coparentalité
Photo : Haley Phelps / Unsplash.

Coparentalité : des enfants sans amour ?

Avec la montée constante du taux de séparation, les mariages en baisse et la hausse des familles recomposées, un nouveau modèle familial essaie de se faire un chemin. Après l’amour sans l’enfant, l’enfant sans le sexe, voici la coparentalité, ou plutôt l’enfant sans amour.

Des groupes Facebook ont été créés pour mettre en contact des hommes et des femmes — toutes attirances sexuelles confondues — voulant devenir parents, sans toutefois être en couples. Une plateforme Web est également née en 2014, Coparentalys, suivie un an plus tard de sa page Facebook. Son fondateur, Frédéric Bianco, a d’abord desservi la région parisienne. Il a étendu ensuite son service dans toute la francophonie, dont le Canada français, au cours la dernière année.

Sur le site Web, on peut lire l’annonce suivante : « Vous souhaitez avoir un enfant sans être en couple. Trouvez l’homme ou la femme qui vous convient et faites un enfant ensemble. »

« L’idée de départ était d’aider les gens qui ont de la difficulté à accéder à la parentalité, qu’ils soient célibataires, homosexuels ou qu’ils aient de la difficulté à maintenir une relation amoureuse stable. La majorité de mes clients sont des hétérosexuels qui ont de la difficulté à trouver l’amour. Quand ça ne fait pas dans un couple, on passe au suivant. Ça va vite, très vite », estime le fondateur de Coparentalys, Frédéric Bianco.

Cette nouvelle voie pour devenir parent est heureusement loin d’être encore très populaire. D’autres moyens, comme l’adoption à l’international ou l’adoption d’un enfant issu d’un centre jeunesse du Québec sont d’abord envisagées. Ils sont toutefois chers, pas nécessairement à la portée de tous et ils demandent parfois un long processus. Quant à la fécondation in vitro et à la procréation assistée, elles portent des enjeux éthiques plus que discutables.  

« Coparentalité choisie et non subie »

En ce qui concerne l’adoption, les responsables des dossiers ont préconisé jusque dans les années 2000 les couples homme-femme. 

« Dans le contexte juridique du droit de la famille, la coparentalité s’est avérée plus populaire en France qu’au Québec, puisque c’était une stratégie pour contourner les interdictions. L’homoparentalité en Europe a été reconnue beaucoup plus tard (en 2013) qu’au Québec (en 2002), où il y a eu l’adoption de la loi 84 », fait valoir Kévin Lavoie, professeur adjoint à l’école de travail social et de criminologie (volet famille, enfance, réalités familiales) à l’Université Laval. 

Pour l’instant, aucun recensement n’a été effectué auprès des familles en coparentalité choisie, donc aucun moyen de savoir précisément à quel point ce modèle familial est en hausse. 

« Avec la coparentalité, le couple n’est plus le fondement de la famille, mais l’enfant et ses intérêts. On met donc la conjugalité de côté au profit de la parentalité. Beaucoup de couples se séparent, mais demeurent néanmoins parents. La coparentalité implique une mise en relation, un choix éclairé. On présuppose qu’on va s’entendre. C’est planifié, contrairement aux couples qui se séparent », souligne également Kévin.

« On ne gère aucune partie administrative ni légale après la rencontre », tient à préciser le fondateur de Coparentalys. « On n’écarte personne. Les gens sont libres de mentionner ou non leurs croyances », mentionne M. Bianco.

Il poursuit : « Le must bien sûr est la famille traditionnelle. Mais beaucoup d’hommes et de femmes âgés entre 30 et 40 ans ayant été en couples n’ont pas eu le temps ou la chance de structurer une relation assez longue pour créer un enfant. Ici, la coparentalité est choisie et non subie, comme dans le divorce ».

Accueillir la vie telle quelle

Questionnée sur ce modèle familial, la directrice du Centre diocésain pour le mariage, la vie et la famille à Montréal, Ellen Roderick, a souligné que le fait d’être parent n’est pas un droit en soi, mais un privilège qui devrait être réservé aux couples mariés. 

« L’enfant n’est pas un produit ! Il représente le don mutuel des parents, le fruit de leur amour. L’acte conjugal est réalisé pour la gloire du Créateur, et l’enfant a le droit d’être conçu dans de bonnes circonstances. La manière dont un enfant est conçu a un impact. Il porte cette mémoire en lui. […] Dans le cas de la coparentalité, c’est comme si on mettait de côté la nature, l’ordre dans notre corps », plaide Mme Roderick. 

« Les fidèles dans nos paroisses arrivent avec leur bagage, leur histoire. On ne condamne personne, mais on veut partager [la Bonne Nouvelle] de Dieu. On ne choisit pas toujours nos circonstances de vie… On peut être marié, non marié, homosexuel, ou même stérile. Chaque personne devrait accueillir la vie avec respect, comme un don de Dieu », conclut Ellen Roderick.


Véronique Demers

Véronique Demers est passionnée d'écriture depuis sa tendre enfance. Elle a exercé la carrière de journaliste pendant plus de 10 ans. Elle s'intéresse en particulier au développement personnel, au mieux-être, à la spiritualité, à la technologie et au monde du travail.