Denise Sioufi
Avec l’aimable autorisation de Denise Sioufi

De la Syrie au Canada : l’appel de Dieu à l’étranger

Lorsqu’elle est partie, en 2012, Denise Sioufi ne savait pas qu’elle ne reverrait pas la Syrie. Bagages pour deux semaines en main, sa famille et elle pensaient revenir après le mariage auquel ils étaient invités au Liban. Mais comme beaucoup d’autres Syriens, la guerre ne leur a pas laissé le choix. Portrait d’une jeune syrienne dont la foi a su persister au-delà des frontières.

À l’âge de 12 ans, Denise se reconstruit donc une vie au Liban. Quatre ans plus tard, alors qu’elle commence à s’y sentir chez elle, la demande d’immigration au Canada de ses parents est acceptée. Si cette nouvelle fait le bonheur de certains membres de sa famille, Denise, elle, ne veut pas quitter le pays des cèdres. Elle vit un deuxième déracinement, celui-ci beaucoup plus douloureux que le premier. 

« J’ai changé deux fois de pays, ce qui n’est pas évident du tout, surtout à l’adolescence. »

En février 2016, sa famille et elle atterrissent à Montréal. La première année est très difficile pour Denise qui vit une petite « dépression ». Elle sort peu et continue de vivre synchronisée avec le fuseau horaire du Liban pour discuter avec ses amis restés là-bas. 

Peu importe la neige ou l’accent québécois qu’elle entend partout, dans sa tête, Denise est encore au Liban. 

Aujourd’hui, la jeune femme ne voudrait pour rien au monde quitter Montréal où elle se sent chez elle. Elle a, de plus, la conviction qu’elle n’est pas venue ici pour rien… 

Des questions sans réponse

Denise Sioufi

Née dans une famille catholique pratiquante, Denise a toujours eu la foi. Dès son jeune âge, sa vie est connectée à Dieu : école catholique la semaine, scouts le vendredi soir, catéchèse le samedi et messe le dimanche. Pour la jeune femme, Dieu est celui qui a toujours été là pour elle, sans qu’elle ne le sache.  

En effet, elle m’explique qu’elle a trouvé son arrivée au Québec difficile : « J’ai senti que si tu es croyant, tu es bizarre. Au Liban, c’est le contraire, si tu n’es pas croyant, tu es bizarre ».

Comme beaucoup de jeunes, elle se pose des questions rendue à l’adolescence. Denise garde la foi, mais ne trouve pas les réponses à toutes ses questions.

La sagesse de la jeunesse

C’est environ un an plus tard que se produit un évènement qui lui ouvre la porte aux réponses qu’elle cherche. Alors qu’elle se rend dans une paroisse de rite oriental, Denise assiste à un enseignement d’un jeune homme sur l’importance d’aller à la messe chaque dimanche. 

À ce moment-là, quelque chose résonne en elle. Pour la première fois, Denise trouve un sens dans ce rendez-vous hebdomadaire auquel elle prend part depuis son enfance. Un sens nouveau, qu’elle trouve logique, qui l’interpelle. 

L’adolescente se fait alors la promesse d’aller à la messe à tous les dimanches, promesse qu’elle me confirme avoir tenue jusqu’à ce jour. Pendant un an, Denise va même à la messe tous les jours. Elle y trouve enfin les réponses à ses questions auxquelles personne n’avait su répondre. « Je ne sais pas pourquoi ni comment, c’est drôle, mais je sais que ce sont des grâces que j’ai reçues », me confie-t-elle, le sourire aux lèvres. 

Ce qui l’a particulièrement touchée dans le témoignage de cet homme ?

« Que ce soit un jeune, me répond-elle. Les jeunes ne vont pas croire à n’importe quoi. Si un jeune ici [au Québec] croit, c’est surement parce que ce n’est pas faux. »

Denise m’explique que d’où elle vient, les jeunes ne se posent pas de questions sur la foi puisque la religion est la norme. Au Québec, où l’athéisme est prédominant, les jeunes se posent davantage de questions sur la religion, ce qui, selon elle, est la raison pour laquelle ils ont de meilleures réponses que les adultes : ils y ont réfléchi. « Les jeunes savent mieux répondre aux jeunes, car ils ont le même raisonnement, alors que les adultes vont avoir des arguments spirituels et mystiques », me dit-elle.

Pour Denise, là réside la raison pour laquelle Dieu l’a amenée au Canada : évangéliser les jeunes et les moins jeunes, une personne à la fois. Tout comme sa mère lui disait quand ils sont arrivés ici, Denise pense que « Dieu a voulu que beaucoup de chrétiens d’Orient viennent ici, car ils ont une mission ». 


Frédérique Bérubé

Diplômée au baccalauréat en communication publique et à la maîtrise en journalisme international, Frédérique Bérubé écrit pour nos magazines… et nos réseaux sociaux! Ce qu’elle préfère : voyager et partager des histoires inspirantes.