’histoire du Québec, mais ils gardent jalousement leur secret.

Le parc du Bois-de-Coulonge, dont les origines nous ramènent aux débuts de la Nouvelle-France, est d’une impressionnante beauté. Il y règne une atmosphère campagnarde, alors que nous ne sommes qu’à quelques pas du centre-ville.

Le nom de Paul Comtois est mentionné ici et là sur les panneaux qui présentent l’historique de ce lieu. Sa présence est palpable pour ceux et celles qui gardent sa mémoire bien vivante.

Je l’imagine arpenter le chemin qui mène au fleuve, son regard embrassant aussi bien ce «long chemin qui marche» que la magnifique résidence. Pensait-il au parcours personnel et professionnel qui l’a conduit ici au mois d’octobre 1961?

Pour bien saisir l’ampleur de la route parcourue par Paul Comtois, il nous faut faire un bond dans l’histoire du Québec et voyager dans une province qui, déjà, n’existe plus que dans le souvenir des nostalgiques. Un retour aux sources s’impose donc à mon esprit. Je dois marcher sur ses pas d’enfant, de jeune adulte et enfin d’homme accompli.

27 octobre 2015. En ce magnifique matin de fin d’octobre, j’arrive enfin dans la municipalité de Pierreville, qui a vu naitre Paul Comtois le 22 aout 1895. Je me rends immédiatement à la Ferme des ormes, où il a vécu après avoir été reçu agronome en 1918.

Aussitôt arrivé à la ferme, je remarque l’imposante grange que l’on peut voir sur certaines photographies publiées dans les journaux du vivant de Paul Comtois. Sur la partie de la bâtisse qui fait face à la route, le nom de la propriété est visible de loin. Je sens que les propriétaires ont conservé avec soin les traces du passage de Paul Comtois en ces lieux.

Lorsque je m’approche de la grange, un homme à l’allure fort sympathique, cellulaire collé à l’oreille, me fait signe d’entrer. Il s’agit de Michel Deschênes, un des nouveaux propriétaires de la ferme. Sans cesser sa conversation téléphonique, il m’indique un pan de mur situé au fond de la grange. Quelle n’est pas ma surprise d’y voir une sorte de mémorial de Paul Comtois! Constitué bien modestement de copies laminées d’articles de journaux ou de lettres écrites de la main de Paul Comtois, il démontre bien que ce lieu conserve encore une partie de sa mémoire.

Je suis impressionné par la beauté des lieux. La lumière du soleil joue avec les feuilles des arbres immenses qui se dressent sur la propriété.

Michel Deschênes me confie que les enfants de Paul Comtois venaient à la ferme une fois par année pour rendre hommage à leur père et à leur mère. Aujourd’hui, ce sont leurs descendants qui parfois font un détour pour raconter à leurs enfants l’histoire de ce célèbre ancêtre.

M. Deschênes m’invite à rencontrer M. et MmeBourque, à qui la ferme a été vendue par les enfants de Paul Comtois. Dans leur maison, située à proximité de la Ferme des ormes, ce couple d’octogénaires a bien connu Paul Comtois, car il était le grand ami du père de MmeBourque. «Notre famille a toujours été très proche», me confie-t-elle. « Il avait toutes les qualités! Il s’entendait bien avec tout le monde. Nous ne conservons que de bons souvenirs», me lance-t-elle, les yeux brillants.

Au fil de la conversation, je découvre en M. Comtois un personnage attachant qui aimait profondément sa famille, ses amis et les gens de son village. Un homme de foi aussi. «Notre église est fermée, vous savez. Je me demande ce qu’en dirait M. Comtois. Nous allions souvent à l’église avec lui. C’était un homme croyant, un vrai. Il en parlait peu avec nous. Il le faisait surtout voir!», se rappelle Mme Bourque.

Lorsqu’il est nommé lieutenant-gouverneur, il les invite à la résidence officielle. «C’était impressionnant!», se rappelle Mme Bourque. «Pourtant, c’était encore le même Paul qu’avant sa nomination. Il n’avait pas changé!»

Fidèle à lui-même, il accueillait petits et grands de la même manière, sans distinction. Je rapporte à ce couple adorable une anecdote que j’ai lue dans un journal au sujet de la visite de la reine et de son mari à la résidence officielle du lieutenant-gouverneur. L’auteur de l’article a demandé à M. Comtois comment il avait vécu cette grande occasion. Celui-ci lui a répondu que la reine et le roi étaient des personnes comme tout le monde. Ils avaient pris leur déjeuner bien simplement.

