Pauline Jaricot
Illustration: Emilie Dubern/Le Verbe à partir de Marie-Hélène Bochud.

Pauline Jaricot: le père d’une petite miraculée témoigne

Le dimanche 22 mai 2022, lors de la messe de béatification de Pauline Jaricot, laïque consacrée née à Lyon le 22 juillet 1799, une jeune fille portait dans ses mains une croix qu’elle a déposée délicatement sur un présentoir tout près de l’autel. Cette adolescente se nomme Mayline Tran. Déclarée en état de mort cérébrale à l’âge 3 ans, elle a été sauvée grâce à un miracle attribué à l’intercession de Pauline Jaricot. Son père, Emmanuel, a publié un livre dans lequel il décrit cette odyssée miraculeuse. Il s’est confié au Verbe.

Nous sommes le 29 mai 2012. C’est un jour important pour la famille Tran. Elle reçoit amis et proches pour souligner son déménagement vers la petite ville de Mondelieu, située à quelques dizaines de kilomètres de Lyon. C’est là qu’Emmanuel et Nathalie Tran se sont mariés. C’est là également qu’ils entrevoient ouvrir un restaurant. L’ambiance est à la fête dans l’appartement qu’ils ont loué à Lyon, après avoir vidé leur maison. Les invités arrivent. Les enfants jouent. Les rires fusent de partout.

Puis, c’est le drame.

La petite Mayline s’étouffe avec une saucisse. Les manœuvres pour l’extraire de sa trachée ne donnent rien. De longues minutes s’écoulent avant l’arrivée des pompiers-secouristes. Ces derniers réussissent à expulser le corps étranger. À l’hôpital, Mayline fait plusieurs arrêts cardiaques. Une embolie pulmonaire vient compliquer les choses. Les médecins décident de la plonger dans un coma artificiel.

Plus tard, une tentative pour la sortir de ce coma provoque des crises épileptiques. Ils décident de laisser la petite à l’état comateux. Plusieurs jours plus tard, Mayline pleure. Malgré les apparences, toutefois, elle n’est pas sortie du coma. Elle ne réagit pas aux stimulus. Ses parents constatent que ses yeux sont vides, presque sans vie. 

La puissance du Rosaire Vivant

«À ce moment-là, les médecins décident de la débrancher. Ils nous annoncent que nous devrions entrer dans un projet de fin de vie», témoigne Emmanuel Tran.

Au même moment, Élisabeth d’Escayrac, une mère de famille dont l’enfant fréquente la même école catholique que Mayline et Lou-Anh, sa grande sœur, propose à Emmanuel et à Nathalie de faire une neuvaine pour l’intercession de Pauline Jaricot. Toute l’école s’y met. Puis, des membres de la famille, des amis et de parfaits inconnus s’ajoutent à la liste de priants. Élisabeth d’Escayrac est l’une des responsables des Missionnaires du Rosaire Vivant à Lyon, inspiré par l’œuvre de Pauline Jaricot.

Nous n’avions pas conscience de ce que représentait le Rosaire Vivant. Nous ne comprenions pas non plus pourquoi nous recevions des messages en provenance du monde entier. Ils provenaient d’Asie, d’Amérique du Sud et du Nord. Tous nous disaient prier pour Mayline.

Emmanuel Tran

Le 1er juillet 2012, Mayline est transférée dans une autre institution hospitalière à Nice. Les parents vont à Mondelieu terminer leur aménagement. Puis, le lendemain, ils visitent Mayline dans son nouvel hôpital. Immédiatement, les parents remarquent un changement: ses yeux brillent. Toutefois, à part eux, personne ne remarque ce signe.

Convaincus que la vie est revenue dans le petit corps de Mayline, ils peinent à convaincre les médecins. «Pourtant, le spécialiste qui venait de la recevoir dans son service nous annonce qu’elle ne mourra pas ici, car son état clinique ne correspondait pas à son dossier médical. Il avait noté une différence notable dans son état clinique», indique Emmanuel.

Quelques semaines plus tard, lors d’une visite de l’un de ses médecins, et en présence de ses parents, Mayline prononce faiblement, mais distinctement, le mot «maman».  Le médecin entend lui aussi ce mot qui va tout changer.

Un auto en panne

«Cela a eu l’effet d’une bombe atomique! Nous attendions ce moment depuis si longtemps. Nous voulions faire comprendre aux médecins ce que nous vivions avec Mayline. Les médecins s’accrochaient à leur cadre scientifique. Il faut dire qu’ils avaient réalisé examen après examen.»

L’état de Mayline s’améliore rapidement. Elle bouge, se retourne dans son lit, puis s’assoit. Enfin, elle se remet à marcher et à parler. La santé de Mayline s’améliore tellement qu’elle sort de l’hôpital et retourne à la maison. «Nous étions obligés de réaliser des vidéos pour donner des preuves de l’évolution de son état.»

Un neurologue réputé écrit alors dans un rapport médical: «Récupération extraordinaire». Le même médecin expliquera au père de Mayline que sa fille est comme une auto qui tombe en panne d’essence puis, alors que le réservoir est totalement vide, se remet à fonctionner à l’infini.

D’autres tests viennent confirmer la parfaite guérison du cerveau de Mayline.

En février 2017, le père Philippe Curbelié, postulateur pour la cause de béatification de Pauline Jaricot, téléphone à Emmanuel. Il veut en savoir davantage sur l’histoire de Mayline. Il se rend même avec la petite famille au Vatican.

Le 26 mai 2020, après des années d’analyses des plus serrées de la part des experts mandatés par le Vatican, le pape François reconnait comme authentique la guérison de Mayline, attribuée à Pauline Jaricot, qui deviendra bienheureuse le 22 mai 2022.

Des miracles quotidiens

Aujourd’hui, Mayline est une jeune adolescente de 13 ans en parfaite santé. «Elle adore les animaux. Elle est passionnée d’équitation. Elle passe autant de temps à donner des câlins et à brosser son cheval qu’à le monter », dit son père, très fier d’elle.

Mayline prend peu à peu conscience de l’ampleur de ce qu’elle a vécu. «Elle vit les mêmes étapes que nous. Elle ne se rend pas compte à quel point c’est énorme ce qui s’est passé. Lors de la messe de béatification, nous avons été pris, soulevés, brassés. C’était extraordinaire! À la fin de la cérémonie, plusieurs personnes voulaient toucher Mayline, l’embrasser, la photographier. C’était fou! À 13 ans, c’est encore très compliqué de réaliser ce que cela a déclenché dans la vie de beaucoup de personnes», souligne Emmanuel.

À commencer par la sienne. Lui qui, avant de rencontrer Nathalie, priait en solitaire, tout en considérant les miracles comme choses du passé, a demandé le baptême et croit aux évènements miraculeux. «Je me suis aperçu que les miracles arrivent chaque jour. Il faut y croire en permanence. Ce que je croyais impossible est finalement arrivé. Il ne faut pas abandonner la prière!»

Emmanuel donne maintenant des conférences partout où il est demandé. «Ah oui, j’irais jusqu’au Québec! Il faut diffuser ce qui est arrivé, car cela change la vie des gens!»  

Yves Casgrain

Yves est un missionnaire dans l’âme, spécialiste de renom des sectes et de leurs effets. Journaliste depuis plus de vingt-cinq ans, il aime entrer en dialogue avec les athées, les indifférents et ceux qui adhèrent à une foi différente de la sienne.