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Photo : Entract Films

Les vraies motivations d’Irena Gut

Texte par Alexis Drapeau-Bordage

La promesse d’Irena, le dernier film de la réalisatrice Louise Archambault, raconte l’histoire vraie d’Irena Gut, une infirmière polonaise qui a sauvé la vie de 12 juifs durant la Deuxième Guerre mondiale. Il retrace la vie de l’héroïne à la période où la Pologne est prise par les forces allemandes.

On assiste au lent processus d’exclusion des juifs, par petites étapes inoffensives prises individuellement, mais dont l’aboutissement est dramatique. Le traitement réservé à tous ceux qui les protègent ainsi qu’aux Slaves est aussi abordé.

Irena elle-même est contrainte au travail forcé, ce qui l’amène à devenir la gouvernante de la maison du major Eduard Rügmer. La violence nazie dont elle est témoin la pousse à utiliser sa position privilégiée pour mettre en sécurité un groupe de juifs sous le nez même de l’ennemi.

Sophie Nélisse rejointe au téléphone par Le Verbe, incarne le personnage principal du film. Elle la décrit comme « brave, résiliente, altruiste et rayonnante ». L’actrice de 24 ans aime aussi particulièrement le personnage de Schulz, un vieil aubergiste qui aidera la protagoniste et « apporte beaucoup de douceur et de calme au film ». Elle ajoute qu’« il y a beaucoup de personnages comme lui qui, à travers la guerre, ont été des complices plus silencieux dont on ne connait pas l’histoire », mais qui sont tout de même héroïques.

L’angoisse latente est heureusement entrecoupée de moments joyeux vécus par les juifs sauvés par la jeune Polonaise. Elle participe notamment à certaines de leurs fêtes et ils apportent ainsi une touche d’humanité. Ces scènes sont bienvenues et allègent le film, autrement assez lourd entre les exécutions et les discours haineux.

Devenir Irena Gut

La promesse d’Irena marque un retour dans l’univers de la Seconde Guerre mondiale pour la jeune actrice qui s’est fait connaitre à l’international dans La Voleuse de livres. Jouer Irena était pour l’actrice une « continuité » de son personnage de 2013; « elles se ressemblaient sur plusieurs facettes, ce sont des femmes très altruistes qui mettent les besoins des autres avant les leurs ».

Sélectionnée pour le rôle seulement trois semaines avant le tournage, cette première expérience a grandement facilité sa préparation pour le rôle d’Irena. « Je m’étais beaucoup instruite sur la Seconde Guerre mondiale et, quand j’ai filmé à Berlin, j’ai eu la chance de visiter les camps de concentration, donc je me sentais déjà bien calée dans la matière », explique-t-elle.

Avant de filmer, elle a tout de même eu l’occasion de suivre des cours afin de maitriser l’accent polonais. Elle a aussi pu approfondir ses connaissances sur Irena en regardant des photos prises dans sa vingtaine et en écoutant des entrevues pour s’inspirer de sa gestuelle.

À travers ses recherches, certains éléments qui ne sont pas présentés dans le film l’ont particulièrement touchée, dont son agression sexuelle par des membres de l’armée rouge. Le silence sur ces évènements, gardé de nombreuses années, a aussi étonné la jeune actrice. Ce n’est qu’en 1975, à la suite d’un appel téléphonique d’un négationniste de l’Holocauste, qu’Irena décide de partager son histoire et de publier son autobiographie Mémoires d’une Juste.

Une femme de foi

À l’exception d’une scène à la messe et d’une mention dans une conversation, la foi de la jeune Polonaise n’est pas mise de l’avant dans le film. L’actrice souligne que la réalisatrice et le scénariste « ne voulaient pas trop axer son histoire sur ça », ajoutant que « le film cherche à aller au-delà de nos différences religieuses ».

Cependant, pour l’Irena Gut historique, la foi catholique était particulièrement importante. Elle a reçu notamment une bénédiction particulière de la part du pape Jean-Paul II en 1995. Elle a décrit ce moment à l’époque comme étant le plus grand cadeau qu’on puisse lui faire. Elle avait déjà reçu en 1982 la distinction de Juste parmi les nations de la part de l’état hébreu.

« [Sa foi] était un moteur de force énorme pour elle, elle basait beaucoup de ses décisions sur ça », note Sophie Nélisse, nommant particulièrement les positions pro-vie de l’infirmière qui ont motivé certains choix pour sauver le plus de personnes possible.

La promesse d’Irena est à l’affiche depuis le 19 avril dernier.

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