Alors que le journaliste lui a demandé quel avait été leur sujet de conversation, il a répondu: «Nous avons parlé de vaches!» Mes deux hôtes ont ri de bon cœur, tout en me confiant avoir entendu cette histoire de la bouche même de Paul Comtois.

Élisabeth McCaffrey

Cette conversation impromptue m’aide à saisir la personnalité de cet homme public. Je quitte leur demeure et me dirige vers le cœur de la municipalité de Pierreville. Située dans la belle région de Yamaska, elle a été fondée en 1853. Paul Comtois y voit le jour quarante-deux ans plus tard.

Son père est photographe. Il meurt alors que Paul n’a que dix ans. Sa mère, Élisabeth McCaffrey, est institutrice. Elle devient également maitresse de poste et responsable du service téléphonique de Pierreville.

Élisabeth McCaffrey était une femme de tête. Pour elle, il n’était pas question de baisser les bras devant l’adversité. Elle fait en sorte que Paul et son frère Max puissent entreprendre leur cours classique au Séminaire de Nicolet. C’est là que Paul Comtois fait la rencontre de l’abbé Georges Courchesne, alors professeur de rhétorique.

L’abbé Courchesne, futur évêque de Rimouski, a eu une grande influence sur le jeune Paul. On dit d’ailleurs qu’il a été à l’origine de la vocation d’agriculteur de Paul Comtois, vocation qui a été facilitée par l’octroi par l’un de ses oncles d’une terre appartenant à la famille Comtois depuis des générations. En 1911, Paul Comtois poursuit ses études à l’Institut agricole d’Oka. Il en sort bachelier en sciences agricoles en 1918.

Durant ses années au Séminaire de Nicolet, Paul Comtois fait la connaissance de Georges Shooner, Pierrevillois comme lui. Paul, un des fils de Georges Shooner, se souvient très bien de Paul Comtois et de l’amitié qui le liait à son père.

Confortablement assis au salon chez Paul Shooner, je l’écoute avec attention me raconter la vie de son père et de Paul Comtois. Il me montre des photographies prises alors qu’ils étaient au Séminaire de Nicolet. Paul Comtois et Georges Shooner y figuraient souvent côte à côte.

Paul Shooner me parle d’abondance des liens très étroits qui unissaient les familles de ces deux hommes qui ont marqué la vie de Pierreville. Paul Shooner lui-même a fait ses études classiques en compagnie de Pierre Comtois, l’un des fils de Paul.

De fil en aiguille, nous en venons à évoquer la foi de Paul Comtois. Paul Shooner me fait remarquer que la foi était dans l’air du temps. Il se rappelle son père priant à genoux le chapelet récité à la radio.

Pourtant, j’insiste: Paul Comtois avait-il vraiment la foi? «Oui. Il avait vraiment la foi. J’en suis convaincu!» lance Paul Shooner. «La confiance en Dieu était là, dans son cœur! Le fait que les pompiers l’aient retrouvé avec des objets de culte près de son corps, cela ne m’étonne pas. Pas du tout! Je crois que son intention était de sortir de la maison avec ces objets. Toutefois, je crois que la fumée l’a surpris.»

Un discours révélateur

Que dire de plus? Après avoir regardé des photos de l’époque, je retourne chez moi, à Montréal. Là m’attend un document fort révélateur de sa foi. Ce document est également une preuve que Paul Comtois faisait une analyse fine de la société qui l’entourait et qui, déjà, se transformait rapidement.

Il s’agit du discours qu’il a prononcé alors qu’on le fait Commandeur de l’Ordre du mérite agronomique, au mois d’octobre 1962. Profondément touché par cet honneur, Paul Comtois a livré un discours profond, voire prophétique.

Ainsi, après avoir brièvement évoqué tout ce que la société doit à l’agriculture, M. Comtois parle des conditions pour que celle-ci puisse évoluer dans les années à venir:

«Ces prémisses étant acceptées, il devient évident que des impératifs sociologiques modernes s’imposent à l’esprit. D’abord la nécessité d’une formation intellectuelle solide. Cette formation devra s’appuyer sur une saine philosophie permettant une appréciation juste de la valeur réelle des choses et des fins auxquelles elles sont destinées.

