Marchés Noël
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Les marchés de Noël: entre l’Allemagne et la Provence

Les marchés de Noël gagnent en popularité d’année en année partout au Québec. La forme la plus connue nous vient des pays germaniques, le fameux «marché allemand». Il en existe cependant une autre, issue cette fois du sud de l’Europe. Elle est plus récente, mais peut-être plus directement liée à Noël. Vous connaissez?

Les marchés de Noël tiennent probablement leur origine des marchés d’hiver européens, qui se déroulaient chaque année en décembre autour des églises. Celle-ci étant au centre du village, c’était le lieu idéal pour que les marchands y établissent leurs étals. Le marché d’hiver était traditionnellement plus important que celui d’été et l’on y vendait surtout de la viande, de la poterie, des aliments cuits au four et des friandises.

Tradition allemande

C’est en 1434 à Dresde, en Allemagne, que s’est déroulé le tout premier marché conçu spécifiquement pour Noël. Il s’appelait « Striezelmarkt », le striezel étant une pâtisserie du temps des fêtes. Cette année-là, il s’est tenu la veille de Noël seulement, mais il s’est par la suite prolongé, et le concept a été repris par d’autres villes d’Europe centrale.

Ils étaient sans doute très différents de ceux d’aujourd’hui, car à cette époque, on y vendait surtout de la nourriture. Il en existe encore un aujourd’hui, le « Christkindelsmärik ». Il se tient sur la place Broglie du marché de Noël de Strasbourg depuis 1570.

Tandis que ce concept s’implantait progressivement à l’ensemble du Saint Empire romain germanique, une autre tradition a fini par émerger deux siècles plus tard dans le sud de la France, celle de la foire aux santons.

La foire aux santons en Provence

Si l’on retrouve des crèches de Noël dans les églises depuis le XIIe siècle, c’est seulement vers la fin du XVIIIe qu’on a commencé à en retrouver dans les maisons. En effet, à la suite de la Révolution française, les églises sont devenues propriété de l’État et les crèches y ont été interdites. Les fidèles souhaitant perpétuer la tradition de la crèche n’avaient d’autre choix que d’en créer une à la maison avec des petits personnages, les santons, du provençal santoun, signifiant «petit saint».

La première « foire aux santons » a vu le jour à Marseille en 1803. Rapidement, d’autres foires sont apparues dans toute la Provence, et des stands de vente de nourriture et de boissons se sont ajoutés à côté de ceux des vendeurs de santons. Les spécialités culinaires qu’on y retrouvait étaient cependant très différentes de celles des marchés de Noël germaniques. Les pains d’épice, les bratwursts et les stollens ont fait place aux calissons, aux nougats, aux fruits confits et à l’huile d’olive.

Deux traditions, un marché

À la fin du XIXe siècle, avec la révolution industrielle, l’augmentation du niveau de vie et l’émergence d’une classe moyenne, les marchés de Noël, aussi bien les germaniques que les provençaux, se sont agrandis et diversifiés. Ils se sont mis à proposer de nombreux objets de décoration et d’artisanat, comme on peut le voir dans les marchés de Noël actuels. Les deux traditions ont d’ailleurs fini par se mélanger, et on peut très bien trouver des santons au marché de Noël de Strasbourg, par exemple.

Les marchés de Noël germaniques traditionnels semblent plus proches de l’esprit de Noël que les marchés actuels. Comme on y vendait surtout de la nourriture et des boissons, cela permettait principalement aux amis et aux familles de se rassembler, en anticipation des grands rassemblements qui auraient lieu les 24 et 25 décembre.

Toutefois, les marchés de Noël provençaux sont plus intimement liés à la Nativité par les santons qu’on y retrouve. Ils permettent de se procurer tout le nécessaire à la confection d’une crèche pour accueillir l’Enfant Jésus le matin du 25 décembre, ce qui est bien le cœur de la fête de Noël. Ces marchés nous rapprochent donc de la signification originelle de la fête de la Nativité.

Romain Martiny

Romain est professeur en sciences au collégial.