sœur Jeanne
Illustration: Marie-Hélène Bochud

Hommage à sœur Jeanne Bizier

Un texte de sœur Geneviève Gadbois f.m.b.

Âgée de 97 ans, sœur Jeanne Bizier, fondatrice de la communauté québécoise La Famille Myriam Beth’léhem, s’est éteinte dimanche dernier. C’est dans la paix et l’espérance que sœur Geneviève Gadbois nous partage ici un petit hommage à celle qu’elle a côtoyée pendant vingt-cinq ans.

« Jamais, non jamais, je ne regretterai de m’être livrée à l’Amour… pour toujours! »

Jusqu’à la toute fin de sa vie et, malgré les souffrances et la fatigue, sœur Jeanne a continué de répéter amoureusement  cette parole qui a teinté toute sa vie.

Oui, l’amour était le secret de son intimité avec le Christ, et son « oui tout de suite, parce que je t’aime Jésus! » lui permettait d’accueillir chaque évènement, quel qu’il soit, avec la confiance d’une enfant qui se sait aimée à la folie.  

Ce oui d’amour l’a d’abord conduite chez les Servantes du Saint-Cœur de Marie où, pendant 39 ans, elle a œuvré dans l’éducation.  C’est en 1978, suite à une interpellation forte et à un discernement de plusieurs années, qu’elle a quitté, avec grande souffrance, sa communauté pour fonder la Famille Myriam Beth’léhem à Baie-Comeau. 

Une vie donnée

Que dire de sœur Jeanne ? Une femme de foi, une Beauceronne qui aimait la vie et qui a vécu dans une grande simplicité.  Son souci était de faire réaliser à chacun qu’il pouvait faire un saint tel qu’il était, en disant simplement oui à Jésus.

On aimait être auprès d’elle, car elle rayonnait l’amour de Dieu.  Elle avait appris à accueillir l’amour et il débordait sur ceux qui venaient à elle.  

sœur Jeanne
Photo: courtoisie de la Famille Myriam

Souvent elle nous interpelait à recommencer à neuf notre histoire d’amour avec Jésus. Elle nous invitait à déposer notre passé dans la miséricorde et à remettre notre avenir à la providence, pour vivre dans le moment présent. 

Ce n’était pas seulement des mots, c’était ce qu’elle vivait. Elle s’exerçait à ne faire qu’une chose à la fois et à ne jamais rester avec un ressentiment dans le cœur. Tout était occasion d’offrande pour s’unir à l’offrande de Jésus sur la croix.  Elle offrait le beau, le bon pour qu’il soit purifié.  Elle offrait les souffrances physiques et morales pour qu’elles soient source de bénédictions pour le monde, spécialement « pour l’Église, les prêtres et les vocations ».

L’accueil jusqu’au bout

Elle était d’une grande délicatesse de présence aux personnes, attentive à chacun.  On se sentait important lorsque l’on était avec elle.  Elle n’était pas centrée sur elle, sur ses besoins, sur ses malaises.  

Parfois dans des moments de souffrance et de fatigue, elle ne croyait pas pouvoir plus. Mais lorsqu’il arrivait quelqu’un à l’improviste, elle insistait pour l’accueillir.  Elle s’intéressait à lui et elle retrouvait toute sa vigueur afin de donner un peu d’espérance à cette personne.

Au fil des 25 dernières années, j’ai eu la joie de vivre avec elle, de la côtoyer de près, de la voir dans les moments de grandes joies comme dans la souffrance.  Tout son être me parlait, car ce qu’elle m’enseignait, elle le vivait.  

Bâtir dans la complémentarité

Pour moi, sœur Jeanne était une mère, une éducatrice qui se servait de tous les évènements pour me former.  À travers sa façon de m’écouter, de me laisser libre et de m’interpeler à aimer Jésus à la folie, j’ai appris d’elle l’accompagnement.

sœur Jeanne
Photo: courtoisie de la Famille Myriam

Elle m’a aussi enseigné l’importance de ne rien refuser à Jésus et de lui faire confiance, car il sait tout, il peut tout et il m’aime.  Elle a su m’accueillir avec mes pauvretés et mes richesses et m’interpellait à faire de même avec les autres, en cherchant toujours comment l’autre pouvait m’enrichir plutôt que de m’arrêter à ce qui me rebutait en lui.

Que nous laisse sœur Jeanne ?  Une grande foi en l’amour du Père, un amour filial pour l’Église, un souci de chercher à bâtir la communion dans la complémentarité et l’entraide.

Merci sœur Jeanne pour ta fidélité amoureuse, pour ton oui à ne rien refuser à Jésus et pour nous avoir découvert la beauté et la grandeur de notre baptême !  


Le Verbe offre ses plus fraternelles condoléances à tous les membres de la Famille Myriam.

La dépouille mortelle sera exposée : 
  • 18 décembre, de 14h-17h et de 19h-21h : au Foyer central de la Famille Myriam Beth’léhem, 105 boul. La Salle Baie-Comeau QC G4Z 1R7.
  • 19 décembre, de 10h à 12h : à la cathédrale Saint-Jean-Eudes de Baie-Comeau, 987 Boulevard Joliet, Baie-Comeau, QC G5C 1P7.

Les funérailles seront présidées par Mgr Jean-Pierre Blais à la cathédrale Saint-Jean-Eudes de Baie-Comeau à 14h00 le samedi 19 décembre.             

Étant donné la situation actuelle de la pandémie et l’espace restreint, la participation aux funérailles sera limitée. Pour renseignements, communiquer par téléphone au 418-296-6223. Les funérailles seront diffusées en ligne, le lien est à venir sur le site : 
www.famillemyriam.org

 N.B. Plutôt que des fleurs, vos témoignages de sympathie peuvent se traduire par un honoraire de messe ou un don pour les missions de la Famille Myriam Beth’léhem.

Collaboration spéciale

Il arrive parfois que nous ayons la grâce d'obtenir un texte d'un auteur qui ne collabore habituellement pas à notre magazine ou à notre site Internet. Il faut donc en profiter, pendant que ça passe!