Sainte-Anne
Photo: Le Verbe

Messe du pape à Sainte-Anne: de l’échec à l’espérance

Deux jours après la fête de sainte Anne et et saint Joachim, qui a été soulignée avec envergure au stade du Commonwealth à Edmonton, le pape François célébrait aujourd’hui la messe en la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré. Haut lieu de dévotion à sainte Anne pour les peuples autochtones, ils sont nombreux à s’y déplacer chaque année.

Seule messe ayant lieu dans la province de Québec au cours de ce voyage apostolique, la célébration a naturellement réuni les principaux dignitaires des États québécois et canadien, un certain nombre de personnalités connues du grand public, de nombreux fidèles, mais aussi, et surtout, une vaste majorité de personnes autochtones venues rencontrer le pape François dans un contexte proprement liturgique. 

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Elles étaient nombreuses à s’être rassemblées sur le parvis de la basilique, désireuses d’échanger un regard, un sourire complice avec le souverain pontife, qui a gratifié la foule d’un autre passage à bord de la fameuse papemobile, après celui d’hier sur les plaines d’Abraham.

Comme le reste du voyage dans son ensemble, cet évènement très attendu des fidèles prenait son sens, au moins pour partie, dans le contexte de la démarche de vérité et réconciliation entreprise entre l’Église et les peuples autochtones. Outre le nombre de personnes autochtones conviées à la célébration, cette dimension a été accentuée par l’intégration de certains éléments propres aux cultures des premiers peuples du Canada dans la cérémonie, notamment à travers les vêtements liturgiques et la musique. 

En continuité, l’évènement était caractérisé par une certaine sobriété et un climat pénitentiel, alors que de très nombreuses figures du haut-clergé québécois s’étaient rendues à Sainte-Anne-de-Beaupré pour s’associer à la démarche du pape François et témoigner de l’unité de l’Église en ces temps difficiles sous certains rapports. 

Résilience et fragilité

Or, il est apparent que le pape François s’est montré soucieux d’entrer en contact avec la société québécoise dans son ensemble. Après s’être exprimé à certaines occasions en français, il a voulu, durant une homélie prononcée cette fois en espagnol, aborder les grands thèmes de l’évangile des disciples d’Emmaüs avec une certaine universalité, sans pourtant mettre de côté la question de l’heure. 

Le pape François, dans son homélie, lui a donné une clé de lecture intéressante à travers la thématique du «chemin de l’échec à l’espérance», en évoquant certaines dimensions de l’expérience humaine comme le découragement devant l’épreuve, ou la résilience par et à travers les fragilités que nous ressentons. 

Par ce choix, le pape François a montré que sa sollicitude singulière à l’égard des peuples autochtones n’entre pas en contradiction avec la vocation universelle de l’office qu’il exerce. Aussi semble-t-il reconnaitre que s’adresser aux personnes autochtones – voire en un sens à toute communauté particulière – ne peut se faire sans traiter des questions qui nous taraudent tous. 

Benjamin Boivin

Diplômé en science politique, en relations internationales et en droit international, Benjamin Boivin se passionne pour les enjeux de société au carrefour de la politique et de la religion. Quand il n’est pas en congé parental, il assume au Verbe médias le rôle de chef de pupitre pour les magazines imprimés.