relativisme
Photo : Anika Huizinga / Unsplash

Tout est-il relatif ?

Notre époque est fortement marquée par le relativisme. En bien des domaines, plusieurs pensent que la vérité dépendrait non pas de la réalité, mais des opinions subjectives de chacun. Jusqu’ici, pas besoin d’être un fin analyste pour observer ce phénomène. 

Si cette tendance n’est pas nouvelle, elle connait une accélération importante depuis quelques années. Ce ne sont plus seulement les croyances religieuses, existentielles ou morales qui sont relatives, mais même l’identité sexuelle et personnelle. Cette tendance est bien ressortie dans les réactions à l’égard du récent projet de loi 2. De plus en plus, on présente les sentiments comme une norme infaillible pour nos choix personnels.

Alors que cette idée vient balayer toutes les grandes questions à la manière d’un puissant ouragan, arrêtons-nous pour y réfléchir. Est-il vrai qu’on ne saurait contester les sentiments ? Les opinions personnelles peuvent-elles pleinement guider nos vies ?

Le relativisme : une nouvelle norme morale

Dans les dernières décennies, on a vu se développer une nouvelle norme morale selon laquelle le bien personnel est relatif aux individus. Autrement dit, chacun doit déterminer ce qui est vrai et bon pour lui-même. Cette nouvelle norme morale relativiste ou subjectiviste s’est étendue et aujourd’hui embrasse quasiment tous les domaines de la vie individuelle : la sexualité, la religion, la vision du monde, la vie, la mort, l’identité, etc.

Si cette nouvelle morale poursuit de bonnes fins qu’il ne faut pas perdre de vue, elle a aussi des impasses qu’on ne peut pas cacher sous le tapis. 

Dans cette optique, toute personne doit déterminer sa vision d’elle-même, du monde et de ce qui est bien ou mal. Cependant, comment fait-on cela ? Bien que ce soit à chacun de trouver ses propres moyens de répondre, les sentiments sont de plus en plus mis de l’avant comme des guides fiables. En effet, si la conception du bien, du mal et de la réalité elle-même est relative à chacun, comment la raison pourrait-elle nous dire ce qui est vrai et objectif à ce sujet ? Ainsi, les sentiments semblent être les meilleurs juges.

Les forces du relativisme…

Tout d’abord, il importe de bien voir que cette nouvelle manière de penser possède des forces indéniables. 

En effet, c’est d’abord dans un but de paix que le relativisme s’est développé. Cette approche veut empêcher les individus et les groupes de se faire la guerre en s’imposant leurs idées. Aussi, le relativisme veut davantage respecter les différences entre les personnes en permettant de ne pas écraser ce qui leur est propre. 

Cette approche veut également remettre en lumière le rôle des sentiments pour répondre aux questions personnelles. De fait, il est sain de porter une plus grande attention aux mouvements qui nous habitent. 

… et ses impasses

Si cette nouvelle morale poursuit de bonnes fins qu’il ne faut pas perdre de vue, elle a aussi des impasses qu’on ne peut pas cacher sous le tapis. 

Le relativisme fait tout d’abord violence à une tendance humaine profonde : notre désir de connaitre la vérité. Lorsqu’on regarde honnêtement notre vie, on voit qu’il y a bien en nous un désir de vérité et non d’erreur ou de fausseté. 

Cette nouvelle morale nous rend dépourvus de principes solides pour discerner. Encore une fois, lorsqu’on regarde honnêtement notre vie, on voit que nos sentiments ne nous permettent pas de déterminer pleinement ce qui est bien ou mal, vrai ou faux. 

Cette manière de penser favorise également l’individualisme en affirmant qu’on ne peut pas connaitre ce qui est bon et vrai pour autrui. 

Ce relativisme est aussi fragile, car il menace ses propres fondations : s’il n’y a pas de vrai bien objectif capable de nous réunir, comment imposer ou défendre la morale relativiste autrement que par la force ? Autrement dit, le relativisme s’attaque lui-même en voulant s’affirmer.

L’amour de la vérité et la vérité de l’amour

Pour sortir des impasses du relativisme, sans délaisser ses forces, il importe de retrouver deux attitudes fondamentales : l’amour de la vérité et la vérité de l’amour. 

D’un côté, l’amour de la vérité nous place dans une recherche, elle nous pousse à trouver des principes pour bien choisir et elle nous invite à fuir les formes de repliement sur soi. Loin de nous figer dans le dogmatisme, l’amour de la vérité ouvre nos horizons et nous invite à rencontrer les autres.

De l’autre, la vérité de l’amour nous invite à chercher l’amour véritable. Celui qui blesserait autrui ou qui négligerait ses spécificités n’aurait pas un vrai amour. Il négligerait une vérité fondamentale : celle de l’amour. Ainsi, l’amour de la vérité ne doit pas conduire à la violence ou aux mépris, mais à la vérité de l’amour. 

Au final, amour et vérité doivent être au rendez-vous.

Jean-Philippe Murray

Jean-Philippe a étudié la philosophie à l’Université Laval. Il est ensuite entré au séminaire où il chemine présentement pour devenir prêtre. Il ne cesse pas d’être attiré par la Vérité qu’il cherche avec passion et embrasse partout où il peut la trouver.