À l’automne 2017, le diocèse catholique de Montréal transformait un ancien presbytère en centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Le Verbe a rencontré les artisans de paix qui y œuvrent.
Arthur Durieux. Si Arthur est un habitué des projets communautaires, il n’en demeure pas moins que le Pont représente un nouveau défi pour celui qui est diplômé en études internationales et en gestion de risque.
«C’est le premier projet dont j’ai la responsabilité, alors c’est un peu spécial. C’est un milieu qui correspond parfaitement à mes ambitions et j’aime l’idée que les bénéficiaires de nos services soient ici, à proximité, contrairement à ce que j’ai pu voir lorsque je travaillais dans des organismes internationaux.»
Alessandra Santopadre. Italienne d’origine, c’est elle qui a la responsabilité du programme de parrainage des réfugiés pour l’archidiocèse de Montréal. Elle assiste Arthur dans son projet, en plus d’avoir participé à toutes les étapes de l’organisation, et d’assurer parfois la garde des enfants lorsque les parents sortent pour trouver un appartement.
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Le Pont peut accueillir entre 40 et 50 personnes, généralement des familles ou des femmes avec leurs enfants, mais aussi des personnes seules qui ont besoin d’un lieu de transition où ils seront logés, nourris et vêtus en attendant qu’on les aide à se relocaliser.
«Ici, quand il commence à faire froid, on mange beaucoup de soupe et de spaghetti», explique Alessandra aux deux mères de famille qui l’aident à préparer le repas du midi.
Des bénévoles reçoivent et trient les dons qui seront ensuite distribués aux familles. «Le bouche-à-oreille a bien fonctionné», constate Arthur Durieux, le responsable du projet. Les gens continuent à venir nous porter de la nourriture, des vêtements et des meubles.»
Des bénévoles préparent une chambre récemment réaménagée qui accueillera bientôt son nouveau locataire.
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«Moi-même, je suis étonnée, explique Alessandra. Tu regardes les enfants et tu croirais que ça fait des mois qu’ils se connaissent, mais ils ne sont ici que depuis deux jours.»
Enfin, si Arthur et Alessandra s’entendent pour dire que le premier bilan du Pont est positif, il reste beaucoup d’obstacles à franchir pour ceux qui sont accueillis ici. «On a un homme, un ancien employé de consulat au Pakistan, diplômé universitaire, prêt à prendre n’importe quel emploi, mais qui est incapable de se placer pour l’instant», se désole Alessandra.
Et il y a la barrière de la langue, incontournable dans un tel contexte. Les enfants sont excités à l’idée qu’un «professeur» viendra bientôt leur enseigner une nouvelle langue, mais l’idée inquiète les parents, pour qui l’apprentissage est plus difficile. «Les parents sont stressés surtout parce qu’ils sentent qu’ils ne pourront pas aider leurs enfants à progresser à l’école.»
Ce photoreportage est tiré de notre numéro de printemps 2018.
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