Il y a quelques mois, Frédéric, 29 ans, est ordonné diacre en vue du presbytérat. Un appel qu’il reçoit durant une rencontre de familles catholiques.
Avec ses sept frères et sœurs, il fait l’école-maison, primaire et secondaire. Un choix éducatif qui «aide à fortifier les valeurs familiales sans qu’il y ait toujours d’autres influences. Il y en a toujours, dans nos rencontres ou quand on regarde la télé – on reste dans le monde –, mais ça nous solidifie, on se sent moins fragiles», précise-t-il.
Le rôle de l’école-maison est pour lui indéniable dans la construction de sa foi. Il fait remarquer que ce contexte permet également un regard un peu plus extérieur sur la société et vient confirmer le besoin de Dieu pour répondre à plusieurs de ses problèmes.
«Quand j’entends des témoignages de personnes qui se sont converties et la misère dans laquelle elles vivaient, ça ne me fait pas envier leur vie sans Dieu.» Il insiste pourtant sur le fait que ce type d’histoires le fortifie lui-même dans sa foi.
Éduquer avec intelligence
Autre avantage de l’école à la maison: l’horaire flexible. La famille intègre des moments de catéchèse ou de prière pendant la journée. Au bout d’un certain temps, ils décident de participer à la messe quotidienne de leur paroisse. Frédéric souligne l’importance du curé dans son cheminement de foi: «Il s’adressait aux jeunes et nous encourageait. Ses homélies étaient de véritables catéchèses.»
Enfant, la messe ne l’intéressait pas tout le temps. Mais il ne se souvient pas que ses parents aient dû l’y amener de force. «Ils faisaient appel à l’intelligence, ils m’avaient fait comprendre que c’était important d’y aller.»
«Je ne me souviens pas d’avoir été reviré
comme une crêpe.» – Frédéric
Le jeune Estrien a toujours fait confiance à ses parents et à leur manière de l’éduquer. En l’écoutant, on perçoit tout de suite les marques de cette intelligence dans son cheminement. Ses parents ont d’ailleurs remarqué un changement chez lui, vers six ans: il voulait devenir plus sage, il voulait faire de bonnes choses.
«J’ai compris assez jeune l’importance de choisir le bien et j’ai voulu choisir ce qui est bon», corrobore Frédéric, s’appuyant sur le témoignage de ses parents. Comme ainé, il ne cache pas non plus la tentation de toujours vouloir bien faire les choses. Il avoue même que ses intentions sont, à l’époque, souvent teintées de volontarisme.
Un cheminement familial
Pour Frédéric, la famille est importante pour orienter ses choix individuels. Il n’hésite pas à parler d’un «cheminement familial» sur bien des aspects de leur vie de foi. Il raconte avoir été un jour remis en question par l’un de ses amis sur le fait de participer à l’Halloween. Une année, il décide de ne plus y prendre part et, progressivement, c’est toute la famille qui s’est plutôt mise à célébrer la Toussaint, avec d’autres.
On se doute que la vie familiale est déjà bien remplie chez les Langlois (aucun lien avec l’auteur de ces lignes). Or, le foyer est depuis toujours un lieu vivant où de nombreuses autres familles se regroupent. Que ce soient les ressourcements du dimanche, le groupe d’école-maison ou les activités pour les jeunes ados, ils ont toujours eu à cœur d’aider les autres à cheminer. «Le tuyau d’arrosage est le plus arrosé», lance Frédéric, signifiant par là que ceux qui donnent ou organisent reçoivent autant, sinon plus, que ceux qui ne le font pas.
Il insiste: «Les gens avec qui l’on est le plus souvent, c’est à eux qu’on risque le plus de ressembler. D’où l’importance, surtout pour ceux qui vont à l’école, de se retrouver avec des familles croyantes.»
Même s’il s’est parfois senti abandonné par Dieu, il n’a jamais eu de doutes importants quant à sa foi. «Je n’ai jamais connu de grosses crises. C’est un cheminement avec des hauts et des bas.» Il se rappelle certains moments de prière intense durant son adolescence, et même plus jeune, où sa relation à Dieu est déjà bien personnelle, mais «tout a été tellement graduel, je ne saurais dire à quel moment je suis passé de la foi de mes parents à la mienne».
Photo : Pierre Langlois