Gaspésie

Un voyage de noces… en Gaspésie

En mars dernier, mon mari et moi ne savions pas si nos plans de nous marier le 5 septembre 2020 allaient bien tourner. Après de longues discussions, nous nous sommes dit : confinement pas confinement, à cinq ou à cent, nous nous marions. 

Heureusement, nous avons pu inviter tous nos proches à la cérémonie, avec les mesures sanitaires appropriées, et avons même pu avoir nos familles et quelques amis à notre réception. Nous avons été comblés, alors que de nombreux autres couples ont vu leurs espérances être bien plus réduites, ou ont carrément choisi de reporter à l’an prochain. 

Comme nous savons maintenant, les joies du déconfinement sont terminées pour un petit bout ; il faut prendre les mesures nécessaires pour éviter une hausse encore plus forte des cas. Je suis donc un peu gênée de continuer mon récit, car il s’avère que les grâces du Seigneur ne s’arrêtent pas à notre mariage. 

Nous avons pu vivre notre voyage de noces en Gaspésie pendant 10 jours avant le confinement d’octobre. 

Ce voyage a été un moment de tranquillité et de rencontre avec la Création: toujours un regard sur la mer, des clochers le long de la route et un air qui sent toujours frais et un peu salé. 

Le parc Forillon nous a époustouflés avec ses sentiers infinis et sa vue sur la pointe de la Gaspésie, quoiqu’on se désolait des délocalisations survenues en 1970 pour pouvoir mettre sur pied ce parc national. En général, les Gaspésiens l’ont eu dur avec leurs ressources et leurs territoires. 

Être un touriste au Québec en tant que Québécois, c’est aussi être alerte à l’histoire de sa province, aux injustices comme aux beautés naturelles. 

Les beautés qui déstabilisent et qui rassurent

Nous avons continué notre périple à Percé, nous avons vu le Rocher, qui fait partie d’un ensemble de formations géologiques étonnant. La ville de Percé présente cinq périodes géologiques différentes ! On parle de millions d’années de formations rocheuses qui ont fini par se réunir dans ce territoire tout de même assez restreint. 

Gaspésie

L’intérêt des formations géologiques en Gaspésie ne s’arrête pas là. Le centre de recherche du Parc national de Miguasha a recensé et conservé 14 500 fossiles de la période du Dévonien (il y a 418-359 millions d’années), quand tous les êtres étaient des poissons. C’est le site le plus représentatif de cette période géologique dans le monde. En plus, c’est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO.  

Pourquoi est-ce si fascinant ? Parce que les effets du temps sur terre sont fascinants. Si, en l’espace de six mois, nous avons vécu des hauts et des bas secouants, la terre, elle, existe depuis des millions d’années ; elle a aussi connu des changements dramatiques et elle en connaîtra encore. Après des événements majeurs, on s’imagine souvent que tout était paisible auparavant. Rien n’est moins certain. 

Ce qui persiste malgré l’inquiétude

Pour l’entrée dans le mariage comme pour un début de pandémie, la menace du désordre existe avant comme après; la marche à suivre pour affronter les obstacles change matériellement, spirituellement, mais Dieu reste notre lumière, étant toujours égal à lui-même dans son infinie bonté. Dans les moments de souffrance, de doute, de joie mêlée d’inquiétude, une paix surnaturelle peut persister grâce à la prière. 

Le mariage est un immense engagement. Même pour mon mari et moi, qui sommes ensemble depuis 5 ans et qui avons vécu une conversion il y a un peu plus de deux ans, cette étape nous apparaissait imposante. 

Je m’étonne aujourd’hui de la confiance que j’ai donnée à Dieu devant autant d’incertitude. J’ai toujours craint l’engagement, en me méfiant du divorce et de l’absence de liberté à la fois, mais je découvre maintenant que le mariage me plaît. Je suis tout à fait détendue. Je me sens libre, aimant et étant aimée, prête à vivre cette aventure de la vie aux côtés de mon mari. 

Gaspésie

Les paysages de la Gaspésie ont bien reflété la paix intérieure de notre début de mariage. Je me suis sentie unie à la terre devant ses horizons, ses montagnes, ses arbres qui tiennent la marque du temps qui passe. Mon mari et moi sommes unis, dans une intimité que je ne comprends pas, mais qui m’apaise, et qui vient sans doute de Dieu.

Je sais que la mer est trouble parfois, et que la montagne peut être à pic, que mille réalités nous déstabiliseront. Mais en Dieu, j’ai confiance que nous deviendrons, face aux obstacles, plus forts et plus tendres à la fois.


Isabelle Gagnon

Doctorante en lettres à l’Université du Québec à Rimouski, Isabelle étudie les littératures de langue française et celles de l'Antiquité classique. Épouse et mère, elle s'émerveille devant les réalités du quotidien autant que devant les illustres récits et poèmes du passé.