impuissance
Illustration: Judith Renaud/Le Verbe

Lutter contre l’impuissance

De plus en plus, nous sommes rapidement et largement informés des catastrophes qui surgissent dans le monde entier : guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, crises migratoires, bouleversements écologiques, inflation, attentats, etc. Si nous sommes plus informés des troubles qui affectent l’humanité, nos capacités de les régler demeurent toutefois assez limitées.

Pour plusieurs, cette situation suscite un sentiment de stress, d’impuissance et même de découragement : que faire devant des problèmes qui nous dépassent et nous angoissent ? Deux avenues à explorer.

Zones d’influence et de préoccupation

Que sont les zones d’influence et de préoccupation et comment leur donner leur juste place?

La zone d’influence désigne ce sur quoi nous avons une influence dans notre vie, ce que nous pouvons, en tout ou en partie, changer par notre action : notre horaire, nos habitudes, notre travail, nos loisirs, nos communautés, etc.

La zone de préoccupation concerne ce que nous suivons activement, les choses qui nous préoccupent et nous intéressent : la politique, l’écologie, le sport, la religion, les arts, la philosophie, etc.

L’enjeu n’est pas seulement de repérer nos zones d’influence et de préoccupation, mais encore de bien les ajuster pour nourrir notre action. Lorsque notre sphère de préoccupation grandit alors que celle d’influence diminue, le sentiment d’impuissance et de découragement s’accroit et l’action décroit. Au contraire, lorsque notre sphère d’influence augmente et que celle de préoccupation diminue et s’adapte à la première, le sentiment d’impuissance et de découragement diminue et l’action grandit.

Zone d’influence + PRÉOCCUPATION = angoisse et impuissance
ZONE D’INFLUENCE + préoccupation = confiance et action

Par exemple, le père de famille qui suit intensément la politique américaine ou le baseball et qui consacre moins d’énergie à sa famille et à son travail nourrit sa sphère de préoccupation et affaiblit celle d’influence. Ainsi, par intérêt pour des réalités sur lesquelles il n’a pas ou peu d’influence, il délaisse celles sur lesquelles il pourrait réellement agir.

Inversement, l’étudiant qui délaisse un peu les nouvelles climatiques mondiales et qui se consacre davantage à ses études et à son équilibre de vie augmente sa capacité d’action et de changement. En concentrant davantage ses préoccupations sur ce qu’il peut changer, il agrandit à long terme sa zone d’influence pour œuvrer plus activement aux soucis climatiques qui l’intéressent.

Les alliés : la conversion et la prière

Si reconnaitre et ajuster nos zones d’influence et de préoccupation peut nous aider à appréhender ce qui nous dépasse, ce n’est pas suffisant. Cet outil de coaching risque vite d’être délaissé ou détourné s’il n’est pas accompagné d’une transformation intérieure et d’une aide supérieure. Combien de connaissances et d’outils avons-nous abandonnés ou mal utilisés? La conversion et la prière sont ici nos alliées.

La conversion est nécessaire pour purifier et améliorer nos choix et nos actions; la prière est essentielle pour trouver un soutien qui dépasse nos faiblesses.

La transformation de ce monde commence par notre propre conversion, qui n’est possible qu’avec Dieu.

Non seulement elles nous aident à ajuster ce sur quoi nous pouvons agir et ce qui nous intéresse, mais elles viennent aussi mystérieusement augmenter notre influence. Le témoignage des saints est parlant.

Prenons l’exemple de saint François d’Assise. Il a vécu en Italie à la fin du 12e siècle, et Jésus l’a appelé à reconstruire son Église qui tombait en ruine en raison de l’importante corruption qui frappait le clergé catholique. Comment a-t-il répondu à cette mission ? Principalement par la conversion et par la prière. Se laissant lui-même d’abord transformer et soutenir par la grâce de Dieu, saint François a pu profondément toucher ses contemporains et participer activement à la rénovation de l’Église.

Lorsque nous nous mettons à l’école des saints, nous découvrons que la transformation de ce monde commence par notre propre conversion, qui n’est possible qu’avec Dieu. Paradoxalement, c’est par une transformation intérieure irréalisable par les seules forces humaines que peut s’effectuer un véritable changement extérieur et global.

Loin de nous enfermer en nous-mêmes, la prière donne à notre vie et à nos actions des horizons plus hauts et plus larges, elle nous permet de transcender notre influence humaine et limitée.

Jean-Philippe Murray

Jean-Philippe a étudié la philosophie à l’Université Laval. Il est ensuite entré au séminaire où il chemine présentement pour devenir prêtre. Il ne cesse pas d’être attiré par la Vérité qu’il cherche avec passion et embrasse partout où il peut la trouver.