contraception
Illustration: Marie-Pier LaRose/Le Verbe

Contraception ou méthodes naturelles: quelles différences ?

L’Élise catholique est l’une des seules institutions qui s’opposent aujourd’hui à la contraception. Nombreuses même sont les autres branches du christianisme qui ont cédé à la pression de la société.

Ferme dans son enseignement, l’Église permet la planification familiale naturelle par abstinence lors de périodes fertiles. Celles-ci sont détectables assez précisément avec différentes mesures corporelles, telle la température.

Comme cette méthode est pratiquement aussi efficace que les contraceptifs artificiels1 pour prévenir les naissances, on pourrait se demander s’il y a une réelle différence et pourquoi l’Église insiste tant.

Déconnexion biopsychologique

D’abord, sans même avoir à entrer dans la philosophie ou la théologie morale, on peut comprendre que la contraception déconnecte les époux en corps et en esprit.

Sans contraception, même dans une période où la fertilité est improbable, l’épouse qui fait l’amour à son mari lui dit, par son corps, qu’elle est ouverte à la possibilité de porter son enfant pendant neuf mois, à lui donner naissance dans la douleur et à s’en occuper pendant plusieurs années. De plus, elle dit à son mari qu’elle lui fait confiance pour s’occuper d’elle et de l’enfant.

Et l’inverse est aussi vrai. Le mari dit à sa femme que, si un enfant est conçu lors de cette union, il est prêt à s’occuper d’eux. Il lui dit qu’il lui fait confiance pour donner au monde une nouvelle vie.

Autrement dit, lors d’une relation sexuelle naturelle, le couple se fait une promesse profonde : si un enfant naît de cette union, il est prêt à faire des sacrifices pour lui et chaque époux, l’un pour l’autre. Et ce n’est pas quelque chose que le couple a besoin de se dire : le langage du corps est évident 2.

À l’opposé, un homme et une femme qui utilisent la contraception ne peuvent pas se dire cela dans leur chair. Au mieux, ce couple peut échanger de l’affection, ce qui n’est pas rien, mais on est loin d’une promesse de sacrifice mutuel. En bloquant volontairement la possibilité d’enfantement par un contraceptif artificiel, le couple, par les corps de ses deux parties, dit précisément le contraire, en fait.

Déconnexion familiale

Et cette déconnexion biopsychologique se répercute à l’échelle familiale. En particulier, le risque de divorce est plus élevé chez les couples qui utilisent la contraception que chez ceux qui utilisent la planification naturelle 3. Ce risque est d’autant plus élevé pour les couples qui optent pour la stérilisation.

Ce fait n’étonne pas les couples qui pratiquent la planification naturelle. Leur expérience est que, sans contraception, chaque relation sexuelle a une signification à long terme sur le récit familial et le renforce.

Avant de faire l’amour, les époux doivent se demander s’ils sont prêts à accueillir une nouvelle vie, ou bien s’ils doivent s’abstenir. Est-ce que la résidence familiale est assez grande ? Est-ce qu’ils ont le temps de s’occuper d’un nouveau bébé ? Comment va la santé actuelle de la famille ?

Toutes ces questions sortent les époux de leur quotidien et les forcent à discuter de leur histoire présente et future. Ces questions sont aussi présentes en arrière-plan dans la tête du couple pendant l’acte sexuel lui-même, l’imprégnant d’une signification narrative prolongée. Les relations sexuelles deviennent ainsi des exercices qui unifient profondément le couple à travers le temps.

L’utilisation de la contraception peut facilement faire oublier au couple le lien entre le plaisir de la sexualité et la responsabilité de changer des couches ; entre le couple aujourd’hui et le couple dans le futur.

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Déconnexion sociale

Si abandonner la contraception est bon pour le mariage, c’est aussi bon pour, d’abord, trouver quelqu’un à marier ! En effet, avant que la contraception ne devienne populaire, le taux de mariage était beaucoup plus élevé.

Une raison saute aux yeux : sans contraception, avoir des relations sexuelles hors mariage est irresponsable. Peu nombreux sont ceux, et particulièrement celles, qui tolèreraient avoir une relation pouvant mener à une naissance sans promesse préalable d’engagement à long terme.

Les jeunes avaient ainsi autrefois une motivation très concrète pour acquérir de la maturité et devenir des hommes et des femmes « à marier ». Leurs désirs sexuels étaient canalisés positivement pour les faire grandir en maturité et entrer dans une histoire familiale à long terme.

Inversement, parce que la contraception enlève aujourd’hui leur sérieux aux relations sexuelles, l’engagement à long terme n’est pas requis et il est souvent mis de côté, notamment par les jeunes à la recherche de plaisir. Le taux de mariage baisse, le nombre de personnes seules et sans responsabilités augmente, le nombre de nouvelles vies diminue.

Déconnexion spirituelle

En opposition à cette culture contraceptive qui cherche le plaisir de la sexualité sans s’investir dans la création de la vie, le couple qui pratique la planification naturelle affirme clairement la valeur de la vie et de l’engagement au-dessus du plaisir immédiat et du confort.

Particulièrement, ce couple accepte l’invitation de Jésus à participer à son sacrifice pour le monde (Ep 5). En effet, dans les circonstances souvent exigeantes de la vie familiale, les sacrifices, petits et grands, que les parents font l’un pour l’autre et pour leurs enfants s’inscrivent dans le sacrifice que Jésus fait pour l’Église, acquérant du coup un profond sens spirituel.

Les périodes d’abstinence requises lorsque le couple ne se sent pas prêt à accueillir une nouvelle vie l’aident à percevoir ces réalités invisibles. À notre époque de gratification immédiate où il est facile de perdre de vue le sens des choses, les périodes de jeûne et de prière sont particulièrement utiles. Elles rappellent périodiquement au couple que la sexualité n’est pas une fin en soi, mais qu’elle est soumise à des réalités biopsychologiques, familiales, sociales et spirituelles plus élevées.

Petit à petit, le couple apprend à percevoir la sexualité non pas premièrement en matière de plaisir, mais plutôt de participation aux activités créatrices et rédemptrices de Dieu.

Jean-Philippe Marceau

Jean-Philippe Marceau est obtenu un baccalauréat en mathématiques et informatique à McGill et une maitrise en philosophie à l'Université Laval. Il collabore également avec Jonathan Pageau au blogue « The Symbolic World » et à sa chaine YouTube «La vie symbolique».