Tous les biens de la terre doivent servir l’homme et non pas l’asservir.

– Paul Comtois

«Cette formation de l’esprit devra rendre l’individu, beaucoup plus que dans le passé, disponible à la compréhension mondiale. Rendre le jeune rural plus réceptif aux problèmes humains devient un devoir, par esprit chrétien d’abord, mais aussi parce que leurs répercussions immédiates influencent très souvent l’agriculture elle-même.

«En concevant l’être humain comme point central, comme un nucléus, en quelque sorte, de toutes les valeurs créées par Dieu, l’adulte de demain deviendra ainsi plus compréhensif des problèmes de ses semblables sans laisser altérer son jugement par de mesquines limitations sentimentales. L’homme de la terre, parce qu[’il est] témoin du quotidien de l’application des lois biologiques, physiques, chimiques, économiques et sociales, est au départ plus favorisé pour mieux comprendre et mieux se représenter les conséquences désastreuses des philosophies intégristes, de quelque ordre qu’elles soient.

«Qu’on me permette d’ajouter que le progrès véritable de l’humanité ne saurait être réalisé sans que les hommes eux-mêmes comprennent les responsabilités fondamentales qui découlent du concept de la valeur prioritaire de l’être humain lui-même. L’ère de l’énergie nucléaire dans laquelle nous sommes n’aura vraiment de signification progressive pour l’humanité que si cette notion de la valeur prioritaire de l’homme est comprise et vécue.»

Après avoir lu ce discours mémorable, je comprends mieux pourquoi Paul Comtois a eu le privilège de recevoir un indult lui permettant d’héberger la Présence réelle dans sa demeure officielle. Je comprends également cet hommage que lui adresse le cardinal Maurice Roy lors de sa messe de requiem:

«Sa vie chrétienne animait un foyer remarquable de distinction et de charité; elle rayonnait au-dehors d’une manière discrète, mais qui n’échappait à aucun de ceux qui venaient en contact avec lui. L’étude avait affiné son sens chrétien sans amoindrir la robustesse terrienne de sa foi.

«Il voulut que la sainte réserve fût gardée dans la chapelle de Bois-de-Coulonge comme elle l’était dans l’église de sa paroisse natale: en le saisissant à la porte de son oratoire, la mort a marqué la fin d’un sillon qu’il avait tracé pendant toute sa vie.»

**

21 février 1966, vers minuit. Les flammes sont maitresses des lieux. Déchainées, elles dévorent tout sur leur passage. La structure centenaire de la résidence ne résiste pas à cet assaut. La fumée dense rend de plus en plus difficiles toute action, toute respiration. Paul Comtois ne sort pas de sa maison. Que fait-il en ces instants tragiques? À quoi pense-t-il?

Les heures passent. La maison s’écroule, disparait. Avec elle, c’est une vie vouée au service du prochain et du Christ qui s’envole. Le Québec, en cette nuit dramatique, perd un apôtre discret, un amoureux de la création divine.

**

Voilà! C’est la fin de mon enquête.

Patène, plateau de burette et reliques sauvés des flammes par Paul Comtois (Archives du diocèse de Québec)
Patène, plateau de burette et reliques sauvés des flammes par Paul Comtois (Archives du diocèse de Québec)

Enfin, c’est ce que je croyais. Malgré mes efforts, je n’étais pas en mesure de confirmer la présence de Paul Comtois dans la chapelle quelques minutes avant sa mort, ni qu’il y était venu pour récupérer des objets liturgiques et des reliquaires.

Cependant, un fait nouveau est venu relancer mon investigation. En effet, un courriel m’informait qu’une enquête avait été réalisée par le coroner Claude Drouin afin de faire la lumière sur cette tragédie. Le coroner a interrogé plusieurs témoins afin de reconstituer la scène du drame et les derniers moments de la vie de Paul Comtois. L’un d’entre eux n’est nul autre que sa fille Mireille!

Interrogée par le docteur Claude Drouin, elle répond à ses questions sans détour:

Mireille Comtois, fille du lieutenant-gouverneur

Question: Et qu’est-ce qu’il vous a dit [lorsque vous l’avez vu]?

Réponse: Là, il m’a dit: «Sors par la fenêtre et saute. C’est un ordre, saute!» Je ne voulais pas. […]

Q.: Et là?

R.: Je me suis retournée. Je ne savais pas trop quoi faire. Je l’ai vu qui rentrait dans la chapelle, c’est-à-dire qu’il poussait le rideau.

Q.: De la chapelle?

R.: Oui, je pouvais voir la lumière de la lampe du sanctuaire. […]

Q.: Là, vous l’avez vu [qu’il] poussait le rideau du sanctuaire?

R.: Oui.

Le témoignage de Mireille prouve que son père était bel et bien dans la chapelle quelques instants avant sa mort. Pourtant, un doute subsiste. Est-ce un hasard si des objets liturgiques ont été retrouvés sous son corps? En effet, M. Comtois a pu tomber sur eux après l’effondrement du plancher du deuxième étage. Le coroner Claude Drouin semble avoir eu le même doute, puisqu’il a interrogé deux témoins sur cette question:

Richard Authier, médecin légiste

R.: […] On m’a apporté également […] la patène […] qui avait été retrouvée près du corps de monsieur Comtois.

Q.: Qui aurait pu être dans la chapelle, évidemment?

R.: Je crois que monsieur Comtois aurait dû l’avoir dans ses mains ou très près de lui, parce que cette chose-là a été retrouvée tout près de lui.

Q.: Tout près du corps?

R.: Oui.

Q.: Une patène qui aurait pu être dans la chapelle du Château?

R.: Oui.

Brian Turpin, pompier de la ville de Québec

Q.: Est-ce que vous avez remarqué d’autres choses à côté du corps?

R.: Oui; après avoir soulevé le corps pour le mettre dans le drap, […] j’ai dit: «Je vais creuser un peu plus, je vais peut-être retrouver [d’autres parties de son corps].» Là, […] j’ai trouvé une petite boite de tôle, à peu près carrée comme ça, puis une autre petite affaire, rond de même, couleur or. Cela, je ne peux pas vous dire qu’est-ce que c’est que ça.

Q.: Vous savez qu’est-ce que c’est qu’une patène. Ça ressemblait…

R.: Oui, mais peut-être plus petite qu’une patène, monsieur.

Q.: Plus petite qu’une patène?

R.: Bien, à ce moment-là, y’avait de la vapeur et de la boucane, c’est pas mal dur à dire.

Les petites boites dont parle M. Brian Turpin, ce sont les deux reliquaires que j’ai eu la chance de tenir entre mes mains!

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Cinquante ans après sa mort, le mystère qui subsistait quant aux derniers moments de la vie de Paul Comtois est définitivement levé. Il est certain maintenant qu’il est entré dans la chapelle alors que le feu et la fumée avaient envahi tout l’édifice. Il y est allé dans le but de récupérer quelques objets liturgiques et les reliques.

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Voilà! Maintenant, je peux déclarer mon enquête terminée et je suis heureux qu’elle ait permis de lever le voile sur les derniers moments de Paul Comtois.

Cependant, ma plus grande joie est d’avoir découvert un homme profondément amoureux de la vie et de son Créateur. Son parcours sur cette terre éclaire ses derniers gestes. Il leur apporte leur véritable valeur. Paul Comtois est un chrétien qui a marqué le Québec et l’ensemble de ceux qui l’ont côtoyé. Pour moi, c’est là que réside l’essentiel de toute sa vie.

Une vie qui porte encore des fruits cinquante ans après sa mort.

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Note:

L’auteur tient ici à remercier M. Pierre Lafontaine, archiviste du diocèse de Québec, M. Michel Deschesnes de la Ferme des ormes, M. et Mme Bourque, M. Paul Shooner, Mme Marlène Casciaro, responsable des Communications et relations publiques de l’Ordre des agronomes du Québec, Louis-Michel Gratton, petit-fils de Paul Comtois, Suzanne Couture, technicienne-archiviste du Service des bibliothèques et archives de l’Université de Sherbrooke, ainsi que M. Yvan Carette, technicien en documentation, Direction des services aux usagers et aux partenaires de la Bibliothèque nationale du Québec (Québec).

Yves Casgrain

Yves est un missionnaire dans l’âme, spécialiste de renom des sectes et de leurs effets. Journaliste depuis plus de vingt-cinq ans, il aime entrer en dialogue avec les athées, les indifférents et ceux qui adhèrent à une foi différente de la sienne.