Ce dimanche 20 octobre 2024 a lieu la canonisation de Marie-Léonie Paradis, soit quarante ans après sa béatification en 1984. Le Canada compte ainsi une cinquième femme élevée au rang de sainte. Que manquait-il pour qu’elle soit enfin reconnue ? Un second miracle !
Virginie-Alodie Paradis est née en 1840 à l’Acadie, aujourd’hui Saint-Jean-sur-Richelieu. À 14 ans, elle entre dans la Congrégation des Sœurs marianites de Saint-Laurent, la branche féminine de la Congrégation de la Sainte-Croix. Après avoir enseigné dans différents endroits de la région de Montréal, elle est envoyée dans un orphelinat à New-York. Puis en Indiana, et finalement à Memramcook, au Nouveau-Brunswick. C’est là qu’elle fonde l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, qui ne sera reconnu officiellement que lors de son déménagement à Sherbrooke en 1896. Son passage en Acadie aura joué un rôle important dans la préservation de la culture et du fait français dans ce coin de pays.
Deux guérisons miraculeuses
Le chemin vers la canonisation prend du temps. Sœur Rachel Lemieux, directrice de l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, assure que les prières dirigées vers Marie-Léonie ont porté de nombreux fruits. Toutefois, il fallait l’approbation du Vatican pour établir ceux qui seraient reconnus officiellement comme des miracles. Le premier, à l’origine de sa béatification en 1984, atteste de la guérison d’une sœur de la communauté atteinte de la tuberculose. Malgré les très faibles chances de rétablissement, elle est totalement guérie quelques mois seulement après la mort de mère Marie-Léonie en 1912.
Ce n’est qu’en janvier 2024 qu’un deuxième miracle est reconnu : en 1986, une petite fille naît avec un grave manque d’oxygène et présente de nombreuses défaillances. Sa guérison totale est attribuée à l’intercession de Marie-Léonie, permettant enfin à sa cause d’avancer. Elle est ainsi reconnue sainte le 20 octobre 2024.
Un soutien matériel et spirituel
Les religieuses de l’Institut fondé par Marie-Léonie se dévouent entièrement dans le service auprès du ministère des prêtres, en leur offrant un soutien matériel et spirituel constant. Elles leur sont d’une aide indispensable à leur mission, en assurant le bon fonctionnement de leurs établissements pour qu’ils puissent investir tout leur temps dans leurs œuvres.
Marie-Léonie s’est fait un devoir d’inculquer aux jeunes religieuses le sens et l’importance des travaux de tous les jours. « Elle révèle par sa vie la dignité du travail », nous dit sœur Lemieux. Son œuvre consiste à rendre toute leur valeur aux moindres petits gestes qui contribuent à l’œuvre de Dieu dans le monde. « C’est la sainte du quotidien, celle des travailleurs de l’ombre qui sont souvent ignorés », renchérit sœur Lemieux. L’action des sœurs de l’Institut est aussi nécessaire que ce qu’accomplissent les prêtres et les frères qu’elles supportent. Car sans elles, rien de tout cela ne serait possible.
« Humble parmi les humbles »
L’humilité est sans doute la caractéristique qu’on associe le plus souvent à Marie-Léonie. Le pape Jean-Paul II, lors de sa béatification, la qualifie d’« humble parmi les humbles ».
Il ajoute : « [Mère Marie-Léonie] ne craignait pas les diverses formes du travail manuel qui est le lot de tant de gens aujourd’hui, qui a été à l’honneur dans la Sainte Famille, dans la vie même de Jésus à Nazareth. […] Elle savait qu’elle rejoignait l’attitude foncière du Christ, ‘’venu non pour être servi, mais pour servir’’. Elle était toute pénétrée de la grandeur de l’eucharistie, et de la grandeur du sacerdoce au service de l’eucharistie : c’est l’un des secrets de ses motivations spirituelles. »
On dit par ailleurs qu’elle s’exprimait ainsi envers les sœurs de sa communauté : « Ayez l’esprit de simplicité et d’humilité. Travaillez sérieusement tous les jours à devenir de plus en plus humbles. Soyez humbles, sans aucune prétention, aimant à vous oublier et à faire plaisir aux autres, et vous serez toujours heureuses. Une religieuse humble est assurée du bonheur. »
Sa fête liturgique est célébrée le 4 mai.