Pour les chrétiens, il n’y a pas vraiment d’ambiguïté. Ils croient au Christ, Dieu incarné, Sauveur de l’Univers. Point barre. Du côté des adeptes de la pensée ésotérique, c’est un peu plus flou. La nébuleuse ésotérique est si répandue et banalisée qu’un flair aiguisé est nécessaire pour en distinguer les contours. Pour y voir plus clair, voici trois grandes différences entre christianisme et ésotérisme.
Le christianisme se distingue de l’ésotérisme par trois conceptions fondamentales sur lesquelles leurs points de vue divergent: le monde, la connaissance et la relation.
Le monde : panthéisme (la divinité est tout) contre monothéisme (Dieu est Père)
Le panthéisme tend à représenter la nature comme un être divin auquel on rend un culte et une adoration. L’enseignement ésotérique est basé sur cette philosophie. On rejette l’idée d’un dieu créateur et transcendant. On voue un culte au grand tout, dans lequel la personne humaine se fond. L’humain est une parcelle de ce tout.
Le monothéisme est la croyance en un seul Dieu, distinct de l’Univers. Il en est le créateur, et l’humain sa créature. Pour le chrétien, Dieu est Père. Toute sa vie, il apprend à connaitre Dieu, à l’aimer et à le servir. La nature, tout autour de lui, est un cadeau mis à sa disposition. Elle est faite pour lui.
Puisqu’il n’y a pas d’altérité entre le monde et la personne dans la conception du monde ésotérique, il n’y a pas de relation possible. Dans la pensée chrétienne, le Père a créé le monde dans le but de vivre une relation d’amour avec l’être humain. C’est cette alliance que Jésus est venu rétablir.
La connaissance : cachée (la divinité est inaccessible) contre révélée (Dieu est Fils)
Selon la philosophie ésotérique, l’absolu est inaccessible à l’intelligence humaine. L’adepte doit être initié à une connaissance occulte – souvent longue, ardue et couteuse – afin d’hypothétiquement arriver à la pleine connaissance.
C’est par des pratiques occultes et des techniques savamment étudiées qu’on peut espérer s’élever et saisir une parcelle de divin. Pour y parvenir, on fait appel à des énergies, à des forces, à des «anges de lumière» ou à des esprits, lesquels donnent effectivement des pouvoirs personnels.
Dans le christianisme, toute connaissance a été révélée en la personne de Jésus, considéré comme un frère, un familier, un proche. Dieu le Père s’est révélé tout entier en son Fils. «Qui me voit voit le Père», dit Jésus (Jn 14,9). La seule façon de connaitre Dieu est par Jésus et les Évangiles.
Bref, le chrétien sait à qui il s’adresse quand il prie. L’adepte du New Age, comme celui qui s’exerce à des pratiques occultes, croit connaitre les esprits invoqués, mais dans les faits, il n’en sait rien et peut facilement être berné et manipulé par eux.
La relation: aucune (la divinité est Pouvoir) contre personnelle (Dieu est Amour)
Dans le christianisme, Dieu est une Personne qui aime. C’est l’Esprit Saint, l’esprit d’amour, qui fait les premiers pas dans la relation avec la personne. Il donne tout gratuitement. C’est une grâce. Les charismes, par exemple, sont donnés à une personne sans que celle-ci ait fait quoi que ce soit pour les mériter.
Le chrétien peut demander une grâce, mais s’il ne la reçoit pas immédiatement, il comprend que c’est parce que Dieu le veut ainsi et prépare pour lui quelque chose de plus ajusté.
Dans l’ésotérisme, les exercices, les rituels, les prières ou les techniques de méditation sont entièrement centrées sur soi afin d’obtenir un bienêtre, un plus grand pouvoir de guérison, une meilleure concentration, etc. Par exemple, la technique de méditation de pleine conscience, promue au sein d’institutions laïques et mêmes chrétiennes (!), vise une meilleure hygiène mentale, affective et intellectuelle. Le but est le bienêtre, à la rigueur la performance. Rien d’autre.
Le christianisme est centré sur la relation à Dieu. La prière, sous forme de méditation, d’oraison, d’intercession ou de louange, est un temps passé avec Dieu pour alimenter la relation, la garder vivante, ainsi qu’on le fait avec un ami.
Parvenir à la perfection
Souvent, les personnes qui adhèrent aux enseignements ésotériques, que ce soit les sciences occultes ou le New Age, sont guidées par de bonnes intentions. Elles sont conscientes que la vie n’est pas que matière et savent intuitivement que la vie spirituelle existe. Sachant cela, elles veulent gouter la vraie vie et aider les autres à vivre mieux. En ce sens, elles ont la même quête spirituelle que les chrétiens et le même désir d’aimer leur prochain.
La différence est dans la manière d’aider et dans les raisons qui motivent ces deux groupes. Le chrétien fait appel à Dieu, l’ésotérique à des forces et à des puissances obscures.
On adhère à l’ésotérisme/New Age par des groupes sectaires ou par diverses pratiques occultes personnelles (astrologie, cartomancie, reiki, yoga, magie, druidisme, sorcellerie, channeling, divination, radiesthésie, hypnotisme, chamanisme, théosophie, Ouija, numérologie, alchimie, écriture automatique, franc-maçonnerie, etc.). Voici deux exemples de banalisation de l’ésotérisme: Salut Bonjour et Le Devoir.
Dans l’ésotérisme, toute l’ascèse exercée pour s’élever vers la divinité du grand tout est le moyen pour atteindre la perfection (le nirvana, l’extinction de tous les désirs). L’idée de la réincarnation est derrière tout ça.
Pour le chrétien, il n’y a qu’une seule vie, et cette vie est éternelle. Son but est de vivre en communion parfaite avec le Père et toute l’Église (tous les enfants de Dieu) dans son Royaume, après le passage de la mort. Seul l’Esprit Saint peut amener le chrétien à la perfection de l’amour, par Jésus.
La meilleure image demeure celle qu’a donnée Thérèse de Lisieux: «L’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus!» Le chrétien se laisse porter par le concepteur de l’ascenseur. L’ésotérique fait de l’escalade avec un équipement d’origine incertaine…