De nos jours, on associe habituellement l’Halloween avec l’imaginaire de la sorcellerie, comme en témoignent les décorations et les déguisements que l’on retrouve un peu partout. Mais si cette fête était avant tout chrétienne ? En se penchant sur ses origines, on découvre bien des surprises !
Le terme «Halloween» vient du moyen-anglais All Hallow’s Eve, qui signifie « Veille de la fête de tous les saints ». Elle est en effet célébrée le 31 octobre, la veille de la Toussaint. Le 1er novembre est d’ailleurs un jour férié dans plusieurs pays européens de tradition catholique, comme la France. L’Halloween est ainsi directement reliée à la fête de la Toussaint.
La Toussaint : une fête, deux versions
L’origine de la Toussaint remonte à l’an 609, lorsque le pape Boniface IV a décidé d’ajouter une fête liturgique pour honorer tous les martyrs de l’Église. Il en a fixé la date au 13 mai afin qu’elle coïncide avec celle de l’inauguration du Panthéon de Rome. Cette date se situant presque toujours dans le temps pascal, elle semblait d’autant plus appropriée pour honorer ceux qui avaient donné leur vie pour l’Église.
Un peu plus d’un siècle plus tard, en 732, le pape Grégoire III a élargi cette fête à tous les saints et l’a déplacée au 1er novembre. Ce changement n’était pas un hasard, car cela correspondait à une fête païenne qui perdurait dans les pays celtiques, en particulier en Irlande.
En effet, malgré l’œuvre colossale d’évangélisation de saint Patrick et malgré la présence de nombreux monastères, les traditions celtiques demeuraient vives en Irlande. La population, bien que christianisée, continuait à célébrer les nombreuses fêtes celtiques. Au lieu de chercher à mettre un terme à ces célébrations, l’Église a plutôt misé sur la christianisation de leur sens.
De la peur à l’espérance
La plus populaire était celle de Samhain (prononcer « so-waine »), qui avait lieu la veille du 1er novembre, date du début de l’hiver et de la nouvelle année dans le calendrier celtique. Les Celtes croyaient que, ce soir-là, le monde des vivants et celui des morts s’entrecroisaient et que de mauvais esprits pouvaient rôder en toute liberté.
Pour conjurer le sort, ils allumaient de grands feux et brulaient des produits de la terre ou des animaux en sacrifice aux divinités celtes. Certains se déguisaient avec des peaux d’animaux pendant le rituel, tandis que d’autres laissaient des grains de la récolte autour de la maison pour empêcher les mauvais esprits de faire du mal à ses occupants pendant la nuit. Reconnaissez-vous le fameux « un bonbon ou un mauvais sort »?
La Toussaint étant désormais fixée au 1er novembre, la vigile de cette fête est venue remplacer le Samhain. Les gens pouvaient toujours faire de grands feux et se rassembler, mais les déguisements honoraient maintenant les saints ou les anges. Tout ne s’est toutefois pas passé comme prévu. Certains ont plutôt choisi des costumes de démons, et quelques coutumes païennes ont persisté. Par exemple, des navets (remplacés plus tard par les citrouilles) étaient creusés et on y déposait une chandelle allumée. C’était, croyait-on, un procédé magique qui permettait de conserver les récoltes jusqu’à la saison prochaine.
Retour en arrière avec la Réforme protestante
Dans le reste de l’Europe, en revanche, la veille de la Toussaint demeurait une fête exclusivement chrétienne. Elle a toutefois beaucoup souffert de la Réforme protestante du 16e siècle. Les Anglicans étaient parmi ses plus farouches opposants, craignant d’encourager les croyants à demander l’intercession des saints, ce qui est interdit par la doctrine protestante.
Or, l’Irlande devenant une colonie anglaise, il y était de plus en plus difficile d’afficher une pratique catholique. La Toussaint devait donc être célébrée clandestinement. Il devenait ainsi plus facile de suivre les vieilles coutumes du Samhain (qui, hormis les sacrifices, n’avaient jamais complètement disparu) que de célébrer l’Halloween catholique ! La fête a donc progressivement été associée aux traditions du Samhain, et son origine catholique est tombée dans l’oubli.
Naturellement, les Irlandais qui ont émigré en Amérique du Nord au 19e siècle ont exporté ces coutumes. Au départ, seule la diaspora irlandaise fêtait l’Halloween, mais à la suite de la baisse et de la libéralisation de la pratique religieuse, cette fête a fini par être largement adoptée sur le continent.
L’Halloween, telle qu’elle est célébrée aujourd’hui, tient donc beaucoup plus de la fête de Samhain que de la fête de All Hallow’s Eve. Cela dit, il est cependant tout à fait possible de la célébrer de manière chrétienne !