catéchumènes
Photo: Josh Eckstein/Unsplash

Portraits de catéchumènes

Un texte écrit par Serge Cazelais

En 2023, de jeunes adultes entreprennent une démarche qui les mènera à recevoir le baptême et la confirmation lors de la Veillée pascale. Qui sont-ils?

David est un jeune professionnel de 32 ans, originaire des Hautes-Laurentides. Il œuvre dans le domaine de la finance.

«Chez nous, la religion était complètement absente, ça n’existait juste pas», révèle-t-il.

David | Par amour pour sa fiancée

Durant les périodes de confinement liées à la COVID-19, il renoue avec une de ses amies d’enfance et les sentiments s’invitent. Au printemps 2022, il propose à son amoureuse de faire vie commune. Elle accepte, mais à condition qu’ils se marient à l’église!

David n’y voit aucun obstacle, jusqu’à ce qu’il apprenne que, pour se marier dans l’Église catholique, il devait être baptisé et confirmé.

«J’ai accepté de m’inscrire au catéchuménat, sans véritable intérêt, simplement pour la paperasse et pour faire plaisir à ma fiancée», relate-t-il.

Mais les choses ne se déroulent pas comme il l’avait imaginé. Au fil des rencontres, une curiosité l’anime. Il découvre une dimension du christianisme qu’il ne soupçonnait pas. «La Bible, je ne savais pas ce que c’était. Selon moi, c’était un livre rempli de commandements, d’obligations et d’interdictions», confie-t-il.

Isaac | Attiré par la charité

Isaac a 25 ans. Il est né au Cameroun au sein d’une famille protestante anglophone. «Dans la tradition religieuse de ma famille, les enfants ne sont pas baptisés», explique-t-il.

Il atterrit dans la région de Toronto en 2018 afin d’y entreprendre des études universitaires. Durant la première année, ses repères sont en déroute, une situation qu’il attribue à sa timidité et à son manque de confiance. Au début de sa deuxième année d’études, il assiste à une rencontre organisée par l’association étudiante de son école. Il se confie alors à d’autres jeunes originaires d’Afrique qui l’orientent vers des ressources pour l’aider.

«J’ai simplement voulu m’approcher de ces gens et essayer
de comprendre ce qui les motivait à offrir du soutien
à un inconnu comme moi.»

Il se fait ainsi accompagner à un magasin partage qui se situe dans les locaux d’une paroisse catholique. Il est ému. Il explique: «J’ai simplement voulu m’approcher de ces gens et essayer de comprendre ce qui les motivait à offrir du soutien à un inconnu comme moi.»

Xiaowei | Séduit par la beauté

Xiaowei a 24 ans, il est d’origine chinoise.

À l’âge de 14 ans, il découvre des livres chrétiens qui provenaient de membres de sa famille qui vivaient sur le continent américain. À 15 ans, lors d’un voyage en France où il visite Notre-Dame-de-Paris, il entend des chants grégoriens qui le marquent profondément.

«La beauté de la musique me touche et la beauté est quelque chose qui demeure depuis mon cheminement», révèle-t-il.

De retour en Chine, il termine son parcours scolaire et quitte à nouveau le pays à 18 ans, cette fois vers le Canada, pour entreprendre des études universitaires à Montréal. Attiré par l’architecture des lieux de culte, il découvre l’Oratoire Saint-Joseph et développe le désir d’approfondir la tradition catholique.

Des espaces de découvertes

Depuis 2002, sœur Marie-Pierre Delorme accueille des catéchumènes qui fréquentent le centre de pastorale jeunesse Le 460 à Ottawa.

Elle accompagne notamment des adultes qui souhaitent recevoir le baptême et la confirmation parce qu’ils veulent se marier à l’Église, ou encore devenir parrain ou marraine d’un enfant. D’autres sont simplement passés entre les mailles lorsqu’ils étaient jeunes et n’ont pas eu l’occasion de recevoir les sacrements de l’initiation. Il y a enfin les étudiants internationaux qui souhaitent devenir catholiques et qui rejoignent ainsi les candidats au baptême.

À ses yeux, accompagner ces catéchumènes en cheminement vers l’initiation chrétienne est une occasion favorable de leur faire découvrir un visage d’Église différent de celui qu’on expose dans les médias.

«L’Église, c’est une sagesse millénaire, c’est une relation avec un Dieu d’amour. Si ça peut être un tremplin pour la vie et répondre à une certaine soif, à une vie intérieure, je pense qu’on aura fait notre travail, et c’est un travail passionnant.
Quel fruit on aura à la fin? Seul Dieu le sait!»

Transformer le virtuel en espace de communion

Du côté du diocèse de Trois-Rivières, l’agent de pastorale Claude Mailloux propose un parcours catéchuménal en mode virtuel qui permet de déployer des rencontres qui n’auraient pu se tenir autrement. Ce choix s’est imposé, explique-t-il, compte tenu des horaires et autres réalités des jeunes adultes qui s’adressent au diocèse.

« Au niveau de la rencontre et de la communion dans les échanges, c’est très présent. Ça enlève peut-être un peu de la richesse de la présence physique, mais ça ajoute une autre richesse qui est celle d’être un peu dans le mystérieux», poursuit-il en citant Mt 18,20 et Mt 28,20 au sujet de la présence de Jésus parmi nous.

«L’accompagnement me donne beaucoup de joie, la joie de la rencontre. La rencontre étant un signe tangible et efficace de l’amour de Dieu», atteste-t-il.

Et la suite?

David se sent désormais interpelé par certains mots de Jésus, ceux qu’il a dits à Jean (Jn 21,15-17) et à la femme adultère (Jn 8,10-11). Il n’arrive pas encore à qualifier son expérience, mais il témoigne: «Mon baptême va représenter quelque chose de plus qu’un simple document qui me permet de me marier à l’Église.»

Isaac, pour sa part, est transformé. Il a entrepris les démarches qui le mèneront au baptême lors de la Veillée pascale. «Pâques, c’est la résurrection et la vie, confesse-t-il. Pour moi, c’est l’accueil et le partage.»

Installé à Ottawa, Xiaowei s’implique désormais à la Basilique-Cathédrale Notre-Dame. C’est là qu’il sera baptisé lors de la Veillée pascale. Sa découverte de la beauté artistique et de la tradition historique et intellectuelle catholique l’ont incité à approfondir la théologie. «La foi, c’est un mystère qu’on ne peut pas toujours saisir complètement», conclut-il en évoquant saint Thomas d’Aquin.

Collaboration spéciale

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