confession
Photo tirée de la page Facebook du film.

La Confession: Là où la lumière passe

Contre toutes attentes, Nicolas Boukhrief sort cette année au cinéma (le 9 février au Québec) La Confession, une nouvelle adaptation libre du même roman à succès de Beck.

Léon Morin, prêtre est un roman largement autobiographique écrit en 1952 par Béatrix Beck et ayant été couronné la même année par le prestigieux prix Goncourt. Une première adaptation cinématographique, consacrée chef d’oeuvre par plusieurs,  nous a été donnée par Jean-Pierre Melville en 1961, mettant en vedette Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva. Trente ans plus tard, à l’aube des années 90, une nouvelle mouture est réalisée pour la télé française. L’histoire n’a de cesse d’inspirer les cinéastes: c’est maintenant au tour de Nicolas Boukhrief de percer l’écran avec sa propre adaptation.

L’histoire demeure essentiellement la même: Sous l’Occupation allemande, dans un village au nord de la France, vit Barny (Marine Vacth), une jeune mère seule. Fervente communiste et athée, celle-ci est exaspérée par l’émoi que suscite l’arrivée du nouvel abbé Morin (Romain Duris). Sûre d’elle, la rebelle Barny pénètre dans l’église pour confronter le prêtre. Tous deux sont déstabilisés par cette rencontre et s’amorce alors une série d’échanges, aussi enflammés que sincères, au cours desquels viennent s’entremêler charme et amitié.

De l’amour humain au divin

Si vous voulez savoir si cela vaut le coup d’aller voir ce film, ne faites pas mon erreur : n’écoutez pas la bande-annonce. Celle-ci donne à croire qu’on nous présentera une énième histoire de relation d’attirance sensuelle entre un jeune prêtre et une belle paroissienne. Que nenni!

Boukhrief ose nous offrir un film qui parle directement de Dieu et du chemin que Celui-ci prend pour toucher le coeur d’une femme forte et souffrante à la fois. Ce chemin de conversion prend les traits du visage du prêtre Morin, grâce à qui Barny laisse ses convictions être questionnées, ébranlées, transformées.

Il en demeure que c’est cette jeune femme, épicentre de l’oeuvre, qui retient toute l’attention. C’est un personnage lumineux (qui le devient de plus en plus au fil de l’histoire), incarné par l’envoûtante Marine Vacth. Avec son je-ne-sais-quoi de Jessica Chastain dans The Tree of Life (pour ceux qui l’ont vu), elle fait à elle seule tout le film.

Cette Barny, qui d’abord attaque et accuse avec virulence le catholicisme qu’elle considère comme une idéologie néfaste et, par le fait même, son porte-étendard le p. Morin, se voit surprendre par un désir qui la dépasse. Déjà assoiffée de vérité et de justice, elle se découvre avide d’amour.

C’est avec grand intérêt que l’on s’intéresse au cheminement de cette jeune femme qui, malgré qu’elle confonde son amour de Dieu et son affection pour le prêtre qui en est le médiateur, demeure droite et honnête.

Un délicat absolu

Cinématographiquement parlant, le scénario de La Confession est construit de manière tout à fait classique.

Le spectateur progresse donc confortablement dans l’histoire, sans surprise, ni bonne ni mauvaise. On avance chronologiquement de dialogue en dialogue, de tableau en tableau, voyant avec plaisir s’y déployer de grandes et incontournables questions (que notre époque parvient pourtant habilement à contourner), comme celles de la foi et de son absence, des relations hommes femmes, du sens de la souffrance et même de la mort.

Grâce à la mise en scène sobre et très juste et à une caméra intimiste sans être voyeuse, on pénètre au coeur des combats très humains vécus par les protagonistes. Charnels et spirituels, ceux-ci sont dépeints avec assez de nuances pour que tous puissent s’y identifier. C’est d’ailleurs une grande force de l’adaptation de Nicolas Boukhrief ; comme la foi du p. Morin, le film se veut accessible à tous et il y parvient.

Ce drame français amène certes un vent de fraîcheur dans la cinématographie actuelle qui sous-entend (ou parfois même déclare haut et fort) que rien n’a de sens, que tout est relatif et que tout le monde a raison. Devant La Confession, tout comme lors d’une véritable confession, tous sont amenés à se questionner, à tendre l’oreille et à se laisser toucher.

En vrac

Points forts :

  • Les images sobres et soignées;
  • Les thématiques abordées dans les dialogues riches et bien écrits;
  • L’usage des silences bien dosé;
  • Le visage ô combien cinégénique de Marine Vacth (Barny).

Points faibles :

  • Histoire lente à démarrer;
  • Jeu parfois approximatif;
  • Quelques anachronismes;
  • Personnages secondaires manquant de finesse.

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La Confession (v.o.f.s.-t.a.). Drame de Nicolas Boukhrief. Avec Romain Duris, Marine Vacth, Anne Le Ny, Solène Rigot. 1h56.

En collaboration avec MK2/Mile-End, distributeur de films d’auteur nationaux et internationaux.

Noémie Brassard

Noémie est mère de 4 enfants. Dans son ancienne vie, elle a complété une maitrise en cinéma à l’Université de Montréal. Ses recherches portaient sur les films réalisés par les religieuses au Québec. Elle a préalablement réalisé deux courts métrages documentaires ayant voyagé plus qu’elle-même. Elle siège sur notre conseil éditorial.