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PORTRAIT

Le gardien de la croix

par Jeffrey Déragon

14 mai 2015

Le président du comité des Amis de la Croix, Fernand Lussier, 78 ans s’occupe de la croix du mont Rougemont depuis 40 ans. « Si tout va bien je devrais être encore en mesure de monter dans la croix dans 10 ans. En tout cas, c’est mon souhait. » Ancien camionneur et entrepreneur, c’est d’abord pour aider la communauté religieuse qu’il décide de s’investir dans le comité. « Je tiens à ce qu’on préserve cet héritage. C’est un symbole qu’on voit des kilomètres à la ronde. »

L’histoire de la croix du mont Rougemont remonte à 1952. À l’époque, l’évêque du diocèse, Monseigneur Arthur Douville, formule le souhait de voir une croix érigée au sommet de la montagne pour souligner le centième anniversaire du diocèse de St-Hyacinthe. Son vœu est exaucé au mois d’octobre, la même année. La croix fait 85 pieds de hauteur et a des bras d’une largeur de 40 pieds. Ce n’est cependant qu’en 1976 que M. Lussier deviendra le « gardien » officiel de la croix. « La même année, on a érigé la seconde croix pour remplacer la première qui s’est affaissée quelques années auparavant. Cette fois-là, les ouvriers ont bâti les structures de la croix en modules puis un hélicoptère de l’armée canadienne les a acheminés jusqu’au sommet. » En 1998, la Crise du verglas provoque la rupture d’un des bras de la croix. Les dommages s’élèvent à près de 20 000 $. Pour recueillir les fonds nécessaires, le comité des Amis de la Croix organise des activités de financement qui aboutiront à des modifications considérables pour éviter qu’un affaissement de la croix ne se reproduise.

M. Lussier doit veiller à l’entretien des 76 lumières qui sont réparties sur la croix. « Avant, la totalité était composée d’ampoules incandescentes, mais maintenant j’alterne avec des ampoules D.E.L. qui consomment cinq fois moins d’électricité. »

« J’avais 16 ans lorsque la première croix a été inaugurée, se rappelle Fernand Lussier. Je me souviens d’être allé en haut de la montagne pour observer les ouvriers qui montaient la structure en aluminium de la croix. Elle devait faire pas loin de 80 pieds de hauteur. Je m’y suis rendu à quelques reprises par la suite pour changer des lumières. »

Pour pouvoir se glisser le long des bras, l’homme attache une corde à son harnais et marche sur des appuis qui ont été conçus pour alléger la structure et faciliter l’accès aux extrémités. « Avant je montais sans harnais et je me glissais entre les piliers des bras avec mon sac pour changer les lumières. »

M. Lussier s’est procuré un VTT pour pouvoir franchir les pentes les plus abruptes du chemin qui mène au sommet, mais depuis que les chemins ont été réaménagés, il peut s’y rendre avec sa camionnette. « Quand j’étais jeune, le sol était trop mou pour qu’une voiture ou un cheval puissent grimper. Même à pied, les plus habiles avaient de la difficulté. »

« Je m’y rends chaque année au moins deux fois, le printemps et l’automne. Parfois, j’y vais plus souvent, durant l’été ou s’il y a des orages qui provoquent des pannes ou qui endommagent les lumières. » On le voit ici préparer le sac qu’il utilise pour transporter les ampoules et les globes.

Les randonneurs sont nombreux à se rendre au sommet du mont Rougemont. L’été, lorsque la température le permet, on peut même apercevoir les feux d’artifice de Montréal.

« Je place un globe de verre au-dessus des lumières pour les protéger du froid, de la pluie et de la grêle. Mais il arrive que ça ne suffise pas. Par exemple, cet hiver, le temps a été rude et certaines ont été détruites. »

Jeffrey Déragon

Passionné par l’être humain et par son histoire, Jeffrey termine son baccalauréat en journalisme à l’UQAM. Quand il n’est pas dans les livres ou au cinéma, c’est à moto ou sur ses deux pattes qu’il parcourt les routes que la vie veut bien placer sur son chemin. Dans ces moments privilégiés, il aime bien partir à la rencontre de l’autre, s’immiscer un instant dans le quotidien des gens, avec son appareil photo pour compagnon.

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