« C’est pour mes enfants que je suis venu ici », affirme Youssef, 33 ans, père de la famille Issa. Ils habitaient Lattaquié, sur la côte ouest de la Syrie. Leur ville n’a pas été aussi attaquée que la capitale, Damas, ou qu’Alep, le haut lieu du gouvernement, mais il n’empêche que les explosions ponctuelles laissaient entrevoir un avenir incertain pour leurs enfants, Vanessa, cinq ans et demi, et Michel, quatre ans.
Ils ont donc fui vers le Liban en 2014. Une fois là-bas, difficile de recommencer: pas de possibilité d’emploi, cout élevé de la vie.
Un prêtre qu’ils connaissent contacte alors le comité d’accueil des réfugiés de la paroisse Saint-Yves et Saint-Louis-de-France sur le plateau Sainte-Foy, à Québec, lequel est connu pour accompagner les réfugiés depuis des décennies. Tout se met en place assez rapidement, et ils arrivent à Montréal en février 2016, en plein hiver.
Malgré ce contexte qui les a contraints au déracinement, les liens du couple et de la famille se resserrent; Youssef et Carmen accueilleront bientôt un troisième enfant.
Montréal aurait été la ville québécoise appropriée pour qu’ils s’agrègent à la communauté arabophone, mais ils ont préféré venir à Québec, une ville plus semblable à Lattaquié. Pour cela, Carmen et Youssef sont prêts à s’investir pleinement dans les cours quotidiens de francisation, de 8 h 30 à 15 h. Cet engagement les empêche, pour le moment, de reprendre leurs anciennes activités professionnelles: Carmen, 29 ans, occupe un poste de réceptionniste tout en complétant un baccalauréat en littérature, alors que Youssef est coiffeur pour dames.
Quant à Vanessa, elle capte rapidement la langue de ses camarades d’école. « Elle nous aide même à traduire ce que nous ne comprenons pas », explique Youssef.
Cet article est tiré du numéro d’automne 2016 du magazine Le Verbe. Cliquez ici pour consulter la version originale.
La famille Issa est installée depuis aout 2016 sur la pointe Sainte-Foy. Dans la continuité de leur culture et de la foi qu’ils ont chacun reçue (Carmen est orthodoxe et Youssef protestant), ils fréquentent différentes églises chaque dimanche dans le but de trouver une communauté d’appartenance: « Nous avons beaucoup prié afin que notre démarche se résolve; nous avons chaque fois vu de petits miracles! »
En contact régulier avec des familles de réfugiés d’origine syrienne – surtout chrétiennes, mais aussi musulmanes –, Youssef et Carmen assurent qu’ils trouvent dans les gens d’ici un véritable accueil et une aide inépuisable. Ils espèrent bientôt voir leur famille élargie les rejoindre.