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Le PDG qui ne voulait pas plus d’argent

Le 6 novembre dernier, dans le sous-sol de l’église Saint-Jean-Baptiste à Montréal, Robert Dutton a pris le temps de partager son expérience devant une jeunesse à l’écoute.

À l’âge de 35 ans, Robert Dutton devient PDG de RONA, l’entreprise québécoise de quincaillerie. Si l’homme d’affaires est un géant de l’entreprise, c’est pourtant son humanité qui marque le plus.

Après une adolescence difficile, il termine son bac à HEC convaincu qu’il ne sait rien faire. Mais — surprise! – en 1977 il se retrouve à l’emploi dans l’entreprise RONA. Là commence ce que l’homme ne considère pas comme une « carrière », mais comme une « vocation ».

« Ma passion dans la vie, c’est les personnes ! »

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Rempli de l’héritage précieux reçu de ses parents, Robert Dutton excelle par son côté praticopratique et efficace dans le monde de l’entreprise. Mais il se démarque surtout parce que son humanité semble s’accorder, et même largement dépasser, son sens du marché.

Sa vision du pouvoir est inspirante.

Ce pouvoir, dit-il, c’est le sens de la responsabilité : « C’est pas un droit sur les autres, c’est un devoir envers les autres ».

Pour lui, la personne a toujours été au cœur de ses priorités personnelles, professionnelles et même spirituelles :

« Dans une entreprise, l’aspect le plus complexe […] c’est la gestion des personnes. C’est pas de réussir ton budget, c’est pas de réussir tes objectifs, c’est de gérer des personnes. »

« Pourquoi je fais ça ? »

Cette question l’a taraudé plusieurs fois. Malgré l’absence d’une réponse claire au départ, Robert Dutton sait au moins qu’il ne fait pas son travail pour l’argent ni pour le pouvoir ni pour la gloire.

Rassuré, il continue sa route. À 40 ans, maintenant PDG, c’est toutefois à nouveau la crise.

Il part pour un périple de six mois choisissant pour destination… le Grand Séminaire de Montréal ! Parce que oui, Robert Dutton a une quête spirituelle profonde. Celui qui a senti que Dieu l’accompagnait vers 17 ans et qui a toujours eu soif de plus, plonge dans la théologie et caresse le désir d’aider les plus pauvres.

Dieu viendra frapper à son cœur un soir à la messe.

Un chômeur désespéré est venu cogner au Grand Séminaire demandant un emploi. Soudain, tout s’éclaire à ses yeux. Il explique :

« Tu veux régler le problème de la pauvreté ? Alors, commence par donner une job. Ça règle le problème de pauvreté pour toujours et ça redonne la dignité aux individus. »

Deux « leçons de gestionnaire »

1re leçon : « La raison d’être d’une entreprise c’est d’être efficace, c’est pas de faire du profit. Le profit est la mesure de cette efficacité. »

2e leçon : « Des employés c’est complexe, mais quand tu prends le temps de les écouter, de les impliquer, ils amènent une contribution sans prix. »

Semer dans l’espérance

Aujourd’hui, Monsieur Dutton enseigne à HEC et désire transmettre l’importance de la personne au sein des entreprises. Une vision certainement surprenante pour notre époque, mais pleine de promesses selon ses dires.

En effet, les étudiants qu’il rencontre ont de plus en plus le désir d’« une entreprise avec une conscience sociale, une réflexion sur les gens et sur l’environnement ».

Celui qui se dit « semeur » ne verra peut-être pas la moisson, mais vit dans l’espérance, désirant profondément « participer avec d’autres, à bâtir une société qui soit plus juste et plus respectueuse de la dignité humaine ».

Monsieur Dutton a-t-il manqué d’argent ? Comme il le dit lui-même « Est-ce que l’argent c’est mon maitre ? […] Non. Moi je serai maitre sur l’argent ». Et c’est rassurant quand on sait que son maitre à lui, c’est Dieu.


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Marie-Jeanne Fontaine

Diplômée en sexologie, Marie-Jeanne chante, jase et écrit. Femme de cœur (elle essaye !), elle trace sa petite route dans le Grand Large du Bon Dieu. Vous la trouverez devant son piano ou dans sa cour arrière, au soleil, en train de faire fleurir ses idées entre deux éclats de rire et un café.