Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le monde retient son souffle. Stupéfaites par ce coup de force, les grandes puissances occidentales ont décrété des sanctions économiques à l’encontre du président russe Vladimir Poutine et de certains de ses dirigeants les plus proches. De leur côté, les membres de la diaspora ukrainienne et les catholiques se mobilisent pour soutenir la population qui a grandement besoin d’argent et de prières.
« J’ai eu des nouvelles de ma mère et de mon frère ! », me lance Anton Sheremet de son appartement à Montréal. Originaire d’Ukraine, c’est avec anxiété qu’il suit l’évolution de cette agression armée.
Bien que soulagé de savoir que ses proches sont sains et saufs, Anton n’est pas dupe pour autant. Il sait que les prochains jours, voire les prochaines semaines, seront critiques.
« La situation là-bas n’est pas rose. Les denrées de première nécessité commencent déjà à manquer. Les magasins se vident rapidement. Les gens veulent retirer leurs économies de la banque. L’état de panique s’est installé rapidement. »
Soutenir l’Église locale
« L’Ukraine est un pays pauvre. Avec la guerre, je suis persuadée que la situation va se détériorer », fait remarquer Marie-Claude Lalonde, directrice de l’organisme catholique Aide à l’Église en détresse-Canada (AED).
« Qu’est-ce qui va arriver à ces gens qui avaient déjà tout perdu ? Notre crainte est là ! », lance-t-elle.
C’est pourquoi l’AED a débloqué un fonds d’urgence totalisant 1 million et demi de dollars en aide immédiate.
« Cette aide va aux prêtres et aux communautés religieuses. Ce sont eux qui vont nourrir, soigner, héberger et rassurer la population », explique Marie-Claude Lalonde.
« L’aide humanitaire passe par l’Église catholique. Elle est ensuite distribuée aux personnes qui en ont besoin. Nous savons que l’argent se rend bien à destination », assure-t-elle.
Cette aide est offerte à tous, sans distinction, précise la directrice de l’AED : « Lorsque quelqu’un qui a faim cogne à la porte d’une église, il sera accueilli. Devant un ventre qui a faim, la religion ne compte pas ! »
Marie-Claude Lalonde insiste : « Donnez, c’est important ! Pour redresser le pays, il faudra sans doute des millions de dollars et plusieurs années », lance-t-elle.
« Il faut absolument soutenir l’Église locale, car elle va être la seule à aider véritablement les gens dans le besoin. Là-bas, les églises sont la véritable porte d’entrée pour recevoir de l’aide concrète et de la nourriture », explique-t-elle.
Cet appel est également relayé par Anton. « Il est très important que les Églises puissent poursuivre leurs œuvres en Ukraine. Il faut qu’elles soient en mesure d’ouvrir leurs portes pour aider les malades, nourrir les affamés. »
L’aide spirituelle
Dans ce conflit, dont nul ne peut prédire l’issue, la prière joue un rôle capital, comme le souligne le père Édouard Shatov. Né dans la Russie communiste, il est maintenant membre de la congrégation des Augustins de l’Assomption.
« La première chose que j’ai faite jeudi matin, c’est de présider l’eucharistie. J’ai invité les participants à s’unir à la prière du peuple ukrainien et à prier pour les personnes souffrantes. »
Édouard Shatov, qui est responsable du centre de culture et de foi Le Montmartre de Québec, rappelle « qu’un des devoirs des catholiques est de prier pour tous et spécialement pour ceux et celles qui subissent l’injustice et la violence. Il faut également porter dans la prière ceux qui infligent la violence. Prier pour les Russes aide à ne pas les diaboliser. La prière nous permet de discuter dans la bienveillance. Elle nous permet de nous rappeler que l’envahisseur est toujours un être humain. »
Le père Shatov insiste encore sur la puissance de la prière:
« Elle est là pour nous soutenir, nous renforcer, nous donner ce souffle de l’Esprit Saint qui nous aide à traverser ce temps d’épreuve, tout en nous empêchant de devenir indifférents à l’autre. »
Comme le pape François l’a fait avant lui, il invite les catholiques à prier pour la paix, tout en soulignant que celle-ci est impossible sans la justice.
« Je continue à prier. Je ne lâche pas ! », lance pour sa part Anton. « Je médite le chapelet chaque jour. Je le tiens tout près de moi. La prière nous aide à garder notre sang-froid. »
Le jeune Canado-Ukrainien souligne également le rôle de l’Esprit Saint dans de telles situations. « Il nous aide à retrouver nos repères. »
L’organisation de l’Aide à l’Église en détresse, a déjà lancé des appels à la prière en faveur du peuple ukrainien. « Nous relayons également l’appel à la prière du pape François », précise Marie-Claude Lalonde.
Par ailleurs, elle invite les catholiques à bien s’informer de la présente situation en Ukraine. « Tout le monde peut jouer le rôle de transmetteur d’informations. Par leurs propres réseaux, les gens peuvent faire connaitre la mission de l’Église catholique auprès de la population ukrainienne